Elections :
désunion ?
Mathieu
OZANAM
31
mai 2000
Suite et fin (2/2)
La
reconnaissance du grand public, quant à elle, tarde mais ce pourra
être lobjet dune communication à venir. Les 50 spots
de 20 secondes de la campagne de publicité télévisée des Unions
Régionales de Médecins Libéraux diffusés du 20 au 28 mars 1999 sur
TF1, Canal Plus, M6 et LCI ne semblant pas avoir marqué les esprits.
Le
rapport initial de lIGAS délivré un mois avant les élections
insistait sur le non respect par certaines URML des missions que
la loi lui a confiées. La raison ne réside-t-elle pas dans le fait
que ses missions ne sont- trop vastes ? Analyses et études
relatives au fonctionnement du système de santé, à lexercice
libéral de la médecine, à lépidémiologie, à lévaluation
des besoins médicaux; évaluation des comportements et des pratiques
professionnelles en vue de la qualité des soins; organisation et
régulation du système de santé; prévention et actions de santé publique
; coordination avec les autres professionnels de santé ; information
et formation des médecins et des usagers, comme dit le proverbe :
" à trop vouloir étreindre,
. "
Les
Unions ont-elle les moyens de leurs ambitions ? Les ressources
des Unions sont constituées des cotisations obligatoires denviron
850 Francs prélevées par lURSSAF. Elles sont reversées aux
URML par lACOSS proportionnellement à leur poids démographique
après péréquation afin de ne pas laisser les Unions les moins peuplées
sans ressources. Les URML les plus riches se trouvent sans surprise
dans les régions où la densité des médecins est la plus importante :
lIle-de-France (412 pour 100 000 habitants) et la Provence-Alpes-Côte-dAzur
(403 pour 100 000) tiennent la tête du classement.
Les
Unions ont aussi été victimes de retard dans la publication de décrets :
sur lévaluation, sur la formation médicale continue (où elle
fait double emploi avec les Conseils Régionaux de la FMC), sur les
réseaux, sur la transmission des données dactivités des médecins
de la part des caisses dassurance maladie pourtant prévue
par la loi Teulade.
Mais
sur ce dernier point 15 Unions sur les 26 nont pas hésité
à se lancer dans laventure Libéralis. Le réseau, ouvert le
14 décembre 1999 et confié à France Télécom après appel doffre,
propose une messagerie sécurisée, un serveur d'informations professionnelles,
un service monétique, un gestionnaire d'enquêtes, un concentrateur
de FSE, des outils de travail partagé, et un accès à Internet illimité.
Les
Unions auraient sans doute plus de poids si elle sexprimaient
dune seule voie, la Conférence des Présidents des Unions pourrait
être un organe plus présent et plus écouté.
L'inspection
générale des Affaires sociales (IGAS) a mené un audit sur le fonctionnement
de 7 unions (Alsace, Bourgogne, Ile-de-France, Limousin, Pays de
la Loire, Poitou-Charentes et Rhône-Alpes). Si elle a malmené certaines
dentre elles, cette évaluation donne des pistes pour renforcer
ces structures régionales et les rendre irréprochables. Maintenant
que la phase dinstallation et dapprentissage est passée
les Unions pourront vraiment être jugée sur leurs réalisations.
La seconde mandature sera celle de la maturité.
La
loi de modernisation qui sera discutée à lautomne prépare
la régionalisation du système de santé. Les Unions peuvent donc
être promises à un bel avenir au prix de quelques réajustements
organisationnels et dune professionnalisation.
Les
URML : une nouvelle structure
Le concept
des Unions de médecin naît dune réflexion de la
CSMF au début des années 90.
La loi du
4 janvier 1993 et le décret du 14 décembre 1993 relatif
aux unions régionales des médecins exerçant à titre libéral
donne le jour au " Parlement des médecins ",
comme ils aiment eux-mêmes sappeler.
Les médecins
sont élus pour une durée de 6 ans dans deux collèges,
lun pour les généralistes, lautre pour
les spécialistes. Le nombre de ses membres varie selon
la population médicale de la région. Ensemble ils composent
l'assemblée générale qui élit le bureau, choisit les projets
et vote les budgets. Le travail se répartit en autant
de commissions que de thèmes choisis.
Contrairement
à leur cousines allemandes qui participent à la gestion
budgétaire du système de santé, les Unions françaises
sont créées pour organiser la profession, réaliser des
études visant à optimiser la qualité des soins offerts
aux patients et faire la promotion de la médecine libérale.
C'est la
première fois que la médecine libérale dispose dun
outil de promotion de la médecine libérale indépendant
grâce aux contributions obligatoires versées par chaque
médecin libéral, ce qui leur permet, sauf brusque changement
démographique de sassurer la pérennité de leurs
revenus.
Leur naissance
ne soulève pas lenthousiasme des autres syndicats
qui se montrent assez réservés à son égard, mais qui participent
tout de même. La FMF a revu son jugement à loccasion
de ces élections, en revanche MG-France fait un constat
déchec par la voix de son Président.
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