Sous
la houlette de Jeannette Gros, Présidente de la Caisse centrale
de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) et de la Confédération Nationale
de la Mutualité, de la Coopération et du Crédit Agricole, le Conseil
Economique et Social a publié en avril 2002 un avis concernant le
rôle des nouvelles technologies de l’information dans le domaine
de la santé (Conseil Economique et Social).
Articulé
en huit axes, il passe en revue un large champ de questions, couvrant
à la fois les pratiques de télémédecine, l’informatisation du dossier
médical, les sites d’information santé ou encore l’égalité devant
l’accès aux NTIC (voir le résumé des huit propositions dans l’encadré
en fin d’article). Ce
faisant, il n’échappe pas à un certain nombre de déclarations de
bonnes intentions ou de grands principes, mais se dégagent heureusement
aussi certaines propositions concrètes intéressantes susceptibles
d’application à court terme.
Le
CES prend parti
Le
CES prend ainsi parti sur un certain nombre de sujets faisant actuellement
l’objet de discussions ou controverses, comme la fusion de la carte
ordinale et de la carte CPS, ou la juste rémunération des temps
consacrés par les médecins aux NTIC dans la prise en charge et le
suivi de leurs patients. Sur ce dernier point, le CES souligne en
effet que "la confection et l’archivage du dossier médical
doivent être compris comme un acte médical, indissociable du diagnostic,
du pronostic et de la thérapie".
A
travers ces lignes se dégagent ainsi les leviers nécessaires à l’utilisation
rationnelle et coordonnée des NTIC en santé : rémunération
contre bonnes pratiques médico-informatiques. Le
CES prend par ailleurs parti pour une carte Vitale II qui porterait
quelques informations médicales d’urgence sur la puce, mais qui
servirait aussi d’index pointeur vers des données stockées et accessibles
avec l’accord du patient.
Sur
un point en particulier, le législateur a précédé la publication
du rapport puisque, conformément aux recommandations du CES, la
loi du 4 mars 2002 définit la notion d’une procédure d’agrément
pour les hébergeurs informatiques de données médicales (voir le
texte de la loi dans le J.O. Numéro 54 du 5 Mars 2002 page 4118
ou sur www.legifrance.gouv.fr,
et notre article).
Le décret d’application, qui n’a pas encore publié, devra préciser
les modalités pratiques de cette procédure d’agrément.
Un
rapport plein de bonnes intentions
Parfois,
les recommandations émises paraissent relever davantage des bonnes
intentions que d’un guide concret d’application : favoriser
l’interopérabilité des outils informatiques, soutenir financièrement
le développement de la télémédecine, favoriser à tous l’accès aux
NTIC. Difficile ne pas être d’accord avec ces déclarations, mais
la question qui vient immédiatement à l’esprit est celle des moyens
techniques et financiers à mettre en œuvre pour atteindre de tels
objectifs. Sur cette question, le rapport n’apporte aucune réponse.
Globalement,
le rapport du CES apparaît comme un outil de synthèse intéressant,
qui sur certains points donne matière à réflexion, et qui sur d’autres
laisse le lecteur sur sa faim. Les 8 propositions formulées ont
été votées à une large majorité par les membres du CES à l’exception
notable de la CFE-CGC qui dans sa déclaration souligne un certain
nombre de limites ou d’incohérences. Un des points les plus significatifs
à cet égard est la réaction à la proposition faite par le CES d’interdire
aux sites d’e-santé soumis au droit français l’utilisation de procédés
techniques permettant l’identification des internautes (de type
cookies). A ce sujet, la CFE-CGC souligne à juste titre qu’ "il
faut être conscient qu’à l’exception des sites associatifs, la majorité
des sites gratuits vivent de publicité et de statistiques. Il est
toujours envisageable d’interdire aux sites français de rechercher
le profil de leurs utilisateurs. Cela n’empêchera pas tous les autres
de le faire et probablement, à terme, d’encourager la délocalisation
des sites français". La mise en application des réglementations
actuelles (loi Informatique et Libertés, procédures Cnil) et une
approche visant à mettre l’accent sur la prévention et l’information
de l’internaute apparaît en effet plus réaliste et plus pragmatique
qu’une interdiction globale inapplicable.