La
recherche développement des laboratoires pharmaceutiques
Jean-Noël
Treilles,
Président de Merck-Lipha
:
l’innovation,
diffusion et acteurs
19
février 2001
Jean-Noël
Treilles, Président de Merck-Lipha a présenté son analyse de l’innovation
dans l’industrie pharmaceutique(« l’innovation, diffusion et
acteurs »). Merck-Lipha est au 28° rang mondial des laboratoires
pharmaceutiques, avec un CA de 3 milliards d’euros pour la pharmacie.
JN Treilles oppose volontiers son laboratoires aux « big pharmas ».
L’innovation dans le médicament
Tout
d’abord, l’innovation est un concept relatif. L’innovation peut
porter sur le traitement d’une maladie incurable ou mal traitée,
mais aussi sur l’amélioration du rapport sécurité/efficacité ou
sur l’amélioration de la compliance. La nouveauté du produit n’est
pas toujours en cause : par exemple, un produit de 40 ans révolutionne
la marché du diabète aux Etats-Unis (2 milliards de dollars, top
ten des médicaments).
Jean-Noël
Treilles part du constat que le prix des médicaments est toujours
considéré comme trop cher, mais que les malades veulent pouvoir
se soigner avec les médicaments les plus récents. Dans ce domaine,
le bouche à oreille fonctionne bien. S’ajoute à cela la recherche
permanente de l’égalité de tous devant la maladie.
Un vrai
dilemme marque l’innovation pharmaceutique. L’évolution technologie
est forte et nécessite des moyens importants pour accéder à de nouveaux
schémas thérapeutiques. Mais les contraintes économiques se renforcent,
et la croissance des ressources disponibles est inférieure aux besoins/demandes
de la population.
Les coûts croissants de la recherche développement
Jean-Noël
Treilles illustre les coûts croissants de la recherche et développement.
Les processus sont de plus en plus coûteux. Le coût d’une nouvelle
molécule est d’environ 700 millions de dollars, contre 150 millions
de dollars au milieu des années 1980. Et on assiste à une course
de vitesse pour être le premier produit commercialisé d’une nouvelle
classe thérapeutique. L’accélération est bien illustrée par les
lancements du laboratoire Astra Zénéca : 12 produits lancés
en trois ans avant la fusion, 14 lancements prévus entre la fusion
et fin 2001.
Le Président
de Merck Lipha reprend une analyse de Price WaterHouse Coopers.
Pour les 20 premières sociétés pharmaceutiques aux Etats-Unis, les
budgets de recherche développement ont doublé en 7 ans. Si ces leaders
veulent maintenir leur rentabilité, ils doivent générer 29 milliards
de CA supplémentaire au cours des 7 prochaines années. Cet objectif
implique de lancer 34 nouveaux produits réalisant chacun entre 1
et 1,4 milliard de dollars de CA. Ceci est mission impossible. En
1999, 35 produits ont réalisé un CA mondial supérieur à 1 milliard
de dollars. Le nombre de lancements nécessaires est 4 fois supérieur
aux taux actuels. D’autre part, le CA moyen par nouveau produit
n’est aujourd’hui que de 265 millions de dollars. Conclusion :
la recherche développement doit être moins chère… et plus innovatrice.
Sur ce point, le PDG de Merck Lipha pense que la productivité de
la recherche développement est plus liée aux méthodes managériales
qu’à des problèmes de ressources financières ou de taille.
Les challenges des années à venir
Dans
les années à venir, l’industrie pharmaceutique sera confrontée à
des challenges importants :
-
gérer
la pression économique des
autorités, ce qui signifie : plus de mee-too possible,
de « vraies innovations » pour espérer refinancer
à terme la RD
-
augmenter
le CA : cet objectif se heurte
à des limites, la croissance à deux chiffres des méga groupes
étant insoutenable dans le cadre d’un financement socialisé
-
réduire
le taux de dépenses de
promotion
-
probablement
réduire les dépenses de
RD : passage progressif de 17% (taux moyen de RD des sociétés
qui ont leur siège aux Etats-Unis) à 10% du CA ou moins…
Suite
et fin, Cécile Hourcade (2/2)
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19 février 2001
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