A
toute chose malheur est bon
Cédric
TOURNAY, Gaëlle
LAYANI
Laurent
ALEXANDRE
27 août
2000
Flairant
à l'avance le désastre ou prenant le train en marche, plusieurs
sites traitent avec plus ou moins de férocité des faillites et difficultés
"startupiennes" et illustrent à merveille la fameuse propension
des Américains à rebondir dans l'échec. Florilège.
Startupfailures.com
Nick
Hall, fondateur malheureux de trois start-up, a lancé le site Startupfailures.com
(start-up en faillite) sur lequel les créateurs confrontés à la
faillite de leur site peuvent entre autres venir s'épancher. Conseils
en ligne, listes de diffusion, coaches, offres d'emplois figurent
parmi les services proposés pour se refaire une santé professionnelle
et financière. Les épouses des "startupiens" déconfits
peuvent même demander des conseils à Mme Hall, dont le mariage a
résisté aux faillites de son mari.
The Standard
Le
cabinet d'étude The
Standard tient lui la liste, réactualisée chaque semaine, des
fermetures et licenciements. Il est également possible de s'inscrire
à une liste de diffusion intitulée layoffs@thestandard.com ("layoffs"
signifiant "licenciements") pour être régulièrement tenu
informé des événements dans ce domaine.
Dotcomfailures.com
Le
slogan du site
annonce clairement la couleur non sans humour : "Kick'
em while they're down" ("Tapez-les pendant qu'ils sont
à terre"). Le visiteur peut poster sur le site ses rumeurs,
tuyaux et articles ou postuler pour un emploi auprès de cabinets
de recrutement dont l'adresse figure opportunément dans la rubrique
"Tech Recruiters". Impitoyable également, la chronique
mortuaire joliment ornée de pierres tombales à arobases.
"Tapez-les
pendant qu'ils sont à terre"
Sous son air cynique,
ce site reflète l'état d'esprit des employés de start-up américains
qui pour beaucoup ont l'impression d'être les perdants de la Net
économie. Témoin, un petit sondage en ligne qui révèle que les stocks
options ont de plus en plus mauvaise presse. Au 23 juin 2000,
60 % des répondants estimaient qu'il s'agit ni plus ni moins
qu'une escroquerie.
Un joli bonus :
20 %
Elles m'ont rendu(e) riche : 5 %
Elles me rendront riche : 13 %
Avant tout une arnaque : 23 %
Parfait pour remplacer le papier journal de
ma cage à oiseaux : 37 %
Autre rubrique originale
(fiable ?) : "Etes-vous un laquais ?" ou
comment déterminer à partir de quelques indicateurs de base (salaire
annuel, nombre de stock-options, nombre d'heures de travail par
semaine et baisse de salaire consentie en échange de stocks options)
son degré d'exploitation.
Pour amusante qu'elle
soit, cette rubrique traduit une véritable retombée de l'euphorie
des débuts et tout simplement la normalisation du secteur Internet.
Les employés des start-ups, à qui on a promis monts et merveilles,
découvrent avec amertume que l'Eldorado n'est pas pour tout le monde.
Plusieurs sites ont fleuri qui laissent la parole aux laissés-pour-compte
de la Net économie. Netslaves
(littéralement "Les esclaves du Net"), par exemple, publie
leurs témoignages et quelques articles bien sentis à l'encontre
de certaines figures emblématiques. Tête de turc de cette semaine :
Jeff Bezos, patron d'Amazon.
Fuckedcompany.com
La poésie du nom n'aura
échappé à personne. Véritable bookmaker en ligne, ce site propose
de parier sur les faillites à venir.
Les visiteurs misent
chaque semaine sur la mort prochaine de cinq dot.com. Chaque (mauvaise)
nouvelle concernant l'activité des sociétés rapporte au parieur
un nombre de points fonction de la gravité des événements. Le joueur
remporte le jackpot quand la start-up met la clé sous la porte.
Faites vos
jeux.
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27
août 2000
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