Pharmacies
en ligne :
du monde derrière le comptoir
Cédric
TOURNAY
Christine
BOUCHET, Christophe
BEGUIN
12 novembre 1999
Suite et fin (3/3)
Lattitude des investisseurs :
des anticipations très positives
Le marché du médicament
a représenté un chiffre d'affaires de 102 milliards de dollars
en 1998 aux Etats-Unis. Ce marché aiguise évidemment les appétits,
à un moment où les dynamiques de néo-intermédiation
provoquent la recomposition de pans entiers de léconomie.
Actuellement, 26% du
marché du médicament est détenu par les pharmacies indépendantes,
tandis que les service de commande à distance représentent 13% des
ventes. Ce sont les chaînes, comme Walgreens, CVS
ou Wal-Mart,
qui dominent le secteur avec près de 61% des ventes totales en 1998.
Au début de lannée, aucune ne proposait de vente en ligne.
Walgreen par exemple permettait de commander sur le Web, mais les
produits devaient être retirés en magasin. Rite-Aid
et CVS offraient le même type de service, et Safeway
permettait de commander par téléphone. Ces stratégies révèlent les
dilemmes auxquels sont traditionnellement confrontés les acteurs
classiques de la distribution, tous secteurs confondus. La cannibalisation
de leurs réseaux classiques de vente les effraient (ainsi que les
mouvements sociaux) ; ils développent donc des stratégies boiteuses
et laissent le chemin libre aux nouveaux entrants.
Début 1999, les grandes
chaînes affirmaient que lémergence des pharmacies électroniques
ne les inquiétait pas. Elles voyaient en celles-ci des outsiders,
incapables de leur prendre des parts de marché importantes. Elles
étaient isolées, et ne disposaient ni de la structure logistique
nécessaire à une distribution de masse, ni des partenariats avec
les assureurs ou les HMO leur permettant de négocier les prix.
Les cartes sont désormais
rebattues. Les start-up du début ont su passer les alliances nécessaires
pour devenir des acteurs de poids. Par ailleurs les pharmacies électroniques
présentent de grands avantages pour les consommateurs. Outre la
possibilité de recevoir des médicaments, des vitamines ou des produits
de beauté sans se déplacer, elles permettent de solliciter l'avis
de pharmaciens, que ce soit par téléphone ou par courrier, et fournissent
de linformation en santé à leurs utilisateurs. Elles offrent
laccès à des bases de données concernant par exemple les interactions
médicamenteuses, et personnalisent leur interface en fournissant
des rappels personnalisés par e-mail à leurs clients.
Daprès une étude
de Jupiter Communications de mai 99, le secteur de la santé en ligne
devrait peser près de 1,7 milliards de dollars en 2003. Ceci représentera
pourtant seulement 1,5% de lensemble du commerce en ligne
B to C, qui pésera 108 milliards de dollars à la même époque,
et 0,8% de lensemble du marché des produits de santé (en ligne
et hors ligne), évalué à 205 milliards de dollars.
Les ventes des pharmacies
électroniques, quant à elles, passeraient de 11 millions de dollars
en 98 à 890 millions en 2002. C'est la branche du commerce électronique
dont la croissance est la plus rapide.
Les financiers considèrent
que le Web est l'outil idéal pour la vente de médicaments, et investissent
de façon importante sur les pharmacies en ligne. L'entrée en bourse
des pharmacies électroniques rencontre un grand succès. Pourtant,
ces sociétés sont loin d'être rentables pour l'instant. L'exemple
de drugstore.com
est typique : à son entrée en bourse, Drugstore.com était valorisé
à hauteur de 2,13 milliards de dollars. Pourtant, ses pertes s'élèvaient
à 10,2 millions de dollars pour le premier trimestre 99, pour un
chiffre daffaires de 652 000 dollars. Pendant les six premiers
mois de 99, le site a perdu 30,4 millions de dollars, pour 4,2 millions
de dollars de vente.
Les pertes des pharmacies
électroniques sexpliquent par les investissements massifs
que doivent consentir ces opérateurs en matière logistique et marketing,
à un moment où les ventes restent modestes. Le commerce électronique,
même aux Etats-Unis, est loin d'avoir atteint sa maturité. D'après
certaines études, près de 90% des internautes américains seraient
allés sur les sites commerciaux au mois de mai 99, mais seulement
18% auraient réellement procédé à un achat en ligne.
Toutes ces données
n'empêchent pas les analystes financiers de conseiller fortement
l'investissement dans les pharmacies électroniques. Le développement
du marché repose actuellement sur la confiance dans le potentiel
de ces entreprises. Tant que le soutien des investisseurs sexprimera,
les sociétés pourront continuer à développer leurs services, leur
marque, leur chiffre d'affaires et tenter daccéder à la rentabilité.
Les vedettes
du Web médical, quelques exemples
Acteurs
|
Date d'introduction
en bourse
|
Audience mensuelle
(nb de visiteurs)0
|
Risque béta
(1)
|
Valeur de
l'action ($)
|
Capitalisation(2)
($millions)
|
Drugstore
|
juillet 99
|
1 million
|
3,46
|
52,25
|
2 000
|
Mediconsult
|
mars 99
|
600 000
|
0,86
|
8,7
|
254
|
Healtheon
|
février 99
|
1,2 million
|
2,71
|
41,43
|
3 300
|
DrKoop
|
juin 99
|
2,2 millions
|
3,62
|
17,25
|
466
|
CareInSite
|
juillet 99
|
1,5 millions
|
1,74
|
45,37
|
3 000
|
Yahoo (3)
|
avril 96
|
100 millions
|
2
|
163,43
|
34 000
|
CVS
|
mars 1997
|
1,2 millions
|
0,93
|
41,19
|
15 000
|
Attention, ces
valeurs ont été relevées le 17/09/99. Elles sont susceptibles de
s'être modifiées depuis.
(0) Audience
relevée en août 1999 (source : Witwisdom),
sauf Yahoo (septembre). Le chiffre de Yahoo correspond
à laudience cumulée de tous les sites du groupe.
(1) Risque
béta : mesure de la volatilité des actions par rapport
au marché. Un risque béta inférieur à 1 indique un risque
inférieur à celui du marché (ensemble des entreprises
cotées au Nasdaq), s'il est supérieur à 1 le risque est
supérieur à celui du marché.
(2) Capitalisation
: nombre d'actions en circulation multiplié par la valeur
de l'action.
(3)
Yahoo et CVS sont indiqués
à titre de comparaison.
|
En août 1999, les 25
premiers sites médicaux américains ont reçu la visite de 19 millions
dutilisateurs. Cette audience cumulée, en croissance continue,
permet denvisager la rentabilité des services à moyen terme,
pour peu que les leaders réussissent à limiter léparpillement
des consultations et à transformer leurs visiteurs en clients.
Conclusion
: les enjeux actuels pour les pharmacies électroniques
Pour simposer,
les pharmacies électroniques luttent aujourdhui sur de multiples
fronts. Sur ce marché émergent, les positions évoluent rapidement
et les facteurs clefs du succès sont multiples :
Développer des applications originales pour se différencier des
sites concurrents et entretenir la confiance des investisseurs.
A ce jeu, PlanetRx
savère particulièrement performant. Lopérateur a su
lier linformation médicale (pathologies) et linformation
thérapeutiques (médicaments) pour générer un cycle vertueux en matière
de consultation et de vente.
Nouer des alliance avec des intermédiaires financiers (PBM aux Etats-Unis)
pour permettre le remboursement de leurs clients.
Créer une relation de confiance avec les utilisateurs, favorisée
par les nouvelles procédures de certification. Cest pourquoi
CVS communique activement sur sa charte de confiance en ce moment.
[Pour
en savoir +, lire le communiqué Top Tips to a safe E-pharmacy]
Multiplication des partenariats à visée promotionnelle pour bénéficier
de transferts daudience massifs.
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12 novembre 1999
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