Prendre
sa santé en main
grâce à Internet
Hervé
Nabarette
22 décembre
2000
suite et fin (3/3)
Méthode
de recherche de l’information santé et problème de la qualité de
l’information
86%
des health seekers se disent préoccupés par le fait de consommer
de l’information provenant d’une source non fiable. Une raison majeure
de cette crainte vient probablement du fait que la plupart d’entre
eux (81% des health seekers) font des recherches générales, à partir
de moteurs, plutôt que d’aller sur un site bien identifié. 64% n’avaient
pas entendu parler auparavant des sites qu’ils ont consulté lors
de leur dernière visite. 30% ont regardé quatre sites ou plus. Toutefois,
42% des healthseekers ont mis un site santé dans leurs bookmarks.
Les
health seekers qui ont un niveau élevé d’éducation sont plus susceptibles
de vérifier la source de l’information que les autres.
Hommes
et femmes : des comportements différents
Les
femmes sont plus sensibles aux avantages offerts par Internet :
quantité d’information, possibilité de la rechercher à n’importe
quel moment… Elles sont plus anxieuses à l’idée de trouver de l’information
erronée sur le web.
Les
femmes sont plus susceptibles que les hommes de chercher de l’information
liée à une maladie précise, de chercher de l’information liée à
des symptômes, de chercher de l’information après une consultation.
Par exemple, elles sont deux fois plus nombreuses à chercher de
l’information pour un enfant. Leur rôle familial « protecteur »,
souvent invoqué en économie de la santé, semble ici confirmé.
Toutefois,
les hommes recherchent autant que les femmes des informations concernant
autrui. Ils cherchent alors de l’information générale sur une maladie
dont un proche ou une connaissance souffre, sur les traitements
et médicaments administrés.
Quand
les hommes cherchent de l’information sur une maladie précise, ils
la recherchent plus pour eux mêmes que les femmes. Il sont un peu
plus sensibles aux questions de confidentialité et plus susceptibles
de chercher de l’information sur des sujets « délicats ».
Des
études de cohortes à suivre…
Le
Rapport du Pew Internet & American Life Project apporte de nombreuses
informations, certaines déjà connues, comme le rôle des femmes dans
la recherche d’information santé, les craintes des internautes sur
la confidentialité des données…
D’autres
résultats sont plus surprenants, comme ceux portant sur les modes
de recherche d’information, par moteur plutôt que par site favori.
Cela pose de façon accrue la question de la qualité de l’information
sur l’ensemble du web, et donne matière à réflexion aux promoteurs
de sites santé généralistes : efforts d’indexation du site
dans les moteurs, nécessité de développer des contenus médicaux
pointus ou tout au moins d’y faire référence….
A
l’heure actuelle, les applications à « valeur ajoutée » sont
peu utilisées. L’évolution de l’environnement juridique, les campagnes
d’information, la participation des professionnels de santé, la
plus grande qualité des connexions Internet devraient entraîner
une évolution des usages, tout au moins sur certaines applications
et pour certains groupes de population. On pense par exemple aux
transmissions de données médicales évitant aux patients de se déplacer
au dialogue médecin-patient, à l’utilisation d’un dossier médical
pour certains malades….
Dans
l’avenir, des études sur des cohortes spécifiques seront aussi utiles.
Les enquêtes représentatives de la population générale appréhendent
mal les pratiques des patients atteints de certaines maladies (chroniques,
rares…) pour lesquels le web représente souvent une aide précieuse.
Pourtant
l’offre de site médicaux américains se trouve confrontée à une réelle
crise économique
Si
les health seekers recherchent de plus en plus d’informations
sur le web et font confiance à ce média, ils ne paient pas pour
ce service. Aux Etats Unis, les portails médicaux affrontent, comme
toutes les entreprises établies sur Internet, d’importantes difficultés
économiques. Les publicités ne permettent pas aux sites de subsister,
les partenariats industriels se réduisent comme une peau de chagrin.
Dr Koop , le premier portail grand public, a vu en décembre
son action passer sous la barre de 1$ et a réduit durant l’été ses
effectifs de 30%. PlanetRx ou Rx.com n’ont pas réussi à dégager
le volume de vente suffisant pour être rentables. En somme, si les
services de e-santé sont plébiscités par les internautes, leur viabilité
économique reste sujette à caution …
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22
décembre 2000
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