Lors
de l’enquête prospective annuelle du Journal
du Net, parue en janvier dernier, les lecteurs du site classaient
l’avènement du WAP loin devant les autres événements attendus sur
la petite planète Cyber en 2000. Cette belle unanimité reflétait
la couverture médiatique considérable dont a bénéficié l’Internet
mobile, avant même que les premiers services voient le jour ou que
le premier terminal WAP ait été commercialisé en France. Quelques
mois plus tard, le raz-de-marée tant attendu du WAP s’est transformé
en vaguelette et, si les médias continuent de faire écho aux communiqués
des opérateurs, par ailleurs bons annonceurs, le ton s’est fait
plus distancié.
Un échec commercial imprévu
Bien
que les données communiquées au fil des semaine par les opérateurs
sur les ventes de mobiles Wap soient bien souvent contradictoires
entre elles et difficiles à recouper, il apparaît toutefois clairement
que les consommateurs ne sont pas au rendez-vous de cette révolution
numérique avortée. Alors que Guy Lafarge, directeur de marketing
de France Telecom Mobiles annonçait le 31 mai dernier, quelques
semaines à peine après le lancement de l’offre commerciale WAP,
que « plusieurs dizaines de milliers de terminaux » avaient
déjà été vendus, Olivier Barrelier, PDG de Toteam,
interrogé par le Journal du Net le 20 juin 2000, estimait quant
à lui que 20 000 terminaux étaient en circulation en France, chiffre
qui paraît lui-même optimiste au regard des 70 000 utilisateurs
Wap en Europe comptabilisés par la société de conseil Ovum.
Mais terminal ne signifie pas utilisateur et sans doute les différences
de comptage sont-elles dues, en grande partie, au fait que la majeure
partie des possesseurs de mobiles WAP n’utilisent pas cette fonctionnalité,
ou ne l’utilisent plus après quelques essais laborieux.
Les pratiques
peu concurrentielles de France Telecom et SFR , qui avaient verrouillé
depuis leurs mobiles WAP l’accès à leurs seuls services WAP, n’ont
certainement pas aidé au développement commercial du WAP.
Des applications qui restent à trouver
Le
premier facteur expliquant l’échec du Wap réside dans la pauvreté
des applications développées par les opérateurs. Les services le
plus souvent proposés sur les portails Wap (météo, bourse, programmes
de cinéma etc.) existent déjà sous forme de serveurs vocaux, qui
apparaissent plus adaptés à une consultation via un téléphone mobile.
Les envois de messages d’alerte, pour des applications en finance,
en santé ou tout simplement pour caler des réunions de travail en
groupe, peuvent se faire sous la forme de SMS (cf. encadré) et ne
nécessitent pas un mobile WAP.
Le modèle
de fermeture choisi par les opérateurs pour le lancement du WAP
en France, en porte-à-faux avec les principes de l’Internet, n’a
pas favorisé non plus la créativité, en conférant aux seuls portails
WAP des opérateurs la responsabilité d’inventer les applicatifs
qui auraient pu assurer le succès de ce standard.
Pour le
moment, les applications les plus porteuses tournent autour de la
consultation et de l’envoi d’e-mails.
Fonctionnellement,
on est donc assez loin de la révolution annoncée. Technologiquement,
c’est encore pire…
Déception technologique
Pour
les quelques technophiles à s’être équipés de mobiles WAP – les
résultats du premier baromètre WAP de Médiamétrie-ISL,
WAP 24000, font apparaître que les acheteurs potentiels seraient
surtout des internautes assidus – la déconvenue a dû être cruelle.
En effet,
alors que l’ergonomie et l’usabilité sont devenus les maîtres-mot
des fabricants de matériels et de logiciels, alors que les sites
Web ont développé un nouveau code visuel, fait de couleurs, de symboles
et d’icônes qui facilitent grandement leur usage par les internautes,
le WAP semble victime, de ce point de vue, d’un retour en arrière
de plusieurs années.
Outre
les limites de l’appareil lui-même – écrans minuscules, le plus
souvent monochromes, clavier inexistant qui rend la saisie des adresses
WAP, au moyen des touches téléphoniques, particulièrement peu pratique
– le WAP souffre de conditions de débit souvent si mauvaises qu’il
s’apparente bien, du point de vue de sa vitesse, au Minitel, la
fiabilité en moins. Une
étude, menée par la société Anywhereyougo en septembre, a montré
en effet que, sur un panel de 12 opérateurs WAP parmi les principaux
(6 américains et 6 européens), 11 offraient des applications boguées.
Le taux d’erreur (liens cassés le plus souvent) se chiffrait, pour
le dernier du groupe, à 30%, soit pratiquement un lien sur trois !
Ces
imperfections de jeunesse pourraient toutefois être oubliées avec
l’adoption des protocoles futurs de télécommunication mobile, du
type GPRS et surtout UMTS, successeurs de l’actuel GSM et qui offriront
des connexions à haut débit, transformant ainsi les appareils mobiles
en véritables terminaux de consultation Internet et leur apportant
toute la richesse graphique, ergonomique et fonctionnelle du Web,
avec tous les avantages de la mobilité.
Le WAP, c’est quoi au fait ?
Sous cet
acronyme plaisant, le WAP, Wireless Application Protocol,
désigne aujourd’hui à la fois le standard technique qui permet
de développer et d’offrir des applications de type Internet
sur des appareils mobiles, les applications développées par
les éditeurs et opérateurs à partir de ce standard et les
appareils de communication mobiles qui permettent de les exploiter
(téléphone mobile, agenda électronique ou ordinateur de poche).
Il
y a parfois confusion entre le WAP et le SMS, Short Message
System, qui permet d’envoyer un court message écrit sur un
téléphone mobile. Cette fonction ne nécessite pas l’achat
d’un mobile WAP puisqu’elle est intégrée par défaut dans la
plupart des GSM.
Les applications WAP en santé
Cinq domaines
d’application se taillent la part du lion dans les portails
WAP : l’immobilier, l’automobile, le tourisme, les loisirs
et la finance… Sur ces thèmes, le WAP a trouvé de toute évidence
des applications originales et, parfois même, utiles.
En
santé, en revanche, les services sont encore rares et, le
plus souvent, anecdotiques : sur Waply, l’annuaire de
services WAP, la rubrique Health ne contient pour le moment
qu’un seul service identifié, sur le portail santé finlandais
au nom évocateur « HaziPatika » : un calculateur
d’IMC (indice de masse corporelle). (wap.hazipatika.com)
Tout
aussi intéressant, le service WAP’Hips
permet de déterminer son taux d’alcoolémie en fonction de
ce qu’on a bu. A condition bien entendu d’être encore en état
de taper une telle URL à partir d’un clavier de téléphone…
Plus
convaincant, le portail santé grand public Doctissimo offre
via le bouquet de services de Bouygues Telecom un accès en
WAP à sa base médicamenteuse, à son guide des urgences et
à des quizz.
Ce
sont toutefois les anglais qui ont trouvé l’application santé
la plus originale : pas moins de 200 000 vaches sont
suivies par 2500 fermiers, équipés de mobiles WAP et qui renseignent
en temps réel une base de données centralisée, répertoriant
naissances, décès et mouvements en tous genres au sein des
troupeaux. L’objectif : repérer, dans les cas d’ESB,
l’ensemble des animaux ayant été en contact avec la vache
malade. (www.braidgrove.com)
WAP : wireless application protocol ou
protocole d’applications sans fil : désigne les standards
autorisant l’accès à Internet au moyen d’un appareil de communication
mobile (téléphone portable, ordinateur de poche, assistant
personnel…)
WTP :
wireless transaction protocol, version allégée du http et
adaptée à l’Internet mobile
WML : wireless markup language, version allégée du html,
adaptée à l’internet mobile
SMS : short message system, appelé également texto ou
message court, le SMS est un court message écrit, de 160 caractères
maximum, envoyé sur un appareil de communication mobile depuis
un autre appareil ou un site Internet.