Indemnisation
de l'aléa thérapeutique,
ce que la réforme change
Nathalie
BESLAY- Avocat
ALAIN BENSOUSSAN-AVOCATS
19 novembre 2001
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Le
projet de loi de modernisation du système de santé
présenté par Bernard Kouchner contient des dispositions
relatives à la réparation des risques médicaux.
Il crée en particulier un dispositif de règlement
amiable et d'indemnisation des victimes d'accidents médicaux.
Le
cadre juridique de réparation des risques médicaux
en vigueur, repose sur un régime jurisprudentiel qui a beaucoup
évolué ces dernières années dans le
sens d'un alourdissement de la responsabilité des professionnels
de santé.
L'arrêt
Mercier établit la nature contractuelle entre le médecin
et son patient
C'est
en 1936 avec l'arrêt Mercier rendu par la Cour de Cassation
que la nature contractuelle du lien qui unit le patient à
son médecin a été établie : " il
se forme entre le médecin et son client un véritable
contrat comportant pour le praticien, l'engagement, sinon, bien
évidemment de guérir le malade, ce qui n'a d'ailleurs
jamais été allégué, du moins de lui
donner des soins. ".
Se limitant à l'époque à une obligation de
moyens de la part du médecin, il a depuis été
réévalué à de nombreuses reprises. Certaines
décisions ont qualifié dans certains cas la responsabilité
des praticiens en une obligation de résultat (obligation
de sécurité relative aux produits et matériels
médicaux utilisés, par exemple), et dans d'autres
cas a organisé un régime de responsabilité
sans faute du médecin.
Le
patient, un " consommateur " de soins
En
outre, le médecin a vu progressivement le périmètre
de ses obligations s'étendre jusqu'à faire peser sur
lui en 1997 la charge de la preuve de l'information donnée
à ses patients (Cour
de Cassation, 25 février 1997). Cette évolution
jurisprudentielle a conduit certains médecins à pré-constituer
la preuve du respect de leur devoir d'information à l'égard
de leur patient en faisant signer à ces derniers des notices
d'information sophistiquées, ayant vocation à contenir
les informations relatives aux risques, mêmes exceptionnels,
liés à l'acte de soins ou au traitement concerné.
Cette évolution est intimement liée à la reprise
du pouvoir du patient sur son " capital santé "
et à la " consumérisation " de la démarche
de ce patient, devenu véritable " consommateur de soins
". Les magistrats français ont en effet suivi les principes
directeurs du droit de la consommation qui organisent un régime
de protection juridique particulier au bénéfice des
consommateurs et aux dépens des professionnels.
Faire
face à l'aléa thérapeutique
Toutefois,
même dans ce contexte très favorable aux victimes,
les tribunaux ne sont pas en mesure dans certains cas de mettre
en cause, même sans faute, la responsabilité des professionnels
de santé concernés au regard de l'absence de causalité
ou de présomption de causalité entre le dommage subi
et l'acte médical. On parle d'aléa thérapeutique.
Face
à ces situations, des patients pouvaient parfois se trouver
en graves difficultés en raison de l'absence de réparations
des préjudices qu'ils avaient pourtant bel et bien subis.
C'est la raison pour laquelle le ministère de la santé
a mis en place un mécanisme de réparation supporté
par un " droit à réparation ", instauré
en faveur de la victime. Le législateur en profite également
pour tenter de simplifier les procédures par l'instauration
d'un dispositif de règlement amiable.
En
premier lieu, le projet de loi instaure des principes généraux
de mise en cause de la responsabilité des professionnels
de santé, libéraux ou exerçant en établissement
de santé, ainsi que des établissements eux-mêmes.
Suite
et fin
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