La substitution par
les génériques est-elle suivie ?
Catherine
DUPILET
2 novembre
2000
suite et fin (2/2)
La substitution, indissociable de la
politique globale de maîtrise des dépenses de santé
Il reste que la substitution
doit s'évaluer au regard de la politique globale de maîtrise des
dépenses de santé. On attend de la substitution quelle permette
de respecter l'ONDAM médicaments. Or, si les comptes de la Sécurité
sociale sont excédentaires, les dépenses de lAssurance maladie
dépassent, cette année encore, lONDAM de onze milliards de
francs. Ceci est notamment dû au poste médicaments, qui a connu
une progression de ses dépenses de 6 à 7 % (voire de 8,7% selon
les chiffres de la Sécurité sociale), soit un dépassement de 6,2 milliards
de francs.
Néanmoins, lobjectif
de la substitution nest pas uniquement la diminution globale
des dépenses médicamenteuses. Elle doit permettre également une
meilleure allocation de lenveloppe des médicaments. Comme
le soulignent Claude Le Pen et Fabienne Bartoli dans une étude sur
la croissance des dépenses pharmaceutiques disponible sur le site
du SNIP, la substitution,
associée aux Références Médicales Opposables, à la réévaluation
des produits et au développement de lautomédication, permet
de diminuer la part de remboursement des anciens produits (tout
nouveau médicament est protégé pendant vingt ans par un brevet).
La substitution et les politiques de déremboursement des médicaments
à faible ASMR, c'est-à-dire peu innovants, (Martine Aubry a annoncé
la limitation du taux de remboursement des vasodilatateurs à 35%)
permettent un arbitrage plus favorable aux médicaments à forte ASMR.
Selon létude
dACS, les pharmaciens pensent majoritairement que leurs interlocuteurs
privilégiés seront à lavenir, les laboratoires. En effet,
les industries pharmaceutiques doivent saffirmer dans un marché
de plus en plus concurrentiel marqué par les politiques de déremboursement,
le développement des génériques, et de lOTC. Elles doivent
donc avoir des politiques astucieuses de commercialisation de leurs
produits.
Elles peuvent étendre
les prescriptions de leur médicament, développer de nouvelles formes
galéniques, développer de nouveaux modes dadministration.
Le déremboursement dun médicament peut ainsi saccompagner
dun changement de packaging (volume, ouverture, fermeture,
sécabilité).
Elles doivent anticiper la fin de « vie brevetée » de
leur produit par une planification ou par la technique du switch
(convertir de façon anticipée un produit remboursable en un produit
grand public).
Le déremboursement les pousse à avoir une politique diversifiée
pour répartir les risques dinvestissement et bénéficier de
subventions croisées, cest-à-dire à développer à la fois des
molécules classiques, des génériques, et des OTC.
Certes la substitution
par les génériques na pas tenu toutes ses promesses, mais
il faut laisser le temps aux pharmaciens de sadapter à leur
nouveau rôle, et aux patients daccepter que le médicament
prescrit par leur médecin puisse être remplacé.
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