Dr
Hervé Garin
Responsable
du système d'information
du réseau ONCOLOR
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A aucun moment, ONCOLOR ne s'est donné pour objectif
de mettre en place un dossier médical commun.
(...) Je parlerai plutôt de dossier médical réparti
que de dossier médical partagé."
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25 avril
2000
Suite
et fin (2/2)
Que pensez-vous du
dossier médical partagé ?
C'est important que
vous parliez de dossier médical partagé, car dans l'esprit de beaucoup
de professionnels que je rencontre sur le terrain, "réseau"
égale "dossier médical commun". A aucun moment, ONCOLOR
ne s'est donné pour objectif de mettre en place un dossier médical
commun.
En revanche, nous avons
deux objectifs, à mon sens très ambitieux : amener les établissements
à faire un " vrai " dossier patient unique,
ce qui constitue une petite révolution, et permettre les échanges
d'informations entre les différents points de recueil de données.
Je parlerai donc plutôt de dossier médical réparti que de dossier
médical partagé. ONCOLOR se propose d'être un portail qui permet
aux professionnels d'avoir des informations sur les adresses de
ces données.
L'idée c'est d'avoir
une clé unique, d'où un identifiant. Trente établissements, 800 médecins :
comment créer un identifiant qui soit utile ? Nous avons l'objectif
je crois très ambitieux d'avoir un identifiant régional, non pas
pour les seuls patients cancéreux, mais pour tous les patients de
la région, soit 2,5 millions de patients. On a 10000 nouveaux
patients par an. C'est suivi par l'ARH, la CNIL et le Ministère
de la Santé. On a le soutien de ces trois institutions, ce qui est
majeur pour nous.
Il y a également un
préalable à la constitution de cette clé, à savoir la standardisation
des étiquettes, c'est-à-dire des informations permettant d'identifier
une personne. Dans un deuxième temps, on parlera d'identifiant.
Autre particularité
du réseau : ONCOLOR se fonde sur le principe d'autonomie des
établissements. ONCOLOR ne se substitue en rien aux systèmes d'information
des établissements. Il se fonde également sur le principe de la
maîtrise de l'émission des informations par leurs détenteurs. Lorsqu'un
médecin souhaite avoir une information, il demande l'autorisation
d'y accéder à l'établissement qui peut la lui accorder ou la lui
refuser. Le réseau ne constitue pas une base centrale dans laquelle
on va puiser des informations. Quasiment aucune donnée médicale
n'est concentrée au niveau du réseau, mais on permet les échanges
de données entre les partenaires.
Troisième principe :
le principe de respect des droits du patient. Celui-ci sait que
nous nous chargeons d'informer les établissements s'il souhaite
que certaines informations ne soient pas transmises. De plus, aucune
information médicale le concernant n'est concentrée en amont. Nous
sommes bien conscients que cela pose des difficultés de gestion.
Encore une fois, nous ne faisons pas de dossiers communs mais des
dossiers répartis.
Ce système nécessite
évidemment que les établissements structurent leurs données. Pour
un patient donné, on doit savoir où se trouvent le compte rendu
clinique ou le compte rendu opératoire, le tout sur support magnétique
et non papier. C'est une évolution à long terme. Ce ne sera pas
fonctionnel dans les 15 jours
C'est parfois mal compris
de certains médecins pour qui un réseau ne sert à rien si l'on accède
pas à tout. Or, le patient a le droit de ne pas donner accès à certaines
informations. Nous avons une démarche incitative. C'est dans l'intérêt
du malade que les informations sont transmises, mais on ne peut
pas l'obliger à donner son accord à leur communication.
Pensez-vous que les conditions de sécurité sont aujourd'hui
réunies pour que des données patient puissent transiter via un réseau
informatique ?
Oui et non. Oui, si
l'on a des lignes spécialisées. Non, si on les fait transiter n'importe
comment.
Pour ce qui est d'ONCOLOR,
les choix techniques et le choix de l'opérateur par qui transiteront
les données ne sont pas pris.
Je suis obligé d'évoquer
les Réseau Santé Social, puisque pour les établissements, il a un
côté fédérateur et institutionnel important. Il y a aussi la notion
de coût à prendre en compte. Nous allons a priori travailler avec
un opérateur institutionnel afin de conférer au réseau un aspect
fédérateur et mutualisant. Cependant, on sait bien que le RSS n'apporte
pas à ce jour des garanties pleines et entières.
Bien entendu, nous
serons vigilants sur les risques d'intrusion et de décryptage des
données. Je crois que les médecins sont très sensibilisés au problème
de la sécurité. Les solutions techniques existent sur le marché,
mais le choix politique n'est pas pris. Il sera majeur. Notre choix
s'orientera, je pense, cependant vers un gros opérateur en sachant
que c'est le technicien qui parle et non le décideur. Pour revenir
à cette notion de dossier réparti, ce qui transitera par ONCOLOR
va être défini et concernant l'accès à certaines données distribuées
sur plusieurs établissements, la responsabilité des établissements
sera engagée.
Surfez-vous beaucoup sur le Web ? Quels sont vos sites préférés
? Que pensez-vous de l'Internet médical français ?
Oui. Je pense que je
passe près d'une heure par jour à naviguer. Je me connecte régulièrement
sur les sites de ma liste de favoris.
Les sites que je consulte
sont surtout thématiques : le site de la Fédération
Nationale des Centres de Lutte Contre le Cancer, Medcost,
des sites anglo-saxons comme CancerNet,
des sites relatifs à des programmes de dépistage ou proposant des
données épidémiologiques sur le cancer. Je suis attentif à l'actualisation
des données. On constate souvent des pannes dans la maintenance
de l'information. Beaucoup de sites d'actualité m'intéressent également.
Concernant les sites
grand public, je remarque une tendance à une standardisation de
la forme des sites : beaucoup d'informations, pas toujours
bien hiérarchisées. On se fatigue plus rapidement. L'information
est surtout textuelle. Le "vrai multimédia" est peu utilisé
à mon avis.
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25
avril 2000
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