Jean
Charlet
Ingénieur Chercheur
Direction des systèmes d'information de l’AP-HP
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"Le
dossier médical hypertextuel suit les standards du
web et respecte le contexte de l'information médicale".
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Propos
recueillis par Hervé
Nabarette
12
juillet 2002
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Jean
Charlet est ingénieur-chercheur à la Direction des systèmes d'information
de l’AP-HP. Il a établi une typologie des dossiers et de la communication
électronique en santé, en distinguant le dossier médical hypertextuel,
les systèmes reposant sur les nomenclatures nationales ou internationales
et les systèmes d’"enveloppes".
Quels
sont les avantages du dossier médical hypertextuel ? Dans quel
contexte est-il utilisé ?
Le
dossier médical hypertextuel est un dossier Web, c’est-à-dire qu’il
est visualisable via un navigateur Web. Son premier avantage est
d’abord cette interface qui est devenue un standard ergonomique
de fait. Le second avantage, plus fondamental, est lié à la caractéristique
contextuelle de l’information médicale. Celle-ci ne s’énonce bien
qu’à travers le langage naturel écrit, dans des documents textuels
qui constituent en pratique la plupart des éléments des dossiers
médicaux papier. La numérisation – le changement de support – de
ces dossiers doit alors être envisagée à travers des documents hypertextuels
accessibles via une interface Web. Du fait de la nature même du
Web, ces documents sont une modalité de représentation du dossier
médical en même temps qu’un mode de communication. Son utilisation
se fait d’abord au sein d’une même communauté de soin, service clinique,
hôpital, etc.
Pouvez-vous
présenter les nomenclatures HL7 et CEN (promoteur, domaine…) ?
Le
CEN TC251 est l’organisme
européen en charge de l’élaboration des normes dans le domaine de
l’informatique médicale. Il a récemment publié une norme sur l’échange
d’éléments d’informations médicales, la norme ENV-13606, maintenant
connue sous le nom EHRCOM (pour Electronic Health Record Communication).
Le
HL7, ou Health Level 7,
est un organisme de droit privé, comme souvent aux Etats-Unis, qui
rassemble de nombreux acteurs de l’informatique médicale et propose
des spécifications de messages pour la communication entre applicatifs
dans le domaine de l’informatique médicale. Le HL7 a récemment proposé
une architecture de référence (the Clinical Document Architecture
– CDA) qui intègre dans une même proposition un dossier (hyper)textuel
décrit en XML et un modèle de communication des éléments de ce même
dossier vers l’extérieur, le Reference Information Model (RIM).
Si ces propositions d’intégration sont plus fortes que les seules
propositions de communication du CEN, l’élaboration du RIM (version
3.0) est moins avancée que EHRCOM et les 2 organismes prévoient
de collaborer.
Dans
quelle mesure sont-elles aujourd’hui utilisées ?
Je
n’ai pas de renseignements précis sur l’utilisation de ces normes,
mais nous savons qu’un RIM v2.4 est stabilisé et que HL7 est en
train de terminer la spécification d’un RIM version 3.0 décrit en
XML. Le caractère récent de ce RIM, comme de la publication de EHRCOM,
les cantonne probablement à n’être utilisées à ce jour que dans
des démonstrateurs.
Quel
avenir peut-on prédire à ces normes ?
Leur
avenir dépendra évidemment de leur acceptabilité par les acteurs
de l’informatique médicale, en particulier les éditeurs de logiciel
et les utilisateurs. On peut penser que ces normes mettront du temps
à s’imposer. Elles supposent que les informations sur les patients
sont analysables et séparables en items d’informations autonomes.
Cette hypothèse est en contradiction avec une approche textuelle
et contextuelle du dossier médical. Sans les rejeter, on peut penser
que ces normes ne concerneront au départ que certaine situations
d’échange d’informations dans des cas précis et très protocolisés
où la prise en compte d’informations contextuelles n’est pas cruciale.
Par ailleurs, passer d’une situation sans norme à une utilisation
de normes complexes ne peut se faire sans étapes intermédiaires.
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