Dr
Chassort
Secrétaire
général-adjoint de
l’Ordre des Médecins
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« L’émergence
d’infomédiaires serait certainement une bonne chose
pour
la gestion des dossiers médicaux »
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Propos recueillis par
Mathieu
Ozanam
30
novembre 2000
suite et fin (2/2)
L’ICANN n’a pas accordé de .health à l’OMS, quelle est votre réaction ?
On
ne peut bien sûr que le regretter car tout ce qui favorise le nommage
l’identification et l’authentification des professionnels sur un
plan international est bon à prendre.
L’idée de labelisation est l’un des thèmes d’actualité, vous avez
vous-mêmes des projets en ce sens ? Ne craignez-vous pas que
l’on s’y perde au milieu de la profusion de labels et chartes?
Nous
sommes en discussion au sein du groupe de travail « Qualité
en e-santé » formé avec la Direction Générale de la Santé (DGS),
Health On the Net (HON), et l’IHC (Internet Health Coalition). Nous
nous réunirons lors d’un séminaire fin novembre, ce qui nous permettra
de connaître leurs méthodes de travail. La santé sur Internet n’est
pas abordée de la même façon en Europe et aux Etats-Unis. Les différentes
chartes partagent des points communs, mais je ne crois pas dans
la rédaction d’une charte internationale. Celle-ci serait tellement
englobante, qu’elle ne voudrait plus rien dire. Je pense qu’il faut
respecter notre environnement culturel et géographique. En revanche
nous pourrions nous réunir au sein d’un club international de fondateurs
de chartes pour adhérer aux mêmes principes d’éthique et de déontologie.
L’Ordre est en faveur d’un accès plus direct du patient à son dossier
médical. Internet n’est-il pas le lieu idéal pour stocker un dossier
médical universel auxquels il suffirait aux médecins de s’y connecter
afin d’en prendre connaissance ?
Absolument !
L’Ordre ne cesse de défendre cette position. Nous allons contacter
la CNIL et les associations d’usagers pour sur la gestion de toutes
ces données médicales. Il convient de distinguer dossier médical
et données médicales. Un dossier médical en informatique est possible
dans un hôpital public ou privé ou dans un réseau où les médecins
se sont mis d’accord pour utiliser le même support. En médecine
ambulatoire le patient peut avoir accès à des données médicales
ou de santé. Les médecins sont responsables de leur confidentialité
(articles 4, 72, 73, 226-13), l’émergence d’infomédiaires serait
certainement une bonne chose pour la gestion des dossiers médicaux.
Ces intermédiaires de l’information seraient plus à même de veiller
à la confidentialité des données en hébergeant sur leurs sites toutes
ces données. Ils feraient l’objet d’une certification et l’Ordre
serait chargé de centraliser tous ces certificats. Plus les infomédiaires
seront nombreux, plus le regroupement des données sera difficile.
Je ne vois pas d’objection à ce que des sociétés privées proposent
leurs services. Le marché devant bien entendu être réglementé.
De
notre point de vue il faut adopter une position pragmatique. Au
lieu de faire un loi a priori, notre idée est de certifier ceux
qui veulent gérer des données médicales et ensuite, à partir de
notre expérience, nous pourrons rédiger un projet de loi efficace.
Nous souhaitons intervenir à partir de 2002 sur la notarisation
des données médicales, à partir d’un référentiel réalisé avec la
CNIL.
Que pensez-vous du service britannique NHS Direct ? Une expérience
semblable ne pourrait-elle voir le jour en France ?
Si
l’initiative a été prise par le NHS, c’est qu’il la couvre. J’émettrai
pour ma part des réserves pour la France. Il semble que la Grande-Bretagne
ait accepté de prendre un risque médical en délivrant des avis médicaux
par des non médecins à distance, que ce soit par téléphone ou en
ligne, pour décongestionner son système de santé, mais attention,
des méningites et diverses autres maladies commencent comme des
rhino-pharyngites avec fièvre et tableau grippal.
En
France les médecins ont le monopole de l’exercice de la médecine,
et un premier contact avec le patient est indispensable.
Et enfin quels sont les sites, en dehors de l’Ordre, auxquels vous
vous connectez volontiers ?
Je
fais régulièrement un tour sur les grands sites santé français,
et je visite les sites qui présentent des problèmes d’ordre juridique.
Ceci dit je ne suis pas un internaute assidu, mais plutôt ponctuel.
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30
novembre 2000
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