Yannick
Plétan
Vice-président de la division médicale
Pfizer France
|
|
"Si
l’on figeait la situation en l’état, on verrait un
recul de la recherche clinique en Europe".
|
|
|
Nicolas
de Saint Jorre
6
novembre 2002
1/2
Suite
aux travaux de la Conférence Internationale sur l’Harmonisation
(ICH) qui a été créée pour réduire les différences existant entre
l’Europe, les Etats-Unis et le Japon dans la tenue des essais cliniques,
le Parlement et le Conseil de l’Union Européenne ont voté en avril
2001 une directive portant sur les procédures de mise en place des
essais cliniques dans les Etats membres.
Y
a-t-il effectivement d’importantes différences entre les procédures
appliquées dans les différents Etats membres de l’Union ? Cette
directive vous semble-t-elle un pas important vers l’harmonisation
de ces procédures ?
La
Directive elle-même est un effort incontestable d’harmonisation.
Elle n’est pas cependant le plus petit commun dénominateur entre
les Etats Membres en matière d’essais cliniques de médicaments.
Elle ignore les essais non médicamenteux. Les textes dérivés, rédigés
chacun par des Etats Membres désignés et actuellement en circulation
pour commentaires tentent de réintroduire des spécificités nationales,
et ne résolvent pas d’autres zones d’ombre dans la Directive, concernant
en particulier des durées d’examen de dossiers (amendements dits
substantiels), et des définitions (pharmacovigilance). Les organisations
professionnelles (EFPIA en Europe, SNIP en France) ont émis des
commentaires et fait des suggestions concrètes pour permettre l’implantation
harmonieuse, et harmonisée de la Directive.
Quels
sont les principes qui expliquent actuellement le choix des pays
où se déroulent les essais (rémunération des investigateurs, poids
des facteurs génétiques obligeant à mener l’essai sur plusieurs
continents …) ? Les pays de l’Union Européenne sont-ils
bien positionnés sur la liste des pays susceptibles d’accueillir
des essais cliniques ?
Les
principes sont d’abord ceux qui permettent un développement rapide
et de qualité, aux délais prévisibles, et aux résultats fiables.
L’ouverture de nouveaux espaces de Recherche Clinique dans les anciens
pays de l’Est Européen, mais aussi en Inde et dans certains pays
émergents devient une alternative attractive, même si par l’importance
de leurs marchés les pays ouest-européens demeurent essentiels.
Il est donc logique de voir se déplacer les phases précoces et de
développement "lourd" dans ces nouveaux espaces, et les
études de phase 3B-4 dans les pays industrialisés de l’Europe, dans
le but d’asseoir la notoriété des produits et gagner la confiance
des futurs prescripteurs.
Quels
sont les progrès que vous attendez de la mise en œuvre de cette
directive ? Pensez-vous que cette mise en œuvre favorisera
la réalisation d’essais cliniques significatifs en France et plus
généralement en Europe ?
Aujourd’hui,
si l’on figeait la situation en l’état des textes prévus, on verrait
un recul de la RC en Europe. La France fera des efforts significatifs
pour rester compétitive, mais en tant que pays isolé, son poids
serait faible.
Arrive-t-il
que des essais multicentriques montrent des résultats différents
suivant les pays ? Comment les différences de résultats peuvent
être gérées au niveau de la délivrance des AMM ?
De
telles différences sont le plus souvent expliquées par des arguties
méthodologiques, rarement par des conditions ethniques, parfois
par des différences de pratiques médicales (traitements associés
autorisés). Pour une AMM, c’est source de questions, de demandes
de ré-analyse, parfois d’essais confirmatoires.
Suite
(2/2)   
|