Novembre 2000
Claude
Maffioli
Président de
la CSMF
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"Que
chacun prenne ses responsabilités"
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Propos recueillis par
Mathieu
Ozanam
25 octobre
2000
suite et fin (2/2)
Votre syndicat a largement remporté les élections aux Unions régionales.
En quel sens la majorité qui sest dégagée peut faire avancer
la question des réseaux de soins et de la FMC, deux sujets qui concernent
les médecins mais qui en sont au point mort ?
Attention, les Unions
Régionales des Médecins Libéraux (URML) ont reçu la possibilité
de répondre à beaucoup de missions, mais ce serait un tort de trop
se disperser en voulant aborder trop de sujets. Ce nest pas
comme cela que lon est efficace. Les URML doivent se donner
quelques missions. Pour la CSMF, les efforts doivent être concentrés
sur lévaluation des besoins de la population au niveau régional
et lévaluation des pratiques professionnelles. La FMC se fait
dans les associations au niveau local et national. Les médecins
nont pas attendu de loi pour se former. Si la FMC conventionnelle
est morte, la FMC en tant que telle continue à exister. Quant à
lévaluation, je rappelle que la loi de 1994 donnait la possibilité
aux Unions de recevoir les informations, les décrets ne sont toujours
pas sortis.
Le problème des réseaux
nest pas du ressort des Unions. Tout le monde se gargarise
du mot, mais toutes les conditions
pour les empêcher de se développer sont réunies : les
enveloppes budgétaires sont verticales et hermétiques, les statuts
juridiques des partenaires dun réseau sont différents, qui
peut aujourdhui endosser la responsabilité en cas de
problème ?
Je souhaite que lEtat
remplisse vraiment un rôle dEtat garant et non dEtat
gérant. Jusquà présent lEtat a essayé de mettre la main
partout dans la question des réseaux, la preuve cest que les
maigres petites choses qui sont sorties de Soubie ont dû être approuvées
par le ministère. LEtat na pas à porter sur les fonts
baptismaux chaque réseau. Il ferait mieux de définir un cahier des
charges précis. Une fois que cette charte est passée les initiatives
se développeront sans intervention à tout propos dans un cadre.
Quelle est la position de la CSMF sur Libéralis ? Aujourdhui
22 unions sur 23 sont présidées par un élu CSMF mais seules 15 dentre
elles participent (on note en particulier labsence de
lIle-de-France avec ses 26 000 médecins). Encouragez-vous
vos adhérents à rejoindre les 700 médecins qui sy sont déjà
abonnés ? et encouragez-vous vos présidents ?
La question de la télétransmission
des FSE, à laquelle nous sommes opposés, se greffent là-dessus.
Nous la refusons pour deux raisons : en premier lieu le partage
des informations prévu par le décret de 1994 nest pas réalisé,
et ensuite la rétribution prévue pour la télétransmission ne correspond
pas au travail réalisé par le médecin. Libéralis correspond en revanche
au concept que nous défendons, dune profession qui envoie
des informations à la profession.
Je ne prétends pas
être un technicien, mais il semble que tout ce qui est protocolé
dans Libéralis ne permette par lévolutivité du concept. De
plus le système doit coûter le moins possible au médecin. Certains
des membres de la CSMF soulèvent ces problèmes. Jai donc demandé
à Ramatuelle, lors de luniversité dété, que les partisans
et les détracteurs assoient suffisamment leurs arguments avant de
me les communiquer pour savoir comment soutenir le projet Libéralis
et le rendre le plus efficient possible.
Aujourdhui si
un médecin souhaite télé-transmettre nous préférons len dissuader,
mais sil insiste il vaut mieux quil choisisse Libéralis.
Je considère cependant aujourdhui que télétransmettre sans
avoir de garantie dun retour dinformation, le tout pour
une obole qui risque de ne même pas pérenne, nest pas acceptable,
au nom de la défense de la profession. La question du réseau par
lequel passer est secondaire.
Luniversité dété de la CSMF à Ramatuelle vient de sachever,
quels sont malgré tout vos motifs de satisfaction ou despoir
?
Je nai aucun
motif de satisfaction ! Nous sommes dans une situation grave
qui nous mène droit vers létatisation, cest-à-dire la
fin de la vie conventionnelle, plus de marge de manuvre entre
partenaires caisse maladie-partenaire de santé, et une logique budgétaire
qui nous conduit vers
la capitation pour les médecins généralistes et le salariat pour
les spécialistes dans les cliniques.
Jajoute que lacte
médical est de plus en plus dévalorisé, ce qui induit une diminution
de la qualité des soins. Si nous nous apercevons, par exemple, quil
est nécessaire de faire des coloscopies parce que le cancer du colon
devient le premier cancer en France, et que lon diminue la
valeur de nos actes, où allons-nous ? Les politiques doivent
sortir de lère Maastricht, et de la nécessité datteindre
léquilibre budgétaire. Le danger pour la qualité est réel.
Martine Aubry est une
fine politique, sans doute promise à une longue carrière, mais pendant
un an et demi elle nous a berné en ne prenant aucune décision et
en déclarant que le patient devait être au centre de nos préoccupations,
que les besoins de la population devaient primer sur les budgets.
Nous avons vu le résultat.
Je reste cependant
optimiste car la politique qui a été mise en place en 1995 va déchec
en échec. Les parlementaires commencent à se poser des questions
sur leur crédibilité à voter des budgets qui sont dépassés chaque
année. Le gouvernement essaie bien de rectifier le tir discrètement
mais ce système nest pas viable. Simplement en France il faut
beaucoup de temps pour admettre que lon est dans une mauvaise
voie. La CSMF propose une alternative, cest le projet confédéral.
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25
octobre 2000
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