A
la veille du lancement du premier bouquet de services i-mode
en France, annoncé pour le 15 novembre prochain par ses promoteurs,
l’opérateur français Bouygues Telecom et le japonais NTT DoCoMo,
il est impossible de ne pas s’interroger sur l’échec cuisant du WAP
en Europe et le succès concomitant et tout aussi retentissant de
l’i-mode au Japon, avec ses quelques 32 millions d’utilisateurs
comblés.
L’enthousiasme
compréhensible du troisième opérateur français pour cette technologie
et la succes-story qui va avec et celui, tout aussi patent, des
éditeurs de contenu et de services qui ont été sélectionnés pour
composer l’offre de démarrage du service, ne parviennent pas à masquer
la pertinence de cette interrogation : le WAP a-t-il été un
échec en Europe parce que c’était un standard moins performant techniquement
que son concurrent nippon ou le public européen serait-il tout simplement
moins friand des gadgets technophiles qui constituent aujourd’hui
encore la majeure partie des services i-mode consommés au Japon ?
Retour
sur un fiasco
Rappelons
pour mémoire les motifs le plus souvent invoqués pour expliquer
le revers de la première offre "Internet mobile"
en France. Premier facteur expliquant l’échec du Wap, la pauvreté
et la mauvaise qualité des applications développées par les opérateurs
à l’époque : pas de killer application dans les bouquets WAP
de France Telecom ou Cegetel, seulement des services équivalents
à ceux que proposaient déjà depuis plusieurs années les serveurs
vocaux accessibles par les mêmes terminaux. Tout aussi déterminantes
ont été les limites des mobiles eux-mêmes avec leurs écrans minuscules,
le plus souvent monochromes et leur clavier inexistant, qui rendait
la saisie des adresses WAP, au moyen des touches téléphoniques, particulièrement
peu pratique. Enfin, le WAP souffrait à son lancement de conditions
de débit insuffisantes puisqu’il était ralenti par les performances
limitées du réseau GSM.
L’I-mode
au Japon : un contre-WAP
Si
l’échec du WAP est avéré, le retentissant succès de son concurrent
ne fait, lui, aucun doute. Démarré dans des conditions techniques
similaires, c’est-à-dire fondé sur les réseaux GSM à l’origine et
des langages de programmation proches du html utilisé sur l’Internet,
l’i-mode a si bien marché qu’un japonais sur quatre, aujourd’hui,
est équipé d’un mobile compatible et abonné aux services avancés
de NTT DoCoMo. Le public est globalement jeune, urbain et plutôt
féminin.
L’i-mode
qui signifie information-mode se distingue du WAP, du point de vue
technique, par trois différences essentielles :
Il est aujourd’hui
entièrement porté par les réseaux GPRS, ce qui améliore grandement
les performances des applications et ouvre des horizons multimédias ;
Son protocole
de communication autorise l’envoi et la réception de MMS multimedia
message system qui sont des SMS améliorés, plus longs, en couleurs
et pouvant comporter des images au format Gif ;
Il est fondé
sur le langage html, ce qui a permis à des milliers de jeunes
Japonais de réaliser leur propre site i-mode, à accès gratuit,
enrichissant naturellement l’offre et créant les communautés d’utilisateurs
qui assurent le succès de l’i-mode, selon le principe du cercle
vertueux quêté par tout promoteur d’un nouveau média.