Indemnisation de l'aléa thérapeutique,
ce que la réforme change
Nathalie
BESLAY- Avocat
ALAIN BENSOUSSAN-AVOCATS
19 novembre 2001
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Ces
principes sont les suivants :
- les professionnels
de santé ne sont responsables des actes de prévention,
de soins ou de diagnostic qu'en cas de faute, à l'exception
de leur responsabilité du fait des produits
- les préjudices
subis par les patients du fait des actes des professionnels de
santé et des producteurs de produits (par exemple les laboratoires
pharmaceutiques) sans qu'une faute ne puisse être identifiée
à leur encontre sont réparés, au titre de
la " solidarité nationale " par un fonds spécial,
à certaines conditions :
- les
dommages sont directement imputables aux actes de prévention,
de diagnostic et de soins
- les
dommages ont eu pour le patient des conséquences anormales
au regard de son état de santé ou de son évolution
prévisible
- les
dommages présentent un caractère de gravité
fixé par décret dont le % sera calculé
sur la base de l'incapacité permanente ou temporaire.
- les professionnels
de santé et les producteurs de produits de santé
sont tenus de souscrire une assurance responsabilité civile.
L'absence de souscription d'une police d'assurance RCP est sanctionnée
pénalement
Le projet de
la loi prévoit la création de deux organismes : les
commissions régionales de conciliation et d'indemnisation
et l'office national d'indemnisation des accidents médicaux.
La commission
régionale a vocation à prendre en charge et accompagner
les tentatives de conciliation amiable entre les patients et les
professionnels de santé. L'office est chargé quant
à lui d'instruire et d'accorder le cas échéant
les indemnisations au titre de la solidarité nationale. Sur
ce dernier point il est intéressant de noter que l'Office
qui ne serait pas saisi " en première intention "
d'exercice du droit à indemnisation pourrait ensuite être
appelé au cours de la procédure contentieuse, et interviendrait
en qualité de défendeur.
Faciliter
l'indemnisation
Le projet de
loi s'efforce de faciliter l'obtention d'une indemnisation par les
patients en cas d'accidents médicaux. La parution des décrets
devrait permettre de juger jusqu'à quel point. Les accidents
médicaux intervenus sans faute et dont les conséquences
n'atteindraient pas un certain taux d'invalidité, seraient
susceptibles de demeurer sans réparation.
De plus, si le projet de loi offre aux patients de nouveaux outils
d'accès aux demandes d'indemnisation des préjudices
qu'ils ont subis, il n'est pas certain que les procédures
nouvellement engagées aboutissent à une augmentation
des condamnations à l'encontre des professionnels de santé.
En effet, en
principe désormais, seule une faute de leur part sera de
nature à constituer un fait générateur de leur
responsabilité ; au surplus leur activité étant
obligatoirement assurée, la prise en charge des indemnisations
reposera donc essentiellement sur les assureurs.
Des
assureurs au centre du dispositif de réparation
C'est d'ailleurs
là, l'impact majeur de la réforme amorcée :
les assureurs sont plus que jamais au centre du dispositif de réparation,
face à la périlleuse tâche de l'évaluation
des risques encourus et leur tarification. Ils ne pourront plus,
dans l'avenir, opposer la non-assurabilité des pratiques,
au regard notamment des antécédents de certains professionnels
de santé, sous peine, en cas de refus d'application du montant
de la prime fixé par le Bureau central de tarification, de
se voir sanctionné notamment par le retrait de leur agrément
professionnel.
Il est donc
probable que les primes d'assurances augmenteront, ce qui aura finalement
pour effet de reporter sur les professionnels de santé eux-mêmes
la charge de l'indemnisation.
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19
novembre 2001
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