Les
entreprises de biotechnologie
Philippe
de Taxis du Poët
(Commission Européenne – DG Recherche) :
Le
financement de biotechnologie en Europe
19
février 2001
suite et fin (3/3)
La
fin du « paradoxe européen »
L’évolution
de la biotechnologie remet en cause l’idée selon laquelle l’Europe
manque de pragmatisme. L’explosion des sociétés de biotechnologie
a montré que les européens menaient certes une recherche fondamentale
de qualité, mais qu’ils savaient aussi exploiter les résultats de
ces recherches.
Aujourd’hui, ce qu’on appelait le paradoxe européen ne semble plus
qu’un mauvais souvenir. L’investissement annuel européen en biotechnologie
est en constante augmentation depuis 1992. Par contre, l’investissement
dans l’environnement et l’agroalimentaire régresse du fait de la
perception que les « capital-risqueurs » ont de la société.
En cinq ans le nombre d’entreprises de biotechnologie a été multiplié
par 3 et leur revenu par 5. On dénombre aujourd’hui en Europe 1351
entreprises de biotechnologie. 50% des nouveaux emplois crées depuis
quatre ans le sont dans le secteur des hautes technologies.
La création des nouveaux marchés a probablement joué un rôle important
dans le développement du capital-risque en Europe. L’EASDAQ a été
créé 25 ans après le NASDAQ. Mais si les progrès sont indéniables
l’Europe a encore des défis à relever. A l’heure actuelle, les efforts
de recherche restent fragmentés. L’Europe compte quinze programmes
nationaux de recherche non coordonnés, et un programme européen.
L’investissement européen dans la recherche est encore trop faible.
Alors qu’il représente 2,75% du PNB aux Etats Unis et 2.45% au Japon,
il ne représente que 1,9% en Europe. Philippe de Taxis du Poët souligne
trois évolutions souhaitables pour l’Europe, la création du brevet
communautaire, l’intégration des marchés financiers, et la création
d’un espace européen de la recherche.
Du processus de dynamique linéaire à la dynamique
intégrée
Aujourd’hui,
on ne conçoit plus le processus d’innovation comme un processus
linéaire entre la recherche fondamentale, la recherche appliquée,
le développement et l’innovation mais comme un processus intégré.
Autour des start-up de biotechnologie se sont créés des réseaux
qui regroupent les laboratoires de recherche, les industries et
les investisseurs.
Le
développement des entreprises de biotechnologie a permis l’émergence
d’un nouvel acteur, « le chercheur entrepreneur ». Grâce
à des structures comme le Génopôle ou INSERM TRANSFERT, il n’est
désormais plus nécessaire d’abandonner la science pour créer sa
start-up.
Prospective :
quel est l’avenir des grands groupes ?
Les
start-up de biotechnologie ne sont pas des entités régionales. Le
marché de l’industrie pharmaceutique est le marché mondial, et si
elles veulent survivre, les entreprises de biotechnologie doivent
se constituer en réseau pour être compétitives. On assiste donc
à une nouvelle étape en Europe, celle de la consolidation pour ces
start-up. Les fusions et les alliances se multiplient. Leur objectif
est d’être plus fortes et plus compétitives, donc plus attractives
pour les grands groupes.
Le
débat qui a suivi la présentation de Philippe de Taxis du Poët a
notamment porté sur l’évolution du paysage de l’industrie pharmaceutique.
Le
mouvement de fusions des start-up se fait parallèlement à un mouvement
de parcellisation des industries pharmaceutiques. Les entreprises
de biotechnologie se regroupent pour être plus puissantes face aux
grands groupes industriels. Les industries pharmaceutiques rendent
leurs unités de recherche indépendantes, celles-ci deviennent des
clientes de la holding.
Cette
évolution signifie-t-elle qu’à l’avenir les start-up de biotechnologie
vont devenir des concurrentes des grands groupes pharmaceutiques,
ou une fois la révolution génétique « terminée » assistera-t-on
à un mouvement de ré-internalisation des start-up dans les grands
groupes ? Les entreprises de biotechnologie n’auraient été
alors qu’une forme temporaire de recherche efficace.
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19 février 2001
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