L'Internet
médical est avide de respectabilité et de crédibilité. Dès le début
du Web, des labels ont été créés pour garantir la validité des informations
médicales mises à disposition du grand public. En 1996, Health
On the Net, fondation à but non lucratif située à Genève élabore
la fameuse charte
HON, qui a déjà été adoptée par 3 000 sites répartis dans
36 pays. Les sites marchands, notamment, les pharmacies électroniques
et les sites médicaux grand public revendiquent la qualité de leur
contenu en affichant les logos de labels sur leur page d'accueil.
Plusieurs chartes de qualité et codes de bonne conduite tentent
de baliser le parcours de l'internaute sur le Web médical.
Pourtant, la crédibilité de certains labels américains a été plusieurs
fois écornée depuis le début de l'année. La plupart des sites incriminés
dans le rapport de la California Healthcare Foundation affichaient
le label TRUSTe, qui protège les droits du cyberconsommateur, et
celui de la Health On the Net Foundation (lire à ce sujet notre
article Les
sites américains de santé en ligne de mire des défenseurs de
la vie privée). On apprit également que le site TRUSTe était
truffé de cookies et autres mouchards qui suivent l'internaute à
la trace. Les labels une bonne idée victime de son succès ?
Avec la multiplication des sites marchands en santé,
des labels garantissant la confidentialité et la sécurité des données
saisies par le visiteur ont fleuri sur le Net. Citons, par exemple,
TRUSTe qui protège les droits du cyberconsommateur ou, dans le secteur
de la pharmacie en ligne, le label
Verified Internet Pharmacy Practice Sites (VIPPS) de la National
Association of Board of Pharmacy, l'équivalent aux Etats-Unis de
l'Ordre national des pharmaciens [Lire aussi notre étude cas sur Truste.org].
Une autre charte de bonne conduite, baptisée Hi-Ethics
for Health Internet Ethics, a été lancée par un consortium de sociétés
opérant dans le secteur de la santé en ligne, dont fait partie le
site DrKoop. Son président, le docteur Everett Koop, a d'ailleurs
invité en mai 2000 une vingtaine de sites pratiquant le commerce
électronique à adhérer aux quatorze principes de cette charte.
Enfin, lInternet
Healthcare Coalition (IHC), association américaine réunissant
un large échantillon de sociétés et duniversités qui uvrent
dans le domaine de la santé, a également rendu public la version
définitive de son Code international déthique pour les sites
de santé le 24 mai dernier. En cours de rédaction depuis février,
les internautes pouvaient soumettre leurs propositions via le site
de l'IHC sur lequel figurait le document de travail. Aucune pharmacie
en ligne na apposé sa signature sur cette charte. Pour en
savoir plus sur l'IHC et sa charte, lire l'interview
de Denise Silber, membre fondateur de l'IHC et notre article
Séparer le bon grain de livraie, un
code éthique pour lInternet de santé (25/06/2000).
Des brebis
galeuses labellisées
S'il faut se garder de jeter le discrédit sur l'ensemble
des sites médicaux, force est de constater que certains sites grand
public américains ont pris ces derniers temps quelques libertés
avec le respect de la confidentialité des données ou l'impartialité
et le sérieux des informations proposées. Or, ces brebis galeuses
de l'Internet médical étaient bel et bien labellisées.
Le site américain DrKoop
a, par exemple, délibérément entretenu la confusion entre le contenu
éditorial et la publicité. Chacun des établissements d'une liste
d'hôpitaux présentés comme étant les institutions médico-sociales
les plus innovantes et évoluées du pays, avaient en réalité
payé environ 40 000 dollars (près de 200 000 FF) pour
y faire figurer leur nom.
Il s'est également fait épingler dans un rapport de la California
Healthcare Foundation pour avoir trop fait confiance à lun
de ses partenaires commerciaux, DoubleClick, qui faisait un usage
abusif de cookies à l'insu des visiteurs qui cliquaient sur le bandeau
publicitaire de la société incriminée (lire à ce sujet notre article
Les sites américains de santé en ligne de
mire des défenseurs de la vie privée).
Ce site n'est pas le seul à avoir des pratiques peu claires quant
à l'utilisation des "cookies", des bannières publicitaires
et à la divulgation à des tiers des informations collectées sur
le site. Citons à titre d'exemple, la pharmacie en ligne cvs.com,
HealthCentral
ou Intelihealth.