Propos
recueillis par Elisa
Yavchitz et François
Morand
28
novembre 2000
Suite et fin (2/2)
Pensez-vous que la CNAMTS ait une légitimité pour donner une information
en santé ?
Je
pense que non seulement elle a une légitimité, mais qu’en plus,
elle est attendue. Nous avons intérêt à ce que nos concitoyens
soient le mieux soignés possible. Nous voulons pouvoir leur dire
quels sont les actes, soit de prévention en matière de santé,
soit de suivi des traitements, soit de risques iatrogènes liés
aux mélanges de médicaments. C’est notre rôle d’acteur dans le
système de soins. Nous ne ferons pas de consultation, mais pour
tout ce qui relève des bonnes pratiques des acteurs nous avons
un rôle irremplaçable à jouer.
Lorsque vous parlez de RMO et autres, votre action peut-elle aller
jusqu’à conseiller le patient sur les traitements pour certaines
pathologies ?
J’enlèverais
le mot "conseiller" pour utiliser plutôt celui de « faire
savoir », « informer ». Si quelqu’un pose une question
sur le traitement stabilisé de l’hypertension, nous avons fait
paraître des documents et nous les avons promus largement. C’est
de notoriété publique et cela peut donc se dire par téléphone.
Quels sont les projets qui vous ont le plus inspirés pour monter
le vôtre : les assureurs, le NHS direct ou encore d’autres
projets animés par des acteurs publics ou privés ?
Pour
être honnête, nous n’avons pas vraiment de modèle. Le seul modèle
sur lequel nous travaillons est un modèle de prestataire de service.
Aujourd’hui, tous les prestataires de services mettent en place
des systèmes pour répondre à leurs clients dans des bonnes conditions
de qualité. Nous avons dans ce domaine un retard à rattraper.
Les
projets assureurs ne sont pas un modèle pour nous. Tout d’abord,
parce qu’ils ne gèrent pas les mêmes flux : lorsque leur
une plate-forme reçoit 3000 appels par mois, nous en recevons
3000 par jour rien qu’à Marseille. Nous ne gérons donc ni les
mêmes flux, ni les mêmes données, eux se positionnant principalement
sur le dentaire et l’optique, qui sont leurs domaines traditionnels.
Il n’y a pour le moment pas de modèle mixte entre les assureurs
obligatoires et complémentaires. Je pense toutefois que nous allons
nous rejoindre, eux sortent du dentaire et de l’optique et nous
les rejoindront en proposant des services aux assurés.
Quelles sont les technologies que vous utilisez sur vos plates-formes ?
Chaque
plate-forme possède aujourd’hui son propre opérateur. Notre objectif
est bien sûr d’harmoniser à terme tous les centres, et nous sommes
actuellement en train de monter un appel d’offre pour choisir
cet opérateur unique. Jusqu’à présent, tous les centres d’appels
téléphoniques sont accessibles par un numéro dit à coût partagé,
une majorité propose le numéro indigo de France Télécom.
D’autre
part, en ce qui concerne les logiciels, nous recommandons deux
logiciels de base. Un logiciel de téléphonie qui fait de la répartition
des appels, l’ACD. Un logiciel de gestion de la relation avec
l’assuré, un CRM (Customer Relation Management), outil
utilisé par tous les prestataires de services. Il sera choisi
par appel d’offre afin de trouver le logiciel le mieux adapté
à nos besoins et à notre technologie.
Quel bilan tirez-vous de vos premières expériences ?
Nous
avons 96% de décrochés et nous avons un temps de réponse moyen
à 2’30. Le niveau de satisfaction est excellent. Marseille a été
troisième au trophée lancé par France Télécom sur la qualité de
réponse téléphonique pour la région PACA. Nous avons aussi de
très bons résultats sur Le Mans qui n’a pas encore atteint les
96% du fait de difficultés de dimensionnement, avec des pointes
difficiles à gérer. Nous ne pouvons pas dimensionner sur les pointes,
donc nous travaillons sur cet équilibre un peu subtil. Nous progressons
tous les jours avec cet outil de progrès extraordinaire.
Aujourd’hui, quelle communication avez-vous fait auprès du grand
public ?
Nous
n’en avons pas fait, car je tiens pas à faire trop de communication
sur quelque chose qui est en cours de mise en place. Il faut bien
distinguer ce qui fonctionne de ce qui va fonctionner. Nous sommes
une grosse maison, et il nous faut du temps pour mettre tout en
œuvre. Nous avons 5-6 plates-formes qui fonctionnent dont deux
avec d’anticipation dont je peux parler du fait de leurs 8 à 12
mois d’antériorité. Nous pensons pouvoir commencer à communiquer
d’ici mi 2001 où nous devrions avoir un tiers des plates-formes
en fonctionnement. Nous ne sommes pas pressés, car la communication
par la preuve est bien meilleure que celle par la déclaration.
Nous avons un retard à rattraper par rapport aux standards de
la société qui ont beaucoup évolués, et comme nous sommes une
maison lourde, nous y mettons beaucoup d’énergie. Marseille et
Le Mans communiquent déjà vers leurs assurés. Paris a démarré,
mais ils ont une démarche progressive qui fait qu’ils n’ont pas
encore basculé tous les 70 centres, ce qui sera fait à la fin
de l’année 2000.
Vous parliez de projet multimédia. Cela signifie-t-il que vous
avez des projets sur Internet ?
Bien
sûr. Nous utilisons actuellement pour la plate-forme d’Avignon
la technologie Internet IP, afin de tester cet outil à plusieurs
niveaux : succès auprès des assurés, coût, volume et efficacité
de la bande, en particulier pour tester la qualité du son de la
voix. Pour le reste, l’utilisation d’Internet se fera pour le
renvoi de l’information. Une personne demandant un formulaire
pourra le recevoir aussi bien par courrier que par fax ou par
e-mail. La technologie d’aujourd’hui le permet. Et très bientôt,
en restant encore une fois dans le domaine du réglementaire, vous
allez pouvoir retrouver sur notre site des possibilités de calcul
de droit ou d’indemnités journalières et même à moyen terme de
suivi des remboursements. Tout est prêt, et nous ne sommes plus
qu’en attente de l’autorisation de la CNIL pour faire le basculement
sur le site. Ce sera en place pour la fin de l’année, sur le site
national de la CNAM.
Pour terminer, utilisez-vous Internet dans votre pratique quotidienne,
et quels sont vos sites préférés ?
Oui,
pour mon usage professionnel, uniquement pour faire du benchmarking.
Je ne m’en sers pas pour mon usage personnel. Mes sites préférés
sont les sites santé que je consulte toutes les semaines pour
savoir ce qui se fait.