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Aïssa
Khelifa
"La
solution réside dans le développement de réseaux communautaires"
(suite)
12 mai 1998
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6
Quel système de rémunération vous semble le mieux adapté
à un RSC ? (paiement à lacte, tarifs négociés, paiement forfaitaire ?
)
Tous
les systèmes de paiement sont à envisager.
Chaque type de réseau, fondé sur une certaine forme de rémunération,
a en effet ses propres objectifs, auxquels il adapte à la
fois son fonctionnement général et le mode de rémunération
de ses adhérents. Le système idéal serait ainsi le mix dun
certain nombre de systèmes secondaires, chacun fonctionnant selon
ses propres règles.
7
Comment selon vous recensera-t-on les effets pervers du système ?
Comment pourra-t-on mesurer le degré de satisfaction des adhérents
et des patients ?
Tout
simplement en mettant en place un système leur permettant de donner
leur avis, de dire ce quils pensent voire démettre
des suggestions. Le développement dun site physique
(plate-forme téléphonique, site Internet
) est une solution
envisageable.
Parallèlement,
le degré de satisfaction sera déterminé par une évaluation
régulière des objectifs du réseau.
8
A votre avis, comment évaluer les coûts ? En particulier,
a) comment tenir compte des profils individuels des professionnels ?
b) comment modéliser limpact potentiel des réseaux au niveau
national des dépenses ?
a)
Une évaluation des
coûts tenant compte des critères spécifiques des différents professionnels
adhérents au réseau repose avant tout sur une collecte des informations
plus riches que celles qui circulent aujourdhui dans les chaînes
de liquidation de lassurance maladie.
Des
informations telles que par exemple le case-mix de chaque médecin,
sa stratégie dadressage aux autres médecins, le nombre de
ses patients hospitalisés et le coût qui en a suivi font partie
des indicateurs précis qui permettraient une juste évaluation
des coûts.
b)
Quant à une mesure,
au niveau national, de limpact potentiel des réseaux sur les
dépenses de santé, personne na aujourdhui la possibilité
davancer la moindre estimation.
9
Comment selon vous évaluer la qualité dans les RSC ?
La
qualité dun réseau de soins peut être évaluée à deux niveaux :
-
En
mesurant le respect par le réseau de ses engagements
de moyens : les objectifs quil sest fixés ont-ils
été effectivement tenus ?
-
A
travers la définition de variables dont la mesure serait un
indicateur de la qualité des soins (on parle de proxy-variable).
Une proxy-variable pourrait être par exemple le nombre de patients
dun même réseau ayant dû être ré-hospitalisés en urgence.
Une
évaluation externe des réseaux par ses différents partenaires (Caisses
)
est également importante dans la mesure globale de la qualité, mais
elle ne dispense nullement dune évaluation interne.
10
- Comment envisagez-vous la complémentarité entre filières et réseaux
de soins expérimentaux ?
Il
sagit de deux systèmes totalement différents dont on ne peut
envisager que la juxtaposition, mais en aucun cas le chevauchement.
Ces modes dorganisation participent de deux logiques différentes
qui fonctionnent plus de façon concurrente que complémentaire.
11
Comment voyez-vous la coexistence de plusieurs réseaux, notamment
de leurs différents systèmes dinformations ?
a) que se passe-t-il par exemple pour un médecin qui appartiendrait
à plusieurs réseaux ?
b) pour un patient ?
Dans
le cadre de la coexistence de plusieurs réseaux de soins, dont on
peut aisément imaginer quils sentrecroisent ou se chevauchent
(en particulier lorsquil sagit de réseaux monopathologies
et de réseaux communautaires), il est fondamental que les systèmes
dinformation soient harmonisés et que les modes
de communication soient standardisés. Sinon lappartenance
à différents réseaux deviendra très rapidement ingérable.
Une
comparaison peut être menée avec le système des téléphones mobiles :
plusieurs opérateurs coexistent sur le marché, mais ils utilisent
des normes leur permettant détablir des communications entre
eux. Cest à cette logique que doivent obéir les RSC.
a)
Lappartenance dun médecin à plusieurs réseaux est certes
envisageable. Elle sera aisée si les différents réseaux auxquels
il adhère ont une philosophie équivalente ou comparable, mais plus
compliquée si les objectifs de ces réseaux sont relativement éloignés
(problèmes en termes dobjectifs, de formation
).
b)
Lappartenance dun patient à plusieurs réseaux est quant
à elle beaucoup plus difficile à gérer.
Prenons par exemple le cas dun patient diabétique faisant
partie dun réseau diabète. Il développe du fait de sa maladie
des pathologies associées, et en particulier des ennuis cardio-vasculaires :
il intègre alors un nouveau réseau centré sur les problèmes cardiaques.
La
gestion de cette double appartenance est lourde et délicate, et
cest là lune des questions posées par les réseaux
monopathologies. La solution réside dans le développement de
réseaux communautaires, sur lesquels pourraient éventuellement
venir se greffer des réseaux monopathologies.
12
- Le champ expérimental sera clos en 2001 : comment anticipez-vous
la suite ?
Tout
lavenir des réseaux après la période des expérimentations
repose sur les hypothèses suivantes :
Cest
autour de ces deux hypothèses que la réflexion doit sengager,
non au niveau des opérationnels mais à léchelon politique.
13
Pour vous, quels seront les principaux bénéfices retirés
de ces expérimentations pour le système de santé français ?
Le
bénéfice retiré des projets expérimentaux en matière de RSC pour
le système de santé français dans son ensemble est double :
-
Jusquici,
il était impossible dexpérimenter quoi que ce soit dans
le système français, à cause en particulier de linadaptation
du cadre légal. Nos voisins européens au contraire ont
mené depuis longtemps diverses expériences, tandis que la situation
en France restait gelée. La possibilité offerte aujourdhui
dexpérimenter de nouveaux modes dorganisation est
extrêmement bénéfique pour le système de santé, et si les réseaux
ne servent quà ça, ils auront au moins permis cette progression.
-
La
quantité des bénéfices qui seront retirés de ces expérimentations
dépend beaucoup de la qualité des projets acceptés et
de leur évaluation. En particulier, il est fondamental
de réfléchir aux moyens qui seront mis dans cette évaluation,
à la volonté réelle daller chercher du positif dans chacune
des expériences, et surtout à la capacité de modifier en conséquence
lorganisation du système dans son ensemble
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