Un
juge allemand interdit
la vente de médicaments en ligne
aux citoyens allemands
http://www.0800docmorris.com
Nathalie
BESLAY
29
novembre 2000
Le
9 novembre 2000, DOC MORRIS, officine électronique néerlandaise,
s’est vu interdire de vendre des médicaments, via son site, à des
citoyens allemands.
La
décision rendue par le Tribunal administratif de Francfort, en référé,
se fonde d’une part sur le référentiel légal allemand en matière
de vente de médicaments et de produits de soins, et d’autre part
sur les risques liés à la vente transfrontalière de produits réglementés.
En
effet, en l’état, le dispositif légal allemand interdit l’envoi
de médicaments par voie postale. Or, les médicaments acquis via
un site Web situé à l’étranger sont livrés aux acheteurs par le
service postal.
Le
juge allemand fait par ailleurs état du risque lié à l’achat de
médicaments non autorisés sur le sol allemand, compte tenu des périmètres
géographiques d’autorisation de mise sur le marché des médicaments
différenciés qui diffèrent selon les Etats, même membres de l’Union
européenne.
Cette
décision peut sembler entraver le développement possible des pharmacies
électroniques en Europe, mais les systèmes de droit européen contiennent
des contraintes supplémentaires liées à la publicité et au monopole
pharmaceutique. Une lecture a contrario de cette décision laisse
donc une ouverture juridique envisageable.
En
premier lieu, le juge allemand reconnaît qu’une réforme de l’interdiction
de l’envoi postal des médicaments est inéluctable, révélant ainsi
la prise en compte de l’évolution du marché et la nécessité d’envisager
une délivrance à domicile des médicaments.
En
deuxième lieu, certaines contraintes légales et réglementaires peuvent
être prise en compte : par exemple, grâce à un système précis
et adapté de gestion de base de données, on pourrait envisager de
gérer les droits d’accès au catalogue des produits en ligne par
les internautes intéressés, en fonction des autorisations de mise
sur le marché du pays auquel appartient cet internaute.
Bien
évidemment, une analyse exhaustive des contraintes légales et réglementaires
doit être effectuée au regard de l’architecture technique et juridique
de l’offre de services envisagée par l’opérateur qui souhaite mettre
en œuvre une officine électronique, pour déterminer le design juridique
du projet et sa faisabilité.
En
l’état actuel du droit français et dans la perspective de cette
nouvelle décision qui s’inscrit dans un contexte juridique européen
plutôt défavorable, si la mise en oeuvre d’officine électronique
ne peut être envisagée à court terme, gageons que le législateur
s’engagera dans la voie de la modernisation du système de distribution
des médicaments, au service des patients, tout en préservant les
impératifs de santé publique. La conception juridique de tels projets
devra en toutes hypothèses être pondérée par des paramètres économiques
et sociaux, les freins liés aux coûts et à l’acceptabilité sociale
et culturelle des projets d’officine électronique devant être nécessairement
intégrés en vue d’un développement durable.
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