Dr
Varroud-Vial
Promoteur du
Réseau Expérimental
Val de Marne Essonne de
soins aux diabétiques
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C'est un réseau expérimental, qui a deux objectifs :
qualité des soins et économie de la santé. " |
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16 février
2000
Quel est l'objectif du réseau diabète
?
C'est un réseau expérimental,
qui a deux objectifs : qualité des soins et économie de la
santé. Il s'agit de mieux soigner les patients diabétiques grâce
à une meilleure coopération entre les différents acteurs, mais également
de compenser les investissements consentis par l'Etat pour le réseau
par des économies réalisées grâce à une meilleure circulation des
patients dans le système de soins et à un plus grand recours à la
diététique et à léducation.
L'objectif principal
est d'améliorer la prise en charge des diabétiques en ville, puisque
9 diabétiques sur 10 sont soignés exclusivement en ville. 50% des
dépenses de l'assurance maladie pour le diabète se font à l'hôpital,
alors que lincidence annuelle dhospitalisation des diabétiques
est seulement de 10%. Cela s'explique sans doute par le fait que
les patients atteints de complications (qui coûtent cher) sont hospitalisés,
mais aussi parce que les activités d'éducation et de diététique,
qui ne nécessitent pas théoriquement d'hospitalisation, sont actuellement
complètement concentrées à l'hôpital. C'est une des aberrations
du système. Nous voulons donc implanter les activités d'éducation
et de diététique en ville. Ces nouvelles prestations expérimentales
éviteront des hospitalisations indues.
Nous avons également
prévu de promouvoir une adaptation de loffre hospitalière
de soins autour du développement de lhospitalisation de jour,
de la constitution de groupes dinterventions pour la prise
en charge rapide et efficace des complications selon des protocoles
écrits, enfin de laccès direct aux structures déducation
sur prescription des médecins du réseau. Ceci est conforme à lesprit
et à la lettre- de la circulaire de Mai 1999 sur lorganisation
des soins aux diabétiques de type 2
Quels sont vos partenaires ?
L'Assurance Maladie,
les établissements de soins publics et privés de lEssonne
et du Val de Marne, l'ARH, les Conseils Généraux, l'URML Ile de
France, lObservatoire Régional de Santé dIle de France,
lAssociation Française des Diabétiques, l'industrie pharmaceutique.
Comment est financé le réseau ?
51% par l'Assurance
Maladie, 25% par l'industrie pharmaceutique, 12% par la dotation
hospitalière et le reste par le Conseil Général et l'URML-idf
Il y a cinq postes
de financement :
- Les prestations dérogatoires, comme
dans tout réseau expérimental : vacations de diététiciennes en
ville nomenclatures expérimentales comme une consultation d'éducation
non prescriptive par les endocrinologues libéraux cotée 2 C et
des consultations éducatives de groupe en médecine de ville rémunérées
5 C. Il y a également une indemnité pour la tenue du dossier médical
partagé. Jusqu'à maintenant l'acte médical est une relation duale,
et l'éducation de groupe ne peut se faire qu'à l'hôpital. Dans
le cadre du réseau elle pourra se faire en ville et un médecin
du réseau pourra réunir 5 à 10 patients pour éduquer ses patients
sur l'auto-surveillance, la diététique, la prise en charge du
diabète
Le financement de ces prestations dérogatoires est
prévu directement sur le " compte risque "
de l'Assurance Maladie
- Le fonctionnement : salaires du
médecin coordinateur, de la secrétaire, de l'infirmière coordinatrice
en milieu hospitalier. Ceci est financé par le FAQS (Fonds d'Action
pour la Qualité des Soins en médecine de ville). Nous avons aussi
demandé un emploi jeune au Conseil Général pour la maintenance
du système d'information.
- Le système d'information, qui a
des objectifs de circulation de linformation, de coordination
et d'évaluation. Physiquement il repose sur un intranet, avec
un dossier médical partagé en ville (45 rubriques), et une partie
hospitalière beaucoup plus complète. Les deux parties sont connectées
et accessibles. Le système d'information est financé par l'industrie
pharmaceutique.
- La formation : nos partenaires
sont l'industrie pharmaceutique et les associations de Formation
Médicale Continue qui ont acquis une grande compétence dans ce
domaine .
- L'évaluation. Elle est obligatoire,
nous avons une évaluation interne basée sur laudit de pratique
et évaluateur externe qui est l'ORS (Observatoire Régional de
Santé). Le coût de l'évaluation est d'environ 450 000 francs sur
3 ans. Elle est financée par le FAQS et l'URML Ile de France.
Le coût global moyen
du réseau est de 1,45 MF par an pendant trois ans, pour 2100 patients
et 210 médecins généralistes, soit un coût moyen de 690 F par patient,
évaluation comprise. Ce n'est pas très cher, volontairement, car
nous avons voulu que les prestations du réseau soient modélisables,
donc qu'il soit possible de les recréer ailleurs si elles sont efficaces
du point de vue médical et du point de vue des coûts. Les réalisations
dun réseau très cher ne seront jamais transposables.
Les médecins participant au réseau sont-ils rémunérés ?
Nous avons prévu une
rémunération directe pour la tenue du dossier médical, qui est d'environ
50F par patient et par an. C'est volontairement symbolique. De plus
les médecins seront indemnisés pour la plupart des formations du
réseau, et ils seront rémunérés par les nomenclatures dérogatoires.
Quelles ont été les étapes nécessaires pour obtenir les financements
publics ?
Ca a été relativement
simple au départ (en 1995) car le réseau s'est monté avec l'assentiment
des Caisses d'Assurance Maladie locales. Mais nous nous sommes aperçus
ultérieurement que les Caisses ne pouvaient pas financer autre chose
que les prestations dérogatoires sur le compte risque. Pour le fonctionnement
du réseau lui-même et l'évaluation, seul le FAQS le permet, or il
a été créé seulement en 1999.
Obtenir l'agrément
de la Commission Soubie était il y a 3 ou 4 ans la seule façon d'obtenir
des prestations dérogatoires pour un réseau. Cela a donc été notre
souci principal, et une véritable course d'obstacle. En tous cas
l'agrément Soubie impose des objectifs de qualité, et c'est par
la suite un label extraordinaire pour obtenir d'autres financements,
par exemple de l'industrie pharmaceutique.
Quel a été la motivation initiale de la création de ce réseau ville
hôpital ?
Il ne sagit pas
dun réseau ville hôpital mais dun réseau " ambulatoire "
centré autour des patients.
Le contexte a été la
déclaration de St Vincent, qui nous a fait penser qu'il était possible
d'améliorer la prise en charge des patients non seulement par les
progrès de la science mais également par une meilleure organisation
des soins. Le point névralgique nous a paru être la coopération
entre médecins généralistes et diabétologues.
Le réseau a été initié
par un petit groupe de généralistes et de diabétologues qui ont
voulu améliorer leur coopération. Nous avons commencé par des réunions,
nous avons réfléchi à ce qu'il était possible de faire ensemble
pour les diabétiques de type II, et nous avons créé un référentiel.
Nous avons ensuite fait un audit sur la pratique des généralistes
de l'Essonne, qui nous a montré un certain nombre d'écarts par rapport
au référentiel. Nous avons constaté par exemple que dans 45% des
cas où le médecin pensait que le diabète nétait pas équilibré,
aucune intervention particulière navait été tentée depuis
un an pour y remédier. Il y a donc une latence énorme entre la constatation
du déséquilibre et les mesures prises pour y remédier. Nous avons
proposé des mesures de correction et fait un deuxième audit qui
a montré que les gens étaient mieux suivis et mieux équilibrés.
La démarche était une
démarche collective, mais elle avait des limites imposées par les
structures actuelles du système de santé, qui ne permettent pas
facilement de suivre les patients atteints de maladies chroniques.
Pour cela il nous fallait des moyens nouveaux pour la coordination
des soins, pour l'éducation des diabétiques en ville, pour la diététique.
C'est pour cela que nous avons eu l'idée du réseau. Au total l'ensemble
de la démarche a pris cinq ans (la première réunion pour le référentiel
était en juin 94 à Corbeil).
C'est seulement par
la suite que nous avons envisagé un système d'information pour le
réseau, qui nous a d'ailleurs obligés à repenser complètement l'organisation,
avec une autre dynamique, notamment pour la coordination et l'évaluation.
L'informatique apporte des potentialités que nous n'avions pas prévues
au départ. Le dossier médical partagé informatisé nous a obligés
à définir très précisément le contenu du dossier, c'est une démarche
très structurante. Ensuite l'informatique facilite la gestion des
inclusions des médecins et des patients dans le réseau, la coordination
des soins et la circulation de l'information, notamment de l'hôpital
à la ville. Trop souvent la communication des informations au généraliste
après l'hospitalisation d'un patient prend plusieurs jours, voire
plusieurs semaines de telles sortes que les informations sont inutilisables
et périmées (bilans biologiques, conseils thérapeutiques
).
L'informatique du réseau permettra au généraliste de prendre immédiatement
connaissance des résultats et des propositions thérapeutiques. Elle
permettra de diminuer les temps de latence entre la découverte d'un
déséquilibre du diabète et les mesures à prendre, ce qui est en
accord avec les recommandations actuelles de pratique clinique.
Suite
et fin (2/2)
16 février 2000
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