L’administration
face
à l’innovation
William Dab,
chef de cabinet de Lucien Abenhaim
(Directeur Général de la Santé) :
Administration
et diffusion de l’innovation
19
février 2001
William
Dab, chef de cabinet de Lucien Abenhaim (Directeur Général de la
Santé) a rappelé les principes qui guident l’acceptation d’une innovation
par les tutelles. Si certains critères sont bien connus des économistes
de la santé, d’autres apparaissent plus originaux.
De
façon classique, les autorités considèrent l’ampleur du problème
de santé public concerné (fréquence, gravité, coût) et l’efficacité
apportée par l’innovation, par rapport aux technologies déjà existantes.
Toutefois,
l’analyse coût-avantage ne devrait pas se limiter à appréhender
l’avantage de la technologie au niveau individuel et de façon expérimentale.
Elle doit envisager l’impact collectif : tous ceux, et seulement
ceux qui ont intérêt à bénéficier de la technologie devront y avoir
accès lorsqu’elle sera lancée.
L’analyse
doit aussi considérer des critères auxquels on ne pense pas immédiatement :
l’impact des technologies sur la facilité d’accès, sur l’observance,
la traçabilité, leur pouvoir d’éviter des alternatives risquées,
le risque qu’elles peuvent faire courir de créer un état de dépendance
si elles viennent à manquer, le sentiment de protection qu’elles
peuvent procurer…
Un
problème important est celui des « risques faibles »,
auquel les autorités doivent porter d’autant plus d’attention qu’ils
sont controversés. En effet, un risque faible concernant une grande
population, par exemple en matière de pollution, peut être plus
nocif qu’un risque fort sur une petite population.
Finalement,
les autorités doivent parvenir à :
-
instaurer
une logique d’objectifs,
à la place d’une logique d’outils. L’annonce récente du ministère
sur des objectifs en matière de nutrition est un bon exemple
d’une logique d’objectifs.
-
mettre
simultanément sur le marché
une technologie et sa technique d’évaluation
-
parvenir
à développer un systèmes d’information performant, plus à même
de faire le lien entre les ressources utilisées et l’état de
santé des patients
-
développer
une responsabilité
de santé publique, au sens anglo-saxon d’accountability (rendre
compte et tracer), qui serait le parallèle de la responsabilité
du médecin vis-à-vis de la santé du patient
Récemment,
afin de renforcer l’expertise scientifique de l’administration,
la DGS a créé une cellule d’appui scientifique qui devra jouer un
rôle important dans le dispositif de l’administration sanitaire
française.
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19 février 2001
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