Médicament :
la guerre des nerfs est déclarée !
François
Resplandy
19
février 2001
Depuis
l’adoption du PLFSS le 5 décembre 2000, une guerre des nerfs s’est
engagée entre les pouvoirs publics et l’industrie pharmaceutique.
En effet, la loi de financement a fixé à +3% la progression de l’objectif
national de dépenses de l’Assurance Maladie (ONDAM) pour le médicament
en 2001. Rappelons qu’au delà de 3% d’augmentation du chiffre d’affaire,
jusqu’à 70% de celle-ci doit être reversée ! Depuis lors, l’industrie
pharmaceutique et les grossistes-répartiteurs (dont la fourchette
de contribution est passée de 0,72-1,72% à 1,17-2,17%) s’insurgent
par l’intermédiaire de leurs représentants : le syndicat national
de l’industrie pharmaceutique (SNIP),
l’association des laboratoires internationaux de recherche ou LIR
(lire notre interview : Entretien
avec Isabelle Giri), la chambre syndicale de la répartition
pharmaceutique (CSRP),
etc. Pour eux, cette progression a été fixée arbitrairement sans
aucun fondement ni pharmaco-économique, ni de santé publique (lire
notre article : La mort annoncée de l'ONDAM).
Parallèlement,
la revue Prescrire, dans son numéro de janvier, a établi son traditionnel
bilan des médicaments de l’année 2000. Cet article récapitule, depuis
1981, les cotations des nouveaux médicaments année par année et
tente une analyse de la situation. Les industriels aussi bien que
les pouvoirs publics (les agences, en particulier) sont clairement
visés. Les uns pour la pléthore de produits « n’apportant rien
de nouveau » proposés et les autres pour leur laxisme :
évaluation minimale des produits, information inexistante, contrôle
de publicité insuffisant, flou juridique, politique de prise en
charge et de maîtrise des coûts hasardeuse. Ce bilan, largement
repris dans la presse spécialisée, n’a pas manqué de faire monter
la tension.
Pour
couronner le tout, le SNIP n’a pas été convié au « Grenelle »
de la santé, la réunion organisée par le Gouvernement le 25 janvier
dernier et sensée poser les fondations des réformes du système de
santé français. Dans un communiqué de presse du 24 janvier, le SNIP
a donc fait savoir son mécontentement (lire : SNIP - Actualités).
Même si ces réformes du système de soins ne concernent pas directement
l’industrie pharmaceutique, le Gouvernement ne semble pas vouloir
l’impliquer non plus dans la maîtrise des dépenses autrement que
par une participation au frais.
Le
SNIP, dans un communiqué,
le 30 janvier 2001, réplique et demande solennellement aux pouvoirs
publics de renouer le dialogue. Ce communiqué de plusieurs pages
dresse un bilan économique et thérapeutique de l’année 2000 et envisage
les perspectives pour 2001.
La progression des dépenses en médicament est
normale
Légitimité des nouveaux produits
Une
mission impossible
La
progression des dépenses en médicament est normale
En
introduction, le SNIP indique que la progression du « budget-médicament »
(remboursement en ville) pour 2000 a été de 8,83% et qu’elle sera
identique en 2001. Ce pourcentage peut, selon eux, être décomposé
en plusieurs causes : le transfert des médicaments à délivrance
hospitalière en officine de ville, l’instauration de la CMU (couverture
médicale universelle) et l’accroissement des besoins sanitaires.
Progression
du remboursement de médicament en officine en 2000
|
+8,83%
|
Transfert
Hôpital-Ville
|
+1%
|
CMU
|
+0,5%
|
Augmentation
des besoins sanitaires
|
+6
à +7%
|
L’augmentation
des besoins sanitaires est expliquée par l’augmentation du niveau
de vie, le vieillissement de la population, l’amélioration de la
prise en charge de certaines pathologies, les progrès thérapeutiques
(dont la part est évaluée à 2,5%).
Le
dernier rapport du
29 janvier 2001 de la CNAMTS
(et son analyse)
sur les remboursements de médicaments serait en accord avec cette
vision. En effet, entre les premiers semestre 1999 et 2000, le taux
de remboursement moyen des médicaments est passé de 72,2% à 72,9%
démontrant une augmentation de la prise en charge à 100%. Cette
variation serait due à l’augmentation de la prise en charge des
affections de longue durée (ALD). Hélas, le rapport ne précise
pas si cette variation est due à une augmentation du nombre de patients
ayant une ALD ou à une augmentation de la consommation médicamenteuse
chez les patients atteints d’une ALD. Dans le premier cas, cette
augmentation peut être le signe d’une amélioration de la médecine
préventive et du dépistage ou le signe d’une augmentation du nombre
de nouveaux cas. Dans le deuxième, s’agit-il d’une augmentation
du nombre de lignes de prescription ou de la prescription de nouveaux
médicaments plus chers ? Ces questions restent en suspens…
Le rapport met aussi en avant l’impact des nouveaux produits
sur l’augmentation des dépenses en médicament. Il est logique que
les nouveaux produits coûtent plus chers. Comme chacun sait, la
recherche et le développement sont devenus extrêmement onéreux,
en partie sous l’impulsion des pouvoirs publics d’ailleurs. Mais
derrière cette appellation « nouveaux produits », il faut
entendre les produits nouvellement disponibles à l’officine c’est
à dire les vrais nouveaux produits mais aussi les médicaments à
délivrance hospitalière maintenant disponibles en ville (anti-rétroviraux,
immunosuppresseurs, etc.). Ces produits qui ne sont pas parmi les
moins chers font partie du transfert Hôpital-Ville mentionné plus
haut et dans le tableau. A propos des nouveaux produits, il est
intéressant de noter que les médicaments issus des biotechnologies
(protéines recombinantes, anticorps monoclonaux, etc.) sont et seront
de plus en plus présents dans l’arsenal des médecins. Le prix de
ces médicaments est généralement plus important et même si, pour
l’instant, les pouvoirs publics s’échinent à restreindre la prescription
de ces produits, ils seront sûrement un jour disponibles en ville.
Le transfert Hôpital-Ville risque donc de perdurer... Pour finir,
les produits anciens ne sont pas en reste puisque, toujours
d’après le dernier rapport, 50% des remboursements concerneraient
des produits qui ont entre 9 et 30 ans !
Par
ailleurs, le SNIP souligne que l’augmentation des besoins sanitaires
et par voie de conséquence celle du budget médicament est parfaitement
normale. D’ailleurs, cette dernière est retrouvée dans de nombreux
pays industrialisés comme aux Etats-Unis (+16%), au Canada (+15%),
en Italie (+11%), en Allemagne (+5%), au Royaume-Uni (+9%) et en
Espagne (+9%).
Le
SNIP reproche aussi l’absence d’études médico-économiques globales
des coûts des pathologies. En effet, l’augmentation des dépenses
en médicaments semble être le signe d’une amélioration de la prise
en charge de ville mais les économies réalisées grâce aux nouvelles
thérapeutiques (diminution de la fréquence et de la durée des hospitalisations,
des arrêts de travail, des complications, etc.) ne sont jamais mis
dans la balance.
Suite
et fin (2/2)
19 février
2001
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Etude
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