TVA
des médicaments :
quel est le juste taux ?
©
Garo
Nathalie
Beslay, Avocat
ALAIN BENSOUSSAN-AVOCATS
et
Mathieu
Ozanam
8 mars
2002
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L'arrivée
de l'euro dans nos porte-monnaie a marqué l'avènement
d'un processus qui a commencé dans les années 50 en
vue d'aboutir à la construction d'un grand marché
unique européen, prémisse à une union politique.
Dans cette perspective l'harmonisation de la fiscalité est
l'un des grands chantiers de l'union en mouvement. L'idée
est d'empêcher les distorsions de concurrence entre les États
membres en limitant la disparité des taux de T.V.A. entre
les pays de l'Union.
Six directives ont été édictées à
cet effet entre 1967 et 1977, cette dernière étant
modifiée en 1992. Selon la directive de 1977, et conformément
au principe d'uniformité et de neutralité fiscale,
les marchandises semblables et concurrentes entre-elles ne doivent
pas être traitées de manière différente.
En conséquence, tous les produits d'une même catégorie
doivent être soumis au même taux de TVA. La politique
communautaire en matière de TVA distingue le taux normal
qui ne peut être inférieur à 15% et des taux
spécifiques prévus pour certains produits, dont les
médicaments, avec un taux minimal de 5%. Ce que l'article
12§3 de la directive européenne de 1977 (77/388/CEE
du Conseil européen) énonce ainsi : "Les Etats
membres peuvent appliquer soit un, soit deux taux réduits.
Ces taux sont fixés à un pourcentage de la base d'imposition
qui ne peut être inférieur à 5%." Les taux
inférieurs à 5% doivent se justifier par des motifs
répondant à des préoccupations sociales. Le
régime fiscal applicable en France connaît justement
deux taux de TVA, l'un de 5,5% pour les médicaments qui ne
sont pas remboursés et un second de 2,1% pour ceux qui sont
remboursés par l'assurance maladie.
Suite à l'introduction d'un contentieux par la Commission
des communautés européennes, la Cour de Justice de
Communautés européennes (CJCE) a été
amené à se prononcer sur ce problème en mai
2001
Un
taux qui ne peut être inférieur à 5%
En
effet pour la Commission européenne, les médicaments
quels qu'ils soient, constituent des produits semblables, étant
donné qu'ils ont pour point commun de posséder des
propriétés curatives ou préventives. La Commission
ne fait donc pas de distinction entre les médicaments remboursables
par la Sécurité Sociale et ceux qui ne le sont pas.
En revanche la France, contrairement à la Commission européenne,
se fonde sur le critère du remboursement du médicament
et non sur la nature même du produit, pour l'application du
taux de TVA : ce taux n'est pas identique selon que le médicament
est remboursable ou non.
La Commission considérant que cette distinction est contraire
aux dispositions de la Directive, elle a saisi la Cour de Justice
de Communautés européennes (CJCE), par l'introduction
d' un recours en manquement à l'encontre de la France.
Les
arguments de la Commission
En
premier lieu, la Commission a rappelé que le taux de TVA
ne pouvait être inférieur à 5% ; or, le taux
français de TVA applicable aux médicaments remboursables
est de 2,1%, ce qui, selon la Commission, ne saurait être
justifié au regard de la Directive.
En second lieu, la France applique deux taux de TVA à deux
produits semblables : pour la Commission, que les médicaments
soient remboursables ou non, ils ne sont pas des produits intrinsèquement
différents ; à ce titre, la France méconnaît
le principe d'uniformité et de neutralité fiscale.
En outre, la Commission condamne la réduction du taux de
TVA au motif que ce taux n'a pas été institué
pour des raisons d'intérêt social bien définies
et en faveur du consommateur final. Selon elle, la France a réduit
le taux de TVA dans un but économique et social (alléger
les charges de Sécurité sociale et les dépenses
des ménages).
Suite
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