Enfin, la mise en uvre
de fonctionnalités marchandes ou de services transactionnels suppose
de connecter les services Web aux réseaux informatiques de lentreprises,
afin dassurer un continuum fonctionnel et logistique dans
la délivrance de prestations électroniques.
Pour toutes ces raisons,
les informaticiens auront dans les mois et les années à venir une
responsabilité majeure dans la conception, la réalisation et la
maintenance des applications Web. Habitués à mettre en place des
architectures complexes, structurées et documentées, ils devront
imaginer des solutions performantes pour faire face à lindustrialisation
du Web. Pour ne prendre quun exemple, la gestion des liens
hypertextes (internes et externes) nécessitera bientôt le recours
à des outils nouveaux. En effet, lévolution des adresses Web
provoquent des cassures de liens dommageables à lergonomie
dun site. Il est donc nécessaire dassurer la gestion
des liens au travers dun moteur dindexation capable
de remonter à la page daccueil du site cible (voire deffacer
le lien) lorsquun lien vers un document précis est rompu,
provoquant ainsi une erreur404. Ce type dévolution
dans lingénierie Web est fortement consommateur de ressources
techniques. Les directeurs informatiques profiteront naturellement
de ce " retour de la complexité ".
Ils doivent pour cela
accepter linversion des mécanismes décisionnels observée actuellement.
Alors que les informaticiens dictaient aux marketers les règles
à suivre pour développer un Web (fixant ainsi lespace du possible
et, en pratique, la nature et le contenu des applications), ce sont
désormais les marketers (et les directions générales) qui fixent
les objectifs et les fonctionnalités à développer, laissant aux
informaticiens le soin de choisir les moyens techniques pour satisfaire
leurs demandes. Ils savent désormais quil ny a pas de
limites techniques à leurs ambitions. Cette mini-révolution Copernicienne
ne devrait pas surprendre outre mesure les informaticiens, habitués
à travailler à partir de cahiers de charges. Beaucoup se satisfont
dailleurs de voir enfin leurs collaborateurs formuler des
attentes claires à légard du Web.
Certes, la montée en
puissance des marketers sur le Web laisse augurer une cohabitation
difficile avec les informaticiens, premiers occupants du lieu. Personne
ne niera que ces deux populations nont jamais été en très
bons termes ; Scott Adams s'inspire d'ailleurs de ce clivage dans
les meilleures histoires de Dilbert.
Depuis trois ans, les entreprises tentent damener les marketers
et les informaticiens à travailler ensemble pour développer leurs
projets Web. Une revue exhortait même, dans un article publié en
juin 98 et intitulé Building
bridges, les marketers et les informaticiens à " enterrer
la hache de guerre " pour travailler ensemble sur les
nouveaux réseaux, leurs compétences conjointes étant requises. Dans
de nombreux secteurs dactivité, ces départements étaient restés
relativement étanches. Avec lexplosion du e-business, cet
ostracisme nest plus possible, sous peine de condamner les
ambitions de lentreprise.
Il ne faudrait pas
non plus penser que le couple informaticien/marketer, même harmonieux,
suffit à conduire efficacement un projet Web. Ce binôme doit sadjoindre
les compétences de tous les corps de métier que compte lentreprise
pour être en mesure de déployer un service global (" end-to-end ")
intégré dans le fonctionnement quotidien de lentreprise. Les
logisticiens, les juristes, les vendeurs, les communiquants et les
gestionnaires de ressources humaines, entre autres, sont ainsi invités
à participer à cette projection dans le commerce électronique.
Dans cet environnement
original, que deviennent les directeurs informatiques ? Plus
que jamais, leur avenir est ouvert. Le fait quils soient en
concurrence avec les directeurs marketing sur des enjeux aussi cruciaux
que le commerce électronique prouve quils sont devenus des
managers complets, dotés dune vision stratégique et capables
dassumer des projets transversaux. Les directeurs informatiques
sortent progressivement de leurs fonctions traditionnelles ;
leurs missions sétoffent ; ils sont de plus en plus consultés
sur les sujets généraux et de moins en moins rattachés à la direction
financière. Il est logique que cette promotion saccompagne
dune mise en concurrence avec les autres cadres dirigeants.
En somme, le succès des marketers sur le Web saccompagne dune
montée en puissance des gestionnaires de linformation au sein
des entreprises. Bientôt, le clivage entre directions informatiques
et marketing naura plus de sens : les premières pourront
être occupées par des non techniciens tandis que les secondes emploieront
de plus en plus de spécialistes des nouvelles technologies.
Dailleurs, la
fonction de Chief Information Officer tend à simposer,
au détriment de celle, plus restrictive, de Directeur informatique
(ou DSIT, directeur des systèmes dinformation et des télécommunications).
Le CIO conçoit et organise la politique de gestion de linformation.
Ses attributions sont larges. Outre lorganisation du système
dinformation interne, il prend en charge une partie de la
communication externe (électronique notamment), organise les relations
électroniques avec les partenaires de lentreprise (fournisseurs,
prestataires, etc.), assure la veille technologique et concurrentielle
(gestion de linformation stratégique), participe à la formation
des collaborateurs de lentreprises (gestion de larbre
de connaissance) et organise la sécurité informationnelle (protection
des secrets industriels, lutte contre les fuites dinformations,
etc.).
Désigner un CIO est
devenu un exercice difficile puisque les responsabilités quil
doit assumer supposent des vertus quon ne rencontre plus guère
que chez les moutons à cinq pattes :
" If
a company wants to cook up an e-commerce strategy, sooner
or later it will need to find the right chef to lead it.
The question is, Who? Should a company pick someone from
marketing who knows how to speak the customer's language
but doesn't know a firewall from a proxy server? Maybe
someone from IS who knows how to build links to the company's
back-end systems but doesn't know how to build a brand?
Or an outsider who is already up to speed on e-commerce
but would need to get up to speed on company politics?
There are some personal attributes that any e-commerce
executive must have. Communication and relationship-building
skills are crucial, since an e-commerce executive must
often negotiate with outside partnersor even trickiernegotiate
internal conflicts over the way an e-commerce effort meshes
with the existing business. Leadership ability is also
a must, given that e-commerce strategists will be venturing
into uncharted and fast-changing business and technology
territory. "That person is going to have to make
some tough decisions without there being a clearly defined
right way to do things they have to really be leaders,
not implementers."
(1)
Extrait de
Title
search, article publié dans la revue CIO Webbusiness
Pour contrer cette
difficulté, les entreprises américaines tendent actuellement à segmenter
les responsabilités. Le CIO se trouve ainsi assisté dun WIO
(Web Information Officer), responsable des systèmes dinformation
externes (front office) et dun directeur informatique au profil
conventionnel, responsable du système dinformation interne
(back-office).
Ces nouveaux managers
de linformation ont le vent en poupe. Les CIO ont désormais
leurs journaux, leur radio, leur site Web (www.cio.com),
leurs centres de formation continue, leurs récompenses, leurs associations
(The Healthcare
Information and Management Systems Society en santé par exemple).
Leffervescence du marché de lemploi dans le secteur
des NTI en fait des cibles de choix, dautant que les entreprises
savent que le succès de leurs stratégies e-business dépend pour
une large part de la personnalité de celui ou celle qui les portent.
Les opportunités offertes actuellement aux responsables informatiques
sont donc immenses, à condition quils étendent leurs capacités
plutôt que de renforcer leurs connaissances techniques.
Pour les responsables
dentreprises, choisir le bon manager pour soccuper des
stratégies de e-business est une tâche difficile. Il ny a
pas de modèle unique du parfait CIO, ni de grille de sélection éprouvée
universellement. Dans ces métiers en cours dinvention, la
personnalité des candidats et leur passion pour le Web priment souvent
sur dautres considérations. La qualification du responsable
Web dépend en outre des facteurs clefs de succès identifiés sur
un marché électronique donné. Si le succès dun service dépend
dune performance technologique (ex : développement dun
agent intelligent pour organiser laccueil et lorientation
des utilisateur sur un Web), un ingénieur simposera. Si lenjeu
consiste à imposer une marque pour conquérir un marché grand public
(les portails santé jouent actuellement sur ce terrain pour se différencier),
un marketer fera davantage laffaire. Si le développement dun
service de e-commerce implique laménagement dun circuit
de distribution original, un logisticien aura probablement le leadership
(les pharmacies électroniques
comptent toutes des spécialistes de la vente ou de la distribution
dans leur direction). Enfin, lorsque le métier de lentreprise
lui-même est appelé à se transformer, la direction générale doit
assumer elle-même la conduite des projets Internet (les stratégies
Web sont gérées au plus haut niveau par les chaînes de pharmacie
américaines, soumises à une transformation radicale de leur activité
sous leffet des nouvelles technologies). En somme, pour savoir
qui doit soccuper de votre stratégie Internet, il convient
de définir au préalable ce que vous souhaitez faire sur le Web.
(1)
" Si une entreprise souhaite
se "mitonner" une stratégie en matière de commerce électronique,
elle devra tôt ou tard trouver le bon chef. La question est Qui
? Doit-elle choisir une personne issue du marketing en phase avec
le client mais incapable de faire la différence entre un firewall
et un serveur proxy ? Ou une personne issue de la communication
qui connaît les rouages internes de l'entreprise mais ne sait pas
construire une marque ? Ou bien encore un outsider déjà opérationnel
dans le domaine du commerce électronique mais moins performant quand
il s'agit de la politique de l'entreprise ? Tout cadre dans
le commerce électronique se doit de posséder certaines qualités.
Les qualités relationnelles sont capitales, car il est souvent amené
à négocier avec des partenaires extérieurs, voire - plus ardu encore
- à arbitrer des conflits internes sur la façon dont le commerce
électronique peut s'intéger dans les activités existantes. Il doit
également montrer des qualités de chef, car les stratèges du e-commerce
s'aventureront sur des territoires mouvants et inexplorés. "Cette
personne devra prendre des décisions difficiles sans pouvoir se
référer à des orientations clairement définies. Elle doit être un
vrai meneur d'hommes, pas un exécutant. "
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