Juin
1999
Dr.
Hervé Leclet
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"Sans
une implication forte de la direction, une démarche
qualité aura beaucoup de mal à se mettre en place
et aucune chance de perdurer "
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18
juin 1999
Suite
A votre avis pourquoi fonde-t-on actuellement laccréditation
sur le management de la qualité par les moyens et non par les résultats ?
Le
management de la qualité doit prendre en compte les structures,
les processus et les résultats, dont la satisfaction des clients,
en premier lieu les patients. En santé, nous ne sommes encore quà
la première étape des démarches qualité, donc lattention se
porte sur les moyens. Imposer des indicateurs de résultatsreprésenterait
un changement majeur par rapport à ce quon attend de nous
aujourdhui. Les professionnels de santé sont aujourdhui
soumis à une obligation de moyens et pas de résultats.
Et quen est-il des critères de laccréditation ?
Le
Manuel
daccréditation des établissements de santé a été publié
en février 99 dans sa version définitive. Il est présenté sur le
site de lANAES et peut être téléchargé. C'est une compilation
de plus de 150 références opposables lors de la procédure d'accréditation
des établissements de santé. Chaque référence est l'énoncé d'une
attente ou d'une exigence qui doit permettre de délivrer un soin
ou une prestation de qualité.
Dans le cadre du groupe de travail de la SFR, est-ce que les spécifications
auxquelles vous avez abouti sont dans le domaine public ?
Tout
à fait. Le premier document publié est le Questionnaire
dauto appréciation dun service hospitalier dimagerie.
Ce document est disponible en téléchargement sur le site de la SFR.
Il a été publié officiellement aux Journées Française de Radiologie
de 1998.
Cette
année, toujours aux Journées Française de Radiologie, nous allons
présenter un guide méthodologique de mesure de la qualité dans les
services de radiologie. Il comprendra un guide de mesure de la qualité
technique et un guide de la satisfaction des clients. Et pour lannée
prochaine nous espérons pouvoir publier une première version d'un
guide de bonnes pratiques managériales.
Comment les sociétés savantes appréhendent-elles les questions de
qualité aujourdhui ?
Chaque
spécialité a une attitude propre. Les anesthésistes, par exemple,
ont déjà fait beaucoup de choses : il y a maintenant des décrets
et des obligations réglementaires en matières danesthésie.
On peut citer également les décrets sur la périnatalité, les démarches
qualité initiées en gynécologie ou en pneumologie, le GBEA (Guide
de bonne exécution des analyses) des biologistes ainsi que les actions
entreprises par les kinésithérapeutes et les infirmières.
Dautres
spécialités ne semblent pas encore suffisamment sensibilisées, comme
en hématologie, en pédiatrie ou en dermatologie. De façon générale,
les spécialités les plus avancées sont celles qui utilisent un plateau
technique.
Les
sociétés savantes ont dautant plus un rôle à jouer que lANAES
ne cache pas quelle est dans lattente de référentiels
de métiers de la part des professionnels. Dailleurs une des
fonctions du groupe de travail de la Société Française de Radiologie
est de rédiger un référentiel de bonnes pratiques managériales.
Ce référentiel a pour but daider à la gestion des services
et à la mise en place des démarches.
Comment ce mouvement est-il perçu sur le terrain, les équipes sont-elles
mobilisées ?
Tous
les cas de figures existent. Certains établissements sont très mobilisés
et envisagent de se faire accréditer rapidement. Dautres,
à linverse pratiquent la politique de lautruche.
En
fait, un enjeu majeur est de savoir ce que feront les tutelles des
comptes-rendus daccréditation, dans le cadre dune politique
régionale de santé. Quels documents seront remis aux tutelles et
lesquels seront rendus publics ? On ne sait pas encore précisément.
Les conseillers de la CADA (Commission dAccès aux Documents
Administratifs, ndlr), par exemple, sont partisans dune totale
transparence.
Sait-on évaluer le coût des procédures daccréditation
?
On
connaît le COQ (Coût dObtention de la Qualité), il représente
le coût de la mise en place du système Qualité et sa gestion au
quotidien. Pour aller jusquà la certification dans le cadre
de la norme ISO, les estimations sont de 10 000 FF par salarié.
Cest la même base que dans lindustrie. En effet, la
lourdeur du système dépend plus de la taille dune organisation
que de son activité. Cest pourquoi on peut facilement adapter
et utiliser les outils qui viennent de lindustrie, surtout
pour les plateaux techniques (bloc, stérilisation, réanimation,
imagerie, biologie
). Cest sûrement plus délicat dans
les unités des soins.
Presque deux ans après lobtention de la certification ISO
9002 dans votre service, diriez-vous que vos méthodes de travail
ont beaucoup changé ?
Il
ne sagit pas de révolution mais daméliorations. On formalise
ses propres modes de fonctionnement sur la base d'une véritable
règle du jeu qui est la norme ISO 9002. Cela revient schématiquement
à écrire ce quon fait pour ensuite faire ce quon a écrit.
Le fait de documenter les procédures permet de se regarder travailler
et de réfléchir sur l'organisation, les méthodes et les dysfonctionnements.
Aujourdhui, chez nous, de petites améliorations sont apportées
chaque semaine.
Quels conseils donneriez vous aux établissements
qui sont en train de se lancer dans cette démarche Qualité ?
Le
point fondamental concerne lengagement de la direction. Sans
une implication forte de sa part, le système Qualité aura beaucoup
de mal à se mettre en place et aucune chance de perdurer.
Pour
réagir à ces propos et nous faire part de vos expériences en matière
de démarche qualité et/ou daccréditation, nhésitez pas
à nous adresser
un message. Vos contributions seront publiées à la suite de
cet entretien.
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18
juin 1999
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