Novembre 2000

Alain Clergeot

Directeur général de Chugai France

"Les essais cliniques en ligne sont particulièrement bien adaptés à l'environnement de la recherche clinique dans lequel le taux de pénétration des outils électroniques est assez fort."

Propos recueillis par Gaëlle LAYANI et Mathieu OZANAM

20 octobre 2000
suite et fin (2/2)

Pensez-vous que les pharmacies en ligne vont bientôt pousser comme des champignons en Europe ? Est-ce inéluctable ?

Tout d'abord, la part des ventes de médicaments en ligne dans le secteur pharmaceutique aux Etats-Unis est, je pense, extrêmement faible. On voit surtout des sites fleurir sur certains produits spécifiques qui traitent notamment l'alopécie, l'anorexie ou l'impuissance. D'ailleurs, ces sites ne sont pas obligatoirement américains et viennent d'endroits où il règne un certain flou juridique en la matière. Je ne pense pas que la e-pharmacie visant le consommateur final représente une part importante, même si la presse en fait ses choux gras. Ce n'est pas pour autant un feu de paille. Le secteur doit s'installer. La vente directe au patient est réglementée aujourd'hui en France. Vous ne pouvez pas vendre des produits pharmaceutiques par correspondance. Ces dispositions réglementaires devront évoluer, car l'Internet n'a pas de frontières. Malgré tout, je suis intimement persuadé que la e-pharmacie va se développer en Europe.

Quelle est votre opinion sur les essais cliniques en ligne ?

Internet est particulièrement bien adapté à la gestion des essais cliniques. La gestion en ligne raccourcit considérablement les temps de transmission des données. Il est possible d'avoir une vision transversale pratiquement en temps réel. Cela permet de réduire les coûts liés au monitoring, en évitant d'envoyer quelqu'un sur les sites pour s'assurer que le CRF est bien rempli. Les essais cliniques en ligne sont particulièrement bien adaptés à l'environnement de la recherche clinique , où le taux de pénétration des outils électroniques est assez fort.

Envisagez-vous de conduire des essais thérapeutiques en ligne ?

Oui, c'est pour moi pratiquement une obligation. Très rapidement, on va être amené à procéder de cette façon dès lors que l'outil sera standardisé et que l'entreprise au sens général sera impliquée. Les Japonais, à cet égard, ont pris un peu de retard sur Internet, mais ils sont en train de le rattraper. Il faut intégrer cet outil à la culture de l'entreprise, d’où l’importance d’un Intranet très opérationnel. Une fois que ces conditions seront réunies, tout basculera très vite.

Surfez-vous beaucoup sur Internet ? Quels sont vos sites préférés ?

Je suis abonné à quelques listes de diffusion en relation avec mon activité professionnelle (en hématologie, notamment). Cela me permet de comprendre la problématique, le désarroi ou les espoirs des patients traités par le type de produit que nous commercialisons. C'est une forme de veille. De la même façon qu'autrefois, on réunissait des patients au sein de "focus groups".
Je suis également abonné à un grand nombre de lettres d'information envoyées par les sites en santé (Pharmaceutiques, Doctissimo, France-Cancer et Medespace, Atmédica, Eurasanté, Medcost, la lettre de veille biotechnologique de l'Ambassade de France aux Etats-Unis, etc.) mais également par des sites plus généralistes (notamment le Journal du Net, La Tribune), pour voir ce qui se passe dans d'autres secteurs. Pour moi, c'est indispensable. En effet, je pense qu'il peut y avoir des transferts d'expérience d'un secteur à l'autre. Il est intéressant de savoir comment les fleuristes en ligne, par exemple, parviennent à transposer leur univers très sensoriel sur le Net.
J'effectue également une veille concurrentielle importante sur le Net pour suivre nos concurrents et leurs produits.
Enfin, en dehors des moteurs de recherche classiques, j’utilise volontiers Copernic comme metamoteur , Je suis un habitué du Boursorama et du site Medcost. J'utilise aussi beaucoup les sites qui facilitent la vie au quotidien : circulation routière, météo, programmes des spectacles culturels, etc.

Utilisez-vous les sites de commerce en ligne ?

Je commence. J'achète de plus en plus en ligne. 

Ne seriez-vous pas un peu cyberdépendant ?

Non, pas du tout (rires), mais si je cherche quelque chose, je vais d'abord sur Internet , car cela me facilite la vie. 

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