L'heure
est à la consolidation
Sommaire du
dossier
Laurent
ALEXANDRE, Christine
BOUCHET
30 août
2000
Suite et fin
(2/2)
Une forte prise de position des acteurs traditionnels
La concentration dans
le secteur Internet est notamment due à la confrontation actuelle
des start-up et des grands groupes, dans le secteur de la distribution
en particulier.
Les start-up du Web
doivent maintenant faire face à la concurrence des acteurs traditionnels.
Ainsi en France, les grands groupes de distribution vendent leurs
produits en ligne. Casino a ouvert les sites C-mescourses
et Komogo,
et a investi chez le fournisseur d'accès Fresbee,
le site marchand Cdiscount
et le site spécialisé dans le hard discount de produits multimedias
Booston. La
marque Cora a lancé son site de vente en ligne Houra.fr,
qui après des débuts très médiatiques et un peu difficiles connaît
à présent un net succès. Ooshop
est soutenu par Carrefour Promodès, et Télémarket
par Galeries Lafayette. L'univers des cybermarchés est donc pratiquement
défini, et les outsiders comme PèreNoël
auront du mal à percer. De même, dans le secteur de la banque en
ligne, les acteurs traditionnels comme la BNP, le Crédit Lyonnais
ou le Crédit Mutuel ont maintenant une stratégie Internet affirmée,
et font de l'ombre aux start-up qui ne bénéficient pas d'un nom
déjà connu et de l'image de sérieux et de solidité des grandes sociétés
bancaires.
Les investisseurs du
secteur de la distribution ont également défini leur stratégie sur
le Web. Le groupe Arnault, le groupe PPR et Vivendi jouent maintenant
un rôle notable dans la phase de concentration. Le groupe français
Arnault (LVMH) a créé Europ@web, annonçant des investissements de
500 millions d'euros dans le secteur Internet. Il détient maintenant
par exemple 38% de Liberty Surf, 51% du site d'enchères Aucland,
près de 20% d'Artprice. Enfin, le groupe a ouvert aux Etats-Unis
le site Sephora.com
de vente de parfums et cosmétiques.
Son concurrent, le
groupe Pinault (Pinault Printemps Redoute), occupe également le
terrain du Web. Il a commencé avec le site de la Redoute,
et totalise maintenant une cinquantaine de sites. Chaque enseigne,
comme Printemps ou Conforama, développe maintenant une activité
de e-commerce. Le portail Fnac.com
a succédé au modeste Fnac.net, et vise le milliard de francs de
chiffre d'affaires à 3 ans, en misant sur le contenu plus
d'un milliers de pages en ligne et une entreprise de VPC
montée de toutes pièces. Le groupe Pinault investit a présent dans
le portail Mageos
lancé à la mi mai, l'un des plus récents fournisseurs d'accès.
Un mouvement économique naturel dans un
secteur à fort potentiel
La Net économie a subi
une sévère correction au printemps 2000 mais reste cependant florissante.
Les difficultés que connaissent actuellement certaines start-up,
pas forcément représentatives de l'ensemble du marché, ne doivent
pas faire oublier que l'e-commerce possède un énorme potentiel.
D'après le Benchmark Group, le commerce B-to-C en France devrait
générer un chiffre d'affaires de 4 milliards de francs cette année,
ce qui représente une progression de plus de 200% en un an.
La récente correction
des marchés est un simple retour aux règles comptables. Le secteur
de l'Internet entre dans une phase de consolidation, qu'ont connue
auparavant tous les autres secteurs d'activité, de l'automobile
à la banque. La différence notable par rapport aux mouvements "connus"
en économie est liée au rythme hyper-accéléré de l'Internet, qui
provoque une succession brutale des phases : innovation, création
de sociétés, industrialisation, consolidation. La nouvelle économie
n'a que quelques années, mais elle a évolué vers la consolidation
beaucoup plus rapidement que les autres secteurs de l'industrie.
Dans les années à venir émergeront donc les acteurs majeurs qui
domineront chaque secteur de l'Internet : quelques portails géants,
quelques sites de commerce électronique et des fournisseurs de services
Internet. Il est toutefois difficile pour l'instant de prédire avec
certitude l'identité des futurs gagnants.
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30 août 2000
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