Février
2000
Noël
Renaudin
Président du Comité Economique du
Médicament
|
|
" La
question n'est pas de savoir s'il y aura ou non
des pharmacies électroniques, la question est de
savoir quand il y en aura." |
|
|
Propos recueillis
par Christine
Bouchet
suite et fin (2/2)
Pensez-vous que la France soit mûre
pour s'engager vers les pharmacies électroniques ?
Il
y a un consensus sur certains aspects : la dématérialisation de
l'ordonnance et l'authentification des acteurs rendront l'exercice
électronique du métier de pharmacien incontestablement plus facile.
Bien entendu il faudra que la délivrance se fasse sous le contrôle
des pharmaciens, qu'il y ait une vérification de l'ordonnance, que
le pharmacien sache à qui il a affaire, mais tout cela est rendu
possible par l'authentification par carte et la dématérialisation
des ordonnances.
Je
pense que la question n'est pas de savoir s'il y aura ou non des
pharmacies électroniques, la question est de savoir quand il y en
aura. La question est celle de la date et de la vitesse de progression,
mais lapparition et le développement de pharmacies électroniques
sont à mon avis dans lordre naturel des choses. Les techniques
existent et si elles sont suffisantes pour garantir ce qui fait
le cur du métier et de la responsabilité des pharmaciens,
je ne vois pas pourquoi ce qui est vrai partout ne serait pas vrai
dans la pharmacie. Ceci dit ça marchera d'autant mieux si les pharmaciens
dofficine eux-mêmes prennent linitiative de ce développement.
A titre personnel, accepteriez-vous d'avoir
recours à une pharmacie électronique si celles-ci étaient légalisées
?
A titre personnel, oui, mais pour certains produits seulement.
Pensez-vous que ce nouveau mode de
distribution permettrait de faire des économies, et donc de financer
les médicaments innovants dans le futur ?
Il
n'est pas possible de faire un lien étroit entre les économies à
faire sur les différents aspects du marché du médicament : distribution,
générique, automédication, et entrée des nouveaux produits. L'échelle
n'est pas la même. La distribution ou les génériques, ou
l'OTC permettront de faire des économies une seule fois,
le temps qu'on capitalise l'économie de productivité, alors que
le problème de l'accueil des médicaments nouveaux est un problème
permanent. Faire des économies sur un des aspects du marché du médicament
permet de gagner un peu de temps et ce n'est pas à négliger,
mais cela ne résout pas le problème des nouveaux produits.
Que pensez-vous des sites Internet
offrant des informations de santé au grand public, et en particulier
des applications permettant de connaître les interactions entre
médicaments (type DrugChecker sur le site DrKoop)
Je
suis assez soupçonneux quand je vois l'extrême difficulté de gestion
des contre indications médicamenteuses dans le système actuel. D'autre
part, la prescription est un art qui ne peut pas être intégralement
résumé par des algorithmes.
Ces applications sont globalement utiles, mais il existe probablement
des cas où elles donnent des mauvais renseignements. Au total, sont-elles
bonnes pour la santé ?
Accepteriez-vous de contrôler ou de labelliser ce type d'applicatifs
?
Non,
ce n'est pas le rôle du Comité Economique. Ca ne pourrait être que
l'Agence. Mais je ne suis pas sûr qu'ils doivent être labellisés.
Si ce genre d'outil pouvait être mis à disposition des médecins
sur le RSS, il faudrait le faire.
Pensez-vous que ce type de sites améliora
l'observance et facilitera l'accompagnement du patient ?
Je
pense que oui. Le fait que les patients disposent d'informations
sur les médicaments, les interactions, les produits disponibles,
leur permettra de dialoguer plus facilement avec leur médecin. Cela
peut également encourager le médecin à se former. C'est donc très
bien.
Et la gestion on line du dossier patient
?
Je
pense quil y a un intérêt de santé publique évident à ce que
la gestion des dossiers des patients utilise les possibilités offertes
par les nouvelles technologies de linformation et de la communication..
Mais je ne sais pas qui doit le faire, si ce doit être une gestion
partagée ou centralisée et je ne suis pas hostile à une certaine
concurrence. Il s'agit d'une activité de services, et dès l'instant
qu'on y met les garanties nécessaires en termes de confidentialité
et de sécurité, de conservation, d'accès et de transmission, elle
peut être tenue par des sociétés de service, par des hôpitaux ou
par des groupes de médecins.
Que pensez-vous de l'évolution du
RSS et du paysage informatique, avec l'émergence des concentrateurs
et des réseaux associés ?
Sur
ce point je pense que les choses vont dans le bon sens. Depuis le
moment où j'ai fait connaissance avec ces sujets (janvier 98), trois
problèmes très importants ont été résolus.
D'abord
à l'époque certains se demandaient ce nétait pas mon
avis- si on nétait pas en train de dépenser en pure perte
des sommes considérables avec la télétransmission et Sésame Vitale.
Nous savons maintenant que ce n'est pas le cas. Il aurait peut être
été possible de dépenser un peu moins d'argent, de faire des choix
un peu différents ou daller un peu plus vite, mais plus personne
ne doute que la dématérialisation des feuilles de soins ne soit
une bonne idée, et que les grands choix technologiques effectués
pour le mettre en uvre tiennent la route. Les gains de productivité
attendus au niveau des caisses auront certes un peu de retard, ce
qui n'a rien de trop surprenant. De toutes façons les caisses n'auraient
pas pu supporter l'accroissement des flux papier.
Ensuite,
à cette époque qui nest pas si lointaine, il se disait encore
quune bonne part du monde médical nétait pas prêt à
accepter l'informatique. Ce n'est plus le cas aujourd'hui que pour
des individus s'exprimant à titre isolé. Les questions portent actuellement
sur les méthodes, les projets, mais plus personne ne se demande
s'il y a de la place pour l'informatique ou les réseaux dans le
monde de la santé. Il y a au contraire une floraison de projets.
Troisième
élément, les difficultés de démarrage du RSS n'ont pas empêché que
le standard RSS s'impose. Libéralis fait du RSS à sa façon, la Cegedim
utilise l'infrastructure du RSS. Je pense qu'il n'y a pas longtemps
à attendre pour que ces acteurs développent des solutions interopérables.
L'idée qu'il y avait un besoin de communication sécurisée et confortable
entre les médecins et les hôpitaux, l'idée de l'association et celle
de la concurrence (personne n'a de monopole) ont permis de créer
un système durable et porteur dun développement rapide.
Quels sont vos sites préférés ?
J'ai
gardé une certaine tendresse pour les sites traitant de la télétransmission
Médito,
Remed, Amgit
Je trouve que le nouveau site de l'Assurance
Maladie est bien fait, notamment la présentation des équivalents
thérapeutiques. Je vais de temps en temps voir les sites institutionnels
SNIP, grands
laboratoires.
Le
comité Economique a-t-il des projets Internet ?
Je
pense que oui. Le fait que les patients disposent d'informations
sur les médicaments, les interactions, les produits disponibles,
leur permettra de dialoguer plus facilement avec leur médecin. Cela
peut également encourager le médecin à se former. C'est donc très
bien.
Subject:
Réagissez à l'interview de Noël Renaudin
Date: Thu, 24 Feb 2000 19:50:09 +0100
From: lemaire.francois@wanadoo.fr
Le prix du médicament n'est
pas de la responsabilité des médecins, prescrivons en
DCI avec la forme galénique de notre choix. Le pharmacien
choisira la marque. La pharmacie électronique restera
limitée encore pour longtemps en France. Le support papier
de l'ordonnance est indispensable pour le patient, même
si sa prescription est transférée au pharmacien sur une
carte à puce, type Sesam-Vitale2. Le problème le plus
important à régler est celui du dossier médical partageable
entre les acteurs de santé pour une meilleur prise en
charge du malade : quel contenu, quel support, qui
accède aux données? Il faut déjà faire avancer la communication
sécurisée du monde de la santé sur le terrain.
Avec mon souvenir, de nos
séances de travail 1998, le plus cordial à Monsieur Renaudin.
Docteur Francois LEMAIRE
|
Réagissez
à
cette interview.
Retrouvez toutes
les autres interviews.
|