Sale
temps pour les start-up
Cédric
TOURNAY, Gaëlle
LAYANI
Laurent
ALEXANDRE
27 août
2000
Suite et fin (2/2)
La "e-santé"
n'est pourtant pas épargnée. PlanetRx,
citée plus haut, recherche désespérément de nouvelles sources de
financement. Après les secteurs de l'habillement et du jouet, la
pharmacie en ligne subit elle aussi la consolidation du marché.
Le titre PlanetRx clôturait encore à la baisse à 2,75 $ le
12 juin dernier. Le leader du marché, Drugstore.com,
n'a pas fait mieux puisque l'action est tombée à 8 $ après
avoir atteint 70 $.
La société issue de
la fusion de MedicaLogic
(dossiers médicaux électroniques) et Medscape
a également licencié 10 % de son personnel. Economies espérées :
20 millions de dollars. MedicaLogic/Medscape met cette décision
sur le compte de la fusion et a tenu à préciser qu'elle ne traversait
pas de difficultés financières contrairement aux autres "Dot
Com". Précision utile : le cours de l'action ne cesse
de chuter depuis la mi-mars dernier.
Les portails médicaux
généralistes et grand public ne peuvent plus se contenter de la
publicité comme seule source de revenus alors que la majorité de
leurs clients, à savoir d'autres start-up, réduisent désormais leur
train de vie et partant leurs budgets marketing et publicitaire.
Le vent a tourné, et les start-up n'engloutissent plus des sommes
faramineuses aux seules fins de faire parler d'elles et d'asseoir
leur image (lire
notre article sur le boom de la publicité en ligne - déc. 99).
Quant aux sociétés
de l'économie réelle, elles investissent dans la publicité en ligne
mais beaucoup moins et à un rythme plus lent que prévu. En effet,
elles se soucient surtout de renforcer leur marque et l'image de
leurs produits auprès du consommateur (futur acheteur dans le monde
réel). Force est de reconnaître que le format, trop pauvre, des
bannières en ligne s'y prête peu pour le moment. Seules des publicités
alliant vidéos et son peuvent laisser une impression durable dans
l'esprit de l'internaute. Or, ce type de publicité nécessite une
connexion à haut débit, qui n'est pas encore généralisée dans les
foyers.
DrKoop.com
semble avoir compris la leçon. Pour diversifier ses sources de revenus,
le portail santé grand public se lance dans le commerce électronique.
Il a en effet récemment conclu un partenariat avec la pharmacie
en ligne de la chaîne DrugEmporium.
DrugEmprorium,
recommandé par Dr Koop
Si pour le moment,
DrKoop se contente de recommander le site à ses internautes, les
deux sociétés espèrent lancer leur site marchand commun d'ici août 2000.
Le choix de DrugEmporium n'est pas innocent. Cette chaîne de pharmacies
traditionnelle a choisi d'ouvrir un site marchand en ligne en 1997.
DrKoop s'allie donc à un partenaire solidement implanté dans la
"vieille économie" (140 pharmacies dans les 50 Etats)
qui possède l'expérience, la logistique et les ressources nécessaires
pour faire fonctionner un commerce en ligne. Bien que le titre Drug
Emporium ait également fortement chuté, ce type d'alliance est susceptible
de rassurer le marché. De plus, contrairement à Hollywood Entertainment
(cf. supra), la chaîne de pharmacie semble bien décidée
à élargir ses activités Internet. Malheureusement, il pourrait fort
bien que le projet ne voit jamais le jour, car DrKoop est moribond,
et selon plusieurs observateurs, sa fermeture n'est plus qu'une
question de mois. Pris à la gorge, la société a du contracter un
emprunt pour payer ses employés
Drugstore.com, son
principal concurrent, est lui adossé au géant Amazon.com
qui détient 30 % des actions après avoir investi 30 millions
de dollars en janvier dernier. Malheureusement, colosse aux pieds
d'argile, Amazon a vu son action s'effondrer de près de 20 %
le 26 juin suite à un rapport de la banque d'affaires Lehman
Brothers émettant de sérieux doutes sur la solidité financière de
la société et sa capacité à réaliser des bénéfices. Si ses difficultés
devaient perdurer, Amazon entraînerait certainement Drugstore.com
dans sa chute par réaction en chaîne.
PlanetRx n'a pas cette
chance et selon certains experts, la société pourrait figurer parmi
les victimes de l'hécatombe prédite par Forrester si elle ne trouve
pas rapidement un partenaire traditionnel assez solide pour financer
une activité qui risque de rester déficitaire encore un certain
temps. A titre d'exemple, CVS, la première chaîne de pharmacies
aux Etats-Unis, déclarait en mars dernier que, selon ses prévisions,
sa pharmacie en ligne (www.cvs.com)
réaliserait ses premiers bénéfices en 2002
Les start-ups et les
acteurs engagés sur le Web se heurtent à la réalité. Ils découvrent
ce qui ne marche pas, ce qui n'est pas viable, démentant en cela
les hypothèses et prévisions hyper-optimistes des débuts.
Ainsi, la plupart des
recettes sensées attirer l'internaute ne sont pas aussi efficaces
qu'on le prétend. Les programmes de fidélisation n'incitent pas
à consommer davantage selon une étude de Jupiter Communication.
Le couponning et les points fidélité séduisent des internautes qui
souhaitent surtout profiter ponctuellement de réductions ou d'avantages
et l'affiliation n'a pas fait ses preuves (cf. notre article Où
va le e-commerce ?).
Ces faillites en série
ne doivent cependant pas inciter à jouer les Cassandre. Elles ne
sont que le pendant inévitable du bouillonnement créatif qui accompagne
toute révolution technologique. Le marché se consolide et s'assainit,
comme avant lui les secteurs de l'automobile ou de la micro-informatique.
Internet n'échappe pas à la règle et fête son entrée dans l'âge
de raison.
Réagissez
à cet article.
Retrouvez tous
les autres articles de la rubrique Internet Médical.
27 août 2000
|