Maître
Jean-Charles Simon
Avocat à la Cour,
associé du cabinet SCP Milon Simon & Associés, et spécialisé dans
la nouvelle Economie
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Le premier trimestre 2001 va être dur pour les sociétés
à court de financement …"
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1er
février 2001
suite
et fin (2/2)
Vous êtes assez pessimiste pour les starts-up qui rencontreront
des difficultés dans les mois à venir…
Les
mois à venir risquent d'être d'autant plus durs pour les starts-up
en difficulté qu'elles auront à faire face à des interlocuteurs
qui n'auront qu'une connaissance peu précise de leur activité et
de leurs spécificités. Peu de personnes du monde judiciaire connaissent
réellement les activités Internet, tant sur le plan économique,
que juridique ou technique. Si ces sociétés se trouvent en difficulté,
sous mandat ad hoc, en redressement mais surtout en liquidation
judiciaire, leurs actifs, essentiellement incorporels, risquent
donc d'être très mal valorisés. Je vois poindre le moment ou un
site aura investi des millions alors que leur dossier de reprise
ne sera valorisé que de quelques centaines de milliers de francs.
Le premier trimestre 2001 va être dur pour les sociétés à court
de financement…
On entend dire que les investisseurs risquent des procédures pour
action en responsabilité, et les incubateurs, pour gestion de fait.
Quelle est votre position sur le sujet ?
Aujourd'hui,
et à ma connaissance, aucune action en responsabilité ou en gestion
de fait n'a été engagée ou n'est en cours. Pour autant, je pense
que le sujet doit être pris très au sérieux par les investisseurs
et les incubateurs. La crise actuelle me rappelle parfois trop bien
celle de l'immobilier des années 90 pour que je ne dresse pas de
parallèle entre les deux. Or durant cette période, et encore aujourd'hui,
la gestion de fait et les actions en responsabilité pour soutien
abusif ont été le fondement de nombreuses affaires. Je prends date
aujourd'hui pour dans un an ou deux. En outre, je pense que la loi
de réforme des tribunaux de commerce et des procédures collectives
pourrait avoir des incidences sur les situations soumises à l'appréciation
des juges. Elle prévoit en effet que les juges ne seront plus issus
exclusivement du monde commerçant, mais seront également des professionnels.
Comment ceux-ci réagiront-ils quand ils constateront que des millions
ont été "perdus", pour partie au préjudice de la collectivité, engloutis
dans des actifs réalisés aussi faibles ? La question sera posée
d'ici peu de savoir si les engagements et les risques pris étaient
raisonnés ou raisonnables.
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à cet interview.
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1er
février 2001
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