La
diffusion de la télémédecine
M.
Kerlau et N. Pelletier-Fleury :
Monique
Kerlau a présenté un article sur « Restructuration du système
de soins et diffusion de la télémédecine ».
19
février 2001
Les
auteurs partent du décalage entre les promesses de l’utilisation
des TIC dans un système de soins à la recherche de nouvelles formes
de coordination et la réalité, faite d’expérimentations jusqu’à
présent difficilement pérennisables. Le fonds du problème réside
dans le fait qu’en expérimentant un dispositif de télémédecine,
les médecins doivent expérimenter simultanément une organisation
médicale intégrée, c’est-à-dire des relations professionnelles et
économiques mutuellement dépendantes.
Faible
réactivité du système de soins aux TIC
L’adoption
de technologies lourdes d’équipement médical dans les années 1980
a été un succès, mais elle n’avait qu’un faible impact organisationnel.
Par contraste, les innovations organisationnelles (comme la départementalisation
hospitalière) ont été des échecs patents. Or les TIC concernent
l’organisation et ses frontières. Elles touchent de surcroît le
cœur de la démarche médicale à travers le couple information décision.
La réalisation
des potentialités des TIC est donc liée à un certain nombre de conditions
permissives. Dans le système de soins, ces conditions passent par
la redéfinition des modes d’organisation des soins privilégiant
de nouveaux modes de coordination et de nouvelles formes de coopération,
favorable à l’intégration informationnelle et technologique. Ce
processus est en cours, mais il peut être source de tensions importantes
dès lors qu’il s’associe à des réallocations de ressources.
Réseaux
de soins et télémédecine
Pour
analyser les conditions de diffusion de la télémédecine, les auteurs
envisagent les nouveaux modes d’organisations des soins et les enseignements
tirés des projets d’informatisation.
Le système
de soins évolue vers des formes d’organisation intégrées, les réseaux
des soins (inter-établissements, ville-hôpital, ville-ville). Les
auteurs, à la suite de Khélifa, en dégagent deux formes polaires :
-
le
réseau gradué, spécialisé et
hiérarchique.
-
le
réseau communautaire
d’exercice professionnel, non obligatoirement spécialisé et
coopératif
D’autre
part, les analyse sur la relation entre organisation et informatisation
montrent que :
-
le
potentiel d’utilisation des technologies
de l’information et de la communication est d’autant plus élevé
que l’organisation est centralisée (volume important d’information
pour assurer la coordination fonctionnelle, circuits d’information
préétablis et stables, règles routinières, flux unidirectionnels)
-
la
spécialisation fonctionnelle rend les unités
et les tâches fortement interdépendantes, cette interdépendance
accroît les besoins de coordination horizontale et les flux
d’information
Il
est alors possible de prédire que l’information intégrationnelle
et technologique par l’usage des TIC est d’autant plus cohérente
que les réseaux s’organisent dans des réseaux gradués, mais aussi
que les TIC ont un rôle à jouer dans la forme d’intégration que
représente le réseau communautaire.
Dans
les réseaux gradués, la télémédecine s’accompagne d’une réaffectation
des droits de décision entre les différents professionnels, elle
a des répercussions importantes sur le contenu de leur activité.
Dans les réseaux communautaires, la télémédecine revêt le caractère
d’une aide à la décision médicale, elle participe à la dynamique
du réseau, les relations entre les professionnels ne sont pas bouleversées.
Suite
au Plan de périnatalité 1995-2000, les réseaux obstétrico pédiatriques
représentent l’archétype des réseaux gradués. Ils ne reposent pas
sur la durée et les contacts répétés, mais sont destinés à gérer
l’urgence. Les pouvoirs publics ont défini clairement la spécialisation
et le rôle de chaque acteur, et ils financent la communication électronique
et la visio conférence entre maternités.
Les
applications médicales des TIC offrent donc des opportunités intéressantes
pour favoriser la viabilité et l’efficacité d’un système de soins
organisé en réseaux, mais l’évolution vers un nouveau paradigme
technico organisationnel reste lente.
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19 février 2001
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