Prédisposition
génétique
du cancer du sein :
l’Institut Curie part en guerre

Par
la rédaction de

6
novembre 2002
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Le
cancer du sein est le plus fréquent des cancers de la femme, il
touche une femme sur dix dans les pays occidentaux. En France, il
est responsable de 14 000 décès chaque année. Pas moins de
34 000 cancers du sein et 3 200 cancers de l’ovaire ont
été détectés en l’an 2000. Parmi les différents risques, des facteurs
familiaux et génétiques ont été identifiés.
Des
risques bien supérieurs à la population générale
5
à 10 % des cancers du sein et de l’ovaire seraient dus à une
prédisposition génétique majeure, c’est-à-dire associés à un risque
tumoral élevé. Les formes héréditaires représentent ainsi chaque
année 1 700 à 3 400 cas de cancers du sein et 160 à 320
cas de cancers ovariens. Parmi ses altérations, celles des gènes
BCRA1 et BCRA2 sont responsables de 95 % des formes familiales
héréditaires de cancers du sein et de l’ovaire, et de 65 %
des formes familiales du cancer du sein seul. De telles prédispositions
n’entraînent pas systématiquement la survenue d’un cancer, mais
elles en augmentent le risque. On parle ainsi de prédisposition
majeure. Ainsi, une femme porteuse d’une mutation des gènes BRCA
au cours de sa vie a un risque de cancer du sein de 8 à 10 fois
supérieur à celui de la population générale et de quarante fois
supérieur pour le cancer de l’ovaire… Toutes les prédispositions
génétiques n’ont cependant pas été identifiées. Ainsi, le gène p53
ou le gène ATM apparaissent aujourd’hui comme de possibles facteurs
de prédispositions.
Comment
savoir qui est porteur d’un tel gène ?
Les
cancérologues tiennent compte depuis longtemps des antécédents familiaux
dans la surveillance des patients. Grâce à l’identification de plusieurs
de ces gènes, ils disposent désormais d’un outil d’évaluation plus
précis.
Comment
évaluer ce risque ? Dans un premier temps, le praticien va
examiner l’histoire familiale de la patiente (combien de cancers
familiaux ? Quel degré de parenté ? Quel type de cancer ?
A quel âge ?…). Ainsi selon l’expertise collective "Inserm/Fédération
nationale des centres de lutte contre le cancer (1998)", si
deux sœurs et leur mère sont atteintes d’un cancer du sein, la probabilité
d’une mutation génétique dans la famille est de 27 % si les
cancers se sont déclarés après 65 ans, de 74 % si l'âge
du diagnostic est antérieur à 55 ans, et de 98 % si c'est
avant 25 ans. Si l’arbre généalogique semble évoquer une prédisposition,
une analyse génétique est proposée. Après une période de réflexion,
le consentement est recueilli.
S’il
s’agit de la première recherche d’une prédisposition au sein d’une
famille, les résultats ne peuvent être connus qu’après 9 mois à
12 mois. Par contre, s’il s’agit d’un test individuel au sein d’une
famille dont un des membres a déjà été détecté, les résultats sont
beaucoup plus rapides, de l’ordre de quelques semaines. On compte
en France 17 laboratoires spécialisés
dans les tests de prédisposition aux cancers du sein et de l’ovaire
liés à BRCA1 et BRCA2, pour lesquels ils effectuent les premières
recherches de mutation familiale. Si une prédisposition génétique
est détectée, la patiente disposera d’un suivi et d’un programme
de prévention adapté.
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