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Trop d'information
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Travailleurs infatigables, les moteurs peuvent-ils devenir intelligents pour mieux répondre aux besoins des internautes ?

Cédric TOURNAY

1er octobre 1999

A mesure que l'Internet se développe, il devient de plus en plus nécessaire de disposer d'outils de recherche d'informations. En effet, il n'existe pas d'annuaire officiel des sites puisque le réseau s'est développé selon une logique décentralisée et internationale. Pour combler ce manque, des moteurs de recherche sont apparus il y a environ 2 ans. Il en existe aujourd'hui une multitude et ils sont de plus en plus performants. Parallèlement, ils se diversifient et se spécialisent pour mieux répondre aux attentes des utilisateurs. Cette évolution prend une importance particulière en santé, où la sensibilité de l'information nécessite une labellisation des contenus. A moyen terme, une nouvelle génération d’outils de recherche devrait s’imposer : les agents intelligents. Complémentaires des moteurs, ils suppléent leurs carences et remettent en question les procédés éditoriaux et marketing.


Moteurs, annuaires, meta-moteurs

Les outils se spécialisent

Des performances croissantes

Les agents intelligents

Les nouveaux médiateurs

Quel avenir pour les outils de recherche ?

Conséquences pour les gestionnaires de sites Web



Moteurs, annuaires, meta-moteurs

Il existe environ 250 instruments de recherche principaux dans le monde. Ils se divisent en quatre catégories :

  1. Les moteurs permettent d'effectuer des recherches à partir d'un mot-clef (ulcere par exemple) ou d'une combinaison de mots-clefs (ulcere AND omeprazole par exemple). Le plus célèbre d'entre eux est AltaVista, développé par la société Digital. Les moteurs sont alimentés en références (documents Web) par des robots effectuant régulièrement le tour des ordinateurs connectés à l’Internet.

  2. Les annuaires permettent d'effectuer des recherches thématiques. Ils sont alimentés par les utilisateurs eux-mêmes ou par les membres du service exploitant l’annuaire. Lorsqu’un Webmestre veut faire référencer son site dans un annuaire, il le déclare auprès de ses responsables, qui le classent alors dans la rubrique pertinente. Yahoo, créé il y a 3 ans par des étudiants californiens, est le plus célèbre des annuaires. Devenu un des symboles de l'Internet et de la cyberculture, il fait désormains l’objet de pastiches. Wahoo! en est l’exemple le plus utile puisqu’il permet de trouver son chemin au sein du richissime réseau Mygale .

    Le CNRS a considérablement favorisé l’essor de l’Internet francophone en développant dès 1995 un annuaire thématique des sites français. Malheureusement, l’ampleur du développement de l’Internet empêche les équipes du CNRS de poursuivre leur mission d’archivage et les conduit à rechercher un repreneur pour leur base de données. Il n’est donc pas certain que vous puissiez toujours emprunter ce lien vers le site UREC.

  3. Les méta-moteurs effectuent des recherches sur un échantillon de moteurs, et non directement sur les sites Internet. Certains observateurs les comparent à des parasites ou à des fainéants. Les services plus populaires sont aujourd’hui Webcrawler et Metacrawler.

  4. Les outils mixtes combinent un moteur de recherche et un annuaire. La majorité des services de recherche se conforment aujourd’hui à ce modèle pour renforcer leur attractivité. Même Yahoo! a intégré un moteur de recherche dans son site, en négociant avec Digital le droit d’utiliser le moteur d’Alta Vista. Cet accord explique que vous obtiendrez les mêmes résultats en effectuant une recherche sur l’un et sur l’autre. Il n’est donc pas utile de perdre du temps … En France, les outils mixtes sont nombreux et commencent à égaler leurs équivalents anglo-saxons. C’est le cas de Nomade , Ecila , Lokace ou Eureka .

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Les outils se spécialisent

Les outils de recherche sur l’Internet se spécialisent pour permettre des requêtes plus précises et mieux ciblées. Cette spécialisation s’effectue selon 4 axes :

  1. Géographique. Yahoo! a été adapté à la France, au Royaume-Uni et à l’Irlande, à l’Allemagne, au Canada et au Japon. Les services d’Excite ou de Lycos sont également adaptés à chaque pays. Les annuaires recréent ainsi des frontières dans le cyberespace en permettant aux internautes de ne se promener que sur les sites de leur nationalité. De la même façon, AltaVista permet désormais d’effectuer des recherches dans des contenus d’une certaine langue. Les Français, parfois effrayés par la suprématie de l’anglais sur le réseau, peuvent ainsi se promener dans une multitude de sites Web francophones sans risquer de tomber sur des contenus " barbares ".

  2. Thématique. En santé, des annuaires et des moteurs spécifiques sont apparus pour guider les patients et les praticiens vers les multiples ressources du réseau. Le service le plus évolué est aujourd’hui Medical Matrix. En France, des moteurs et des annuaires médicaux apparaissent, comme Caducée . Malheureusement, ils ne rivalisent pas encore avec leurs concurrents d’outre-Atlantique.

  3. Par objet. Les moteurs se sont développés dans un premier temps pour permettre à un utilisateur de retrouver une information au milieu des milliards de pages que compte le Web. Progressivement, les internautes ont voulu effectuer des recherches sur des objets précis : personnes, événements, images, sons, etc. Les moteurs se sont adaptés pour proposer des recherches sur des groupes spécifiques de données. Cela semble logique : lorsque vous cherchez une bouteille de lait chez vous, vous regardez directement dans votre cuisine, sans prendre la peine de commencer par votre salle de bains. Lycos permet ainsi d’effectuer une recherche d’images (le moteur n’analyse que les fichiers GIF et JPEG) ou de sons. Son service City Guide permet quant à lui de trouver des informations cartographiques pour les principales villes du monde. Eventseeker se concentre sur les recherches de congrès. Bigfoot, Whowhere  et Four11 sont consacrés à la recherche de personnes (équivalents des Pages blanches). Le service Yellow pages est concentré sur la recherche d’informations concernant les entreprises, comme sa traduction littérale en Français le laisse supposer. Dans ses pages Zoom, France Telecom offre une gamme d’outils spécifiques, comprenant notamment la description précise des rues commerçantes à partir de coordonnées soumises par l’utilisateur.

  4. Par espace de recherche. L’Internet, contraction de " interconnexion of networks ", est un ensemble d’espaces informationnels distingués par leurs protocoles et par les publics qu’ils rassemblent. Dans de nombreux cas, une recherche focalisée sur un sous-ensemble de l’Internet offre donc des résultats optimisés. Grâce à Yahooligans!, les enfants effectuent des recherches sur les sites qui leur sont consacrés. Dejanews ou AltaVista permettent de ne rechercher des informations que sur Usenet, c’est-à-dire sur le sous-réseau de l’Internet qui supporte les forums de discussions. Il est ainsi possible de suivre des débats sans être directement impliqué. En entrant le terme " bronchodilatateurs " un utilisateur peut par exemple consulter les discussions entre patients, professionnels de santé et chercheurs sur ce thème. Le moteur analyse simultanément plusieurs milliers de forums, dont le groupe de soutien psychologique aux patients asthmatiques.

Cette spécialisation progressive des recherches provoque un rapprochement conceptuel et fonctionnel entre les moteurs et les bases de données thématiques. Si vous souhaitez retrouver le nom de l’acteur qui jouait le rôle de Robby le robot dans le film The forbidden planet (1956), il convient d’aller sur l’Internet Movie Database plutôt que sur AltaVista. Comme cette information est stockée dans une base de données et produite dynamiquement en HTML, AtaVista ne pourra pas la retrouver, à moins qu’un cinéphile passionné par ce chef-d’œuvre ne mentionne l’information par ailleurs, dans des pages statiques (pour ceux d’entre vous qui brûlent de connaître la réponse, inutile de cliquer tout de suite sur l’Internet Movie Database, c’est Frankie Carpenter qui jouait le rôle de Robby le robot). Ce problème est général dans la mesure où la grande majorité des sites Web tend à se structurer autour de bases de données, dissimulant ainsi un ensemble conséquent de termes de référence.

Le foisonnement créatif des outils de recherche complique la classification des services. Difficile de dire, par exemple, si le site France Cinéma Multimédia est un moteur de recherche, un annuaire ou un simple site thématique. Cette évolution favorise les démarches des internautes, pourvu qu’ils sachent recourir aux outils pertinents en fonction des recherches qu’ils effectuent.

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Des performances croissantes

La spécialisation progressive des moteurs s’accompagne de performances croissantes. A technologie et principes de recherche constants, l’exploit réalisé par les moteurs mérite déjà d’être souligné : ils continuent à orienter les utilisateurs dans un environnement en constante évolution et en croissance exponentielle. Par comparaison, on peut dire qu’ils se comportent comme le guide d’un musée où s’ajouterait une salle chaque jour tandis que les collections évoluent dans chacune des autres salles. Aujourd’hui, Altavista visite régulièrement 50 millions d’ordinateurs dans le monde pour connaître le contenu de chaque page publiée sur l’Internet. Ceci explique qu’il puisse vous orienter vers 3831 documents lorsque vous effectuez une recherche à partir du mot santé.

Les moteurs de recherche sont des outils jeunes et largement perfectibles. Leur adolescence se caractérise par une évolution progressive des principes de recherche, de restitution des données et d’orientation des utilisateurs :

Evolution des techniques de recherche

Aujourd’hui, les moteurs sont idiots dans la mesure où ils ne comprennent pas les contenus qu’ils fouillent. Les recherches sont statistiques : le moteur rapporte des pages dans lesquelles figurent les termes mentionnés par l’utilisateur, éventuellement en croisant plusieurs critères selon un ensemble limité de liens logiques (AND, NEAR, NOT principalement). La recherche " conte NOT loup " permet par exemple de trouver un conte qui ne parle pas de loup, c’est-à-dire un texte où figure le mot conte mais pas le mot loup. Les documents rapportés sont alors classés par ordre d’occurrence du terme dans chacune des pages trouvées. Cette technique est relativement satisfaisante sur un faible volume de données puisqu’elle permet de trouver le document correspondant effectivement au besoin de l’utilisateur. Elle n’est pas adaptée à un espace informationnel où la profusion de données noie les réponses pertinentes dans un magma de documents ne correspondant pas au besoin de l’utilisateur (même s’ils contiennent les termes de sa recherche). D’une façon ou d’une autre, les moteurs sont désormais sommés de " comprendre " ce qu’ils analysent. Ils doivent savoir écarter les homonymes d’une requête, comprendre un terme mal orthographié (Jacque au lieu de Jacques), décliner un critère (loups, louve, louves pour " loup ") ou comprendre les idiomes nationaux : il n’est pas utile qu’un moteur rapporte un article intitulé " la majorité et l’opposition réglent leurs comptes " lorsqu’un utilisateur effectuent une recherche à partir de la requête comptes : il cherche probablement des informations financières.

Pour répondre à ces enjeux, la recherche d’informations exploite progressivement l’analyse sémantique plutôt que l’analyse statistique. Concrètement, le moteur devient capable de faire la différence entre le terme cœur employé dans un poème et le même terme employé dans un cas clinique de chirurgie cardiaque. De cette façon, il n’adressera que des documents médicaux à un cardiologue (à moins que ce dernier ne soit en quête d’une formule galante). Ces techniques de recherche restent expérimentales. Pour que ces outils soient mis à la disposition du public, des bibliothèques d’analyse sémantique doivent être constituées. Elles reproduisent les champs lexicaux propres à chaque thème ou secteur d’activité et permettent au moteur d’établir des rapprochements, des comparaisons ou des exclusions de termes. Cette logique favorise la spécialisation des moteurs de recherche.

Evolution du mode de restitution des résultats et d’orientation des utilisateurs

Jusqu’à présent, les moteurs de recherche fournissaient des résultats sous forme de listes interminables et de textes souvent confus. Aujourd’hui, ils tendent à être restitués sous la forme d’arborescences graphiques reconstituant des liens logiques entre les termes rapportés. AltaVista est le moteur le plus innovant en la matière, au travers de sa technologie Live Topics. Pour y accéder, il suffit de cliquer sur le bouton " refine " après avoir soumis une requête. L’utilisateur accède alors à un ensemble de menus et peut choisir de visualiser les réponses sous la forme d’une cartographie (option " graph ").

Cette technique se développe largement pour faciliter l’orientation des internautes dans le cyberespace. Bientôt, l’évolution des interfaces graphiques nous rapprochera d’un modèle où l’utilisateur se dirige et exploite des informations de façon visuelle, instinctive, comme s’il se déplaçait dans un espace réel et tridimensionnel. Cette approche, qualifiée de datascape, ou paysage de l’information, tire profit du développement de la réalité virtuelle. Le langage VRML permet notamment de reconstituer sur le Web des univers informationnels familiers, c’est-à-dire conformes à nos habitudes de gestion des connaissances et des références. Dans la vie quotidienne, nous gérons un ensemble considérable d’informations de façon instinctive, en nous référant aux significations, aux fonctions et aux contenus des objets qui nous entourent : panneaux indicateurs, tiroirs, livres, portes, clefs, tableaux, interrupteurs … Les techniques de représentation spatiale de l’information permettent progressivement de reconstituer cette richesse sensorielle et motrice. L’utilisateur doit pouvoir se déplacer avec aisance dans des banques de données mondiales ou dans le disque dur de son ordinateur en maîtrisant parfaitement les endroits où il peut disposer des différentes ressources dont il a besoin, à des fins professionnelles ou privées.

Ces développements complètent les applications évoluées qui simplifient les interfaces hommes-machines, comme la commande vocale. Dans un futur proche, les promesses qu’esquisse Live Topics se traduiront par un accès convivial et instinctif à l’ensemble du savoir humain, en fonction de besoins précis, dictés à l’ordinateur en langage naturel. Un médecin obtiendra en temps réel un document sur l’étude 4S après avoir négligemment demandé à son PC : " donne moi une étude sur la simvastatine ".

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Les agents intelligents

Malgré leur évolution, les moteurs de recherche restent limités dans leurs capacités, notamment lorsqu’ils sont utilisés sur le long terme. En effet, ils ne s’adaptent pas au profil de leur utilisateur et ne garde pas en mémoire les travaux déjà effectués. Pour une requête concernant Harley Davidson sur Alta Vista, les réponses obtenues lors du premier essai sont les mêmes que lors du dixième. Entre temps, le moteur ne détecte pas que, par exemple, vous vous êtes dirigés directement vers la septième référence et que, par conséquent, il convient de vous proposer ce document en premier. Cette absence de mémoire et d’adaptation à l’environnement bloquent l’arrivée de fonctionnalités désormais souhaitées par les utilisateurs. Sur l’Internet, devenu un média grand public, les agents intelligents constituent pour cette raison la prochaine génération d’outils de recherche.

Les agents intelligents sont aux moteurs de recherche ce qu’Homo Sapiens est à Néanderthal : un cousin plus évolué dont la filiation n’est pas garantie. En clair, les agents sont appelés à supplanter les moteurs de recherche mais ils n’est pas certain qu’ils soient développés à partir des mêmes technologies. Les moteurs de recherche et les annuaires personnalisés, comme My Yahoo, constituent sans doute un modèle intermédiaire dans ce schéma évolutif.

Un agent est un logiciel ou un code informatique possédant les trois attributs suivants :

  1. L’autonomie, c’est-à-dire la capacité de définir ses objectifs et de s’exécuter sans contrôle humain.

  2. La collaboration, c’est-à-dire la faculté de coopérer avec d’autres programmes ou des humains pour aboutir à un objectif.

  3. L’apprentissage, qui permet le raisonnement pour s’adapter et interagir sur son environnement.

Même s’ils sont encore imparfaitement dotés de ces trois attributs, trois types d’agents intelligents sont développés aujourd’hui :

  1. Agents de recherche et de diffusion de l’information. Leur but est de filtrer, de faciliter l’accès aux ressources et de personnaliser les services offerts. Beaucoup de produits sont déjà disponibles sur le marché. Ils assument des fonctions proches des méta-moteurs et comportent en sus une fonction de mémorisation et de prise (limitée) d’initiative. C’est le cas d’Echosearch, capable d’indiquer à son utilisateur que des pages ont été modifiées sur les sites qui l’intéressent. Cette faculté confère aux agents de recherche un intérêt majeur dans les activités de veille. Ils décuplent en effet les capacités d’attention, d’analyse et de synthèse.

  2. Agents spécifiques.Ils accomplissent des missions précises dans des domaines limités. La spécialisation des agents repose sur les mêmes ressorts que celle des moteurs ; elle vise également à atteindre rapidement une forme d’excellence dans certains domaines. Des efforts sont menés par les universités et par les entreprises pour développer des critiques de cinéma, des critiques littéraires, des acheteurs (radins), des agents de liaison ou des conseillers emplois. Ces agents sont censés trouver rapidement les informations pertinentes dans leur domaine. Au-delà, ils seront bientôt capables de gérer une activité sur le long terme pour leur utilisateur. Le critique de cinéma connaîtra vos goûts ainsi que ceux de vos amis (il se mettra en relation avec leurs propres agents), se souviendra des films que vous avez déjà vus, connaîtra la programmation dans les cinémas proches de votre domicile, l'actualité cinématographique et les avis autorisés. Il saura donc vous orienter dans les salles obscures avec tact et intelligence, ce qui est sans doute aussi difficile que de vous aider à naviguer dans le cyberespace.

  3. Agents personnels. Ils assistent l’utilisateur dans l’usage de ses outils, apprennent ses habitudes et anticipent son comportement. Ces assistants vous aideront à gérer les aspects logistiques et administratifs de votre vie quotidienne dans la mesure où ceux-ci sont de plus en plus dématérialisés. IntellAgent, par exemple, se comporte comme un secrétaire particulier. Si vous souhaitez partir en week-end à Rome, il achète un billet d'avion auprès d'Air France, réserve une chambre d'hôtel, programme une ballade culturelle et surveille la météo. Si une grêve est pressentie ou annoncée chez Air France (les agents devraient rapidement apprendre à considérer cette hypothèse), l'assistant demande le remboursement de votre billet et réserve une place sur un vol d'Alitalia.

Comme pour les moteurs de recherche, il sera rapidement difficile de différencier un agent de recherche d’un agent spécifique ou d’un assistant personnel. Les majordomes électroniques, comme les appellent les chercheurs du MIT, tendront à assumer un nombre croissant de tâches, qu’ils délégueront à des moteurs de recherche ou à d’autres agents de façon transparente pour l’utilisateur. Agentware, développé par la société californienne Autonomy, illustre cette évolution. Cet agent, présenté sous la forme d’un chien, deviendra peut-être le meilleur ami de l’homme du XXIè siècle. En effet, il réalise sur commande des revues de presse personnalisées, des recherches complexes sur l’Internet (à partir de commandes en langage naturel) et garde en mémoire l’ensemble des travaux réalisés pour les exploiter lorsqu’une nouvelle requête le suggère. L’outil n’est pas encore satisfaisant mais les principes mis en oeuvre méritent l’intérêt des utilisateurs et des animateurs de services en ligne.

Issus des technologies de l’intelligence artificielle, les agents intelligents exploitent la nature distribuée de l’Internet. L’absence d’autorité centrale de régulation et la complexité du système imposent une approche coopérative entre des entités capables d’échanger des informations, de négocier et de coordonner leurs actions.

Il est encore difficile de savoir comment s’organisera la vie des agents dans le cyberespace. Le modèle dominant pourrait consacrer un jeu coopératif entre un composant logiciel situé sur le poste client (et exploitant le navigateur Web, le système d’exploitation et les outils bureautiques) et un composant serveur, c’est-à-dire une base de connaissances permettant à l’agent de trouver les ressources nécessaires à sa mission. Ce dialogue émergera probablement d’un rapprochement entre les outils actuels. En matière de recherches cinématographiques par exemple, les agents critiques de cinéma, comme Movie critic pourraient interagir avec un moteur de recherche dédié au 7ème art, comme l’IMDB. Ces évolutions enrichissent et densifient les relations sociales, économiques et fonctionnelles sur l’Internet, alors même que l’utilisation de ses ressources se simplifie pour les utilisateurs humains.

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Les nouveaux médiateurs

L'irresistible progression des outils de recherche et des agents intelligents peut laisser sceptiques ceux qu'effraie la prétendue déshumanisation du cyberespace. Pourtant, cette progression technologique s’accompagne de nouveaux services – animés par des personnes physiques - pour accompagner les internautes dans leurs activités de recherche, d'analyse, de classification, de mémorisation et de synthèse. Ce constat remet en cause l'idée selon laquelle l'Internet tuerait les intermédiaires en mettant en relation directe les agents économiques situés à chaque extrémité de la chaîne de valeur. En fait, les intermédiaires ne disparaissent pas, ils évoluent et développent des services à plus forte valeur ajoutée. Les hommes et les logiciels sont donc complémentaires :

  • Les nouveaux médiateurs humanisent un discours préparé par les ordinateurs. En ce sens, ils fluidifient et pacifient les rapports sociaux dans l’info-monde. Ils offrent une réponse à une question fondatrice pour la culture et la liberté humaines : qui parle ? L’identification des orateurs doit permettre de limiter les manipulations du discours dont les médias sont naturellement porteurs.

  • Les médiateurs humains apportent à l’information une valeur ajoutée. Libérés de tâches simples et répétitives, ils peuvent se consacrer à des missions plus complexes, nécessitant par exemple un effort d'imagination, un esprit de synthèse ou de l’humour, que les programmes informatiques sont loin de pouvoir assurer. L'automatisation a souvent pour corollaire l'enrichissement des actions humaines.

Les moteurs et les annuaires n'offrent pas aux utilisateurs les relations interpersonnelles dont ils sont demandeurs. Quand je recherche un site de dermatologie, je ne souhaite pas qu'on me propose une liste froide de documents ; je veux qu'un interlocuteur me conseille deux ou trois références répondant à mon attente. Cette nouvelle approche est mise en œuvre par des sites comme Mining Company, qui a développé un réseau d'experts pour conseiller les internautes sur une multitude de sujets spécialisés. Bien entendu, ces guides du cyberespace exploitent eux-mêmes les outils de recherche pour apporter leur aide aux internautes. Pour évaluer la complémentarité de ces différentes approches, il est intéressant de comparer une recherche sur le cancer du sein via un moteur et via un service d'orientation géré par des guides spécialisés . Devant la multiplication des contenus, la labellisation des services par des observateurs objectifs apparaît comme une innovation bienvenue.

De façon naturelle, la recherche d'informations via des médiateurs humains se rapproche des services de veille technologique et concurrentielle. Ici encore, la collaboration des hommes et des outils informatiques est incontournable. Le service QWAM permet par exemple de résoudre une question grâce à des spécialistes ayant recours à des bases de données internationales.

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Quel avenir pour les outils de recherche ?

Après ce tour d'horizon, qu'il conviendrait d'approfondir sur un plan technologique, on peut s'interroger sur l'avenir des outils de recherche. Au-delà des mutations technologiques, trois tendances peuvent être dégagées :

  1. Les moteurs de recherche et les annuaires tendent à devenir des services en ligne d'information générale. Ils essaient d’accroître leurs ressources publicitaires en retenant des utilisateurs qui, par définition, ne font que passer. Tous les services de recherche offrent aujourd'hui des articles sur l'actualité politique, économique, sociale et culturelle.

  2. Les technologies déployées sur l'Internet s'étendent aux réseaux Intranet. La créativité en matière de recherche d'informations provoque le déploiement au sein des entreprises d'outils favorisant la cohérence des savoirs et la productivité des individus. Digital commercialise AltaVista auprès des entreprises pour permettre à leurs employés d’évoluer aisément dans les ressources informationnelles dont elle dispose. Un utilisateur lançant une requête sur un moteur AltaVista privatif peut exercer simultanément une recherche sur son disque dur, sur l'Intranet de son entreprise et sur l'Internet. Il peut également cartographier le savoir de l’entreprise sur un thème donné. Le traitement analytique de l'information rapproche ainsi les moteurs de recherche de concepts comme le datamining et le datawarehouse, complémentaires sur le plan stratégique et informatique.

  3. Les services de recherche pourraient devenir des info-centres pour agents intelligents. Dans cette perspective, ils joueraient un triple rôle :

  • Entraînement des agents intelligents. Les agents doivent être entraînés pour être performants. Un info-centre pourrait former un agent en quelques jours (sans s'offusquer des approximations observées dans les premières démarches) là où un utilisateur humain mettrait plusieurs mois, s'il ne se décourage pas avant. Concrètement, le consultant d’un info-centre dialoguerait avec l’acheteur de l’agent intelligent pour cerner ses goûts, ses habitudes, ses manies, ses références, ses activités, ses besoins. Jouant un rôle de tuteur, il configurerait alors l’assistant du client pour qu’il lui soit utile et agréable dès le premier jour. Il resterait à sa disposition pour perfectionner le programme si celui-ci ne s’adapte pas suffisamment vite et bien à son environnement.

    Votre agent saura par exemple que votre revue de presse quotidienne doit commencer par un tour de l’actualité internationale (sauf si un événement d’une certaine importance a eu lieu en France), que la synthèse sportive doit être un peu plus fournie le lundi mais qu’elle ne doit pas comporter de cyclisme, de boxe ni de tennis. Il vous fournira un tableau synthétique des cours pour les actions que vous possédez et vous soumettra un programme télévisé ne contenant que des émissions et des fictions susceptibles de vous plaire. Il terminera sa revue par un inédit, sélectionné de façon aléatoire dans l’écume de l’actualité. Bien entendu, cette revue de presse vous sera remise sous la forme qui vous convient. Remise sous forme de journal, imprimé ou électronique, elle pourra également vous être lue dans votre voiture ou dans le métro (prévoir un casque). Le week-end, elle vous sera présentée sous forme vidéo.

  • Fourniture de donnés. Les agents ont en effet besoin d'interagir avec des bases de connaissances pour délivrer leurs services. Ils auront leurs bonnes adresses, comme d’autres connaissent les bons bistrots. L’info-centre leur fournira directement des données ou les orientera vers des bases d’informations performantes et labellisées. Sans cette médiation, votre agent risquerait de rendre compte de la situation au moyen-orient à partir d’un communiqué du Hamas.

  • Archivage d'informations. Comme un agent inscrit sa durée dans le long terme, il produit un volume important d’informations. Ce gain d’expérience et de références permet à l’agent de se bonifier et d’assister son utilisateur dans un nombre croissant de tâches. Progressivement, il gérera des aspects importants de votre vie : achats électroniques, agenda, notes de travail tirées des revues de presse. La perte d’un agent intelligent équivaudra alors à une amnésie doublée de la disparition d’un assistant modèle. Pour remédier à ce risque et pour assurer la conservation de vos souvenirs, les info-centres mettront à votre disposition des espaces disques hautement sécurisés et assureront des fonctions de maintenance sur la mémoire de l’agent. Ils joueront ainsi un rôle de notaire et de banque pour vos informations confidentielles. Les agents sauront utiliser ces centres de façon autonome. Ils sauvegarderont régulièrement leurs données. Ils répartiront ou dupliqueront leur savoir pour assurer sa pérennité sans encombrer votre disque dur.

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Conséquences pour les animateurs de sites Web

L'évolution des outils de recherche d'informations oblige à repenser complètement les concepts marketing et les techniques de communication.

Aujourd'hui, toute parole s'adresse autant aux logiciels qu'aux hommes. Un slogan ne doit plus avoir pour seul objectif de plaire au public visé : il doit également toucher les moteurs de recherche et, bientôt, les agents intelligents mis au service du consommateur final. Ceci implique d'exploiter les subtilités du langage informatique qui permettent d'être bien vu par un outil de recherche (et d'apparaître en haut d'une liste de références fournie par un moteur par exemple). A court terme, les gestionnaires de site Web doivent s'assurer qu'ils gèrent correctement les meta-balises au sein de leurs pages HTML.

D’autre part, les technologies Web (dont le Push ) consacrent la personnalisation des informations et des services. La communication de masse est donc définitivement dépassée sur l'Internet. Elle le sera à moyen terme sur de nombreux média, contaminés par les technologies numériques (comme la télévision). Déjà, les moteurs de recherche adressent des bandeaux publicitaires personnalisés aux utilisateurs, en fonction de leurs requêtes. Au-delà de la grande consommation, ce micro-marketing est observable dans la vie culturelle (taper book sur AltaVista) comme dans le domaine médical (taper asthma pour interroger Medline sur Medscape). Dans le premier cas, une publicité pour une librairie virtuelle est affichée. Dans le second, l'internaute peut accéder à un site d'allergologie après avoir cliqué sur le bandeau qui lui est adressé.

A moyen terme, tout peut être imaginé puisque les utilisateurs disposeront à court terme de logiciels capables d’acheter des biens et des services à partir de critères sélectifs (prix, nationalité, couleur, etc). Les mouvements écologistes et les associations de défense des libertés publiques pourront ainsi organiser des campagnes de boycott d’une ampleur insoupçonnable. Aujourd’hui, il est difficile pour un consommateur d’introduire une logique " citoyenne " dans ses achats : l’information disponible est pauvre, difficile d’accès et complexe. Respecter certaines règles éthiques est chronophage et dommageable pour son utilité personnelle. Bientôt, l’instantanéité et l’universalité de l’information couplées à la possession d’outils d’analyse performants permettront aux consommateurs de choisir les marques qu’ils veulent selon un tri serré. Vous demanderez ainsi à votre assistant logiciel de vous indiquer les firmes qui ne respectent pas la législation sociale, les mesures anti-pollution ou les lois internationales (embargo d’un Etat terroriste par exemple). En dialoguant avec les bases de données d’organismes internationaux (Unesco, Amnesty international, ...) et en analysant les informations produites par les groupes incriminés, votre assistant exclura certaines compagnies de votre liste de fournisseurs. A l’inverse, il vous recommandera certaines sociétés, particulièrement respectueuses des principes que vous défendez. Les sociologues accréditent cet avénement du consommateur-citoyen. Les nouvelles technologies favorisent les démarches éthiques fondées sur la transparence de l’information. L’évolution décrite semble d’autant plus probable que les associations investissent massivement l’Internet. Par la confiance qu’il suscite et grâce à ses ressources, Greenpeace pourrait proposer demain un logiciel gratuit d’aide à la consommation. Par des campagnes mondiales et une information continue de ses sympathisants, le mouvement destabiliserait alors des groupes jugés non éthiques.

En somme, des rapports nouveaux se tissent entre les compagnies et les consommateurs. Les slogans emphatiques sembleront parfois de peu de poids lorsqu’ils seront confrontés à la réalité d’une entreprise. Au-delà du discours, les groupes doivent apprendre à mettre en oeuvre des stratégies de service et d’information pour leurs consommateurs. Le pouvoir du consommateur-Internaute et l’organisation du média Internet obligent de plus en plus les annonceurs à faire preuve d’imagination pour toucher les consommateurs, attirer leur attention et susciter un achat : tel groupe laissera un produit à l’essai, tel autre vous offrira votre revue de presse quotidienne, un dernier donnera des cours d’Anglais par correspondence à vos enfants. Pour être vu et apprécié, un message publicitaire devra en même temps être un acte (correspondance avec l’idéologie revendiquée par l’entreprise) et un service (offre d’une prestation à l’Internaute-consommateur). Si l’entreprise ne respecte pas ce modèle, elle sera exclue du champ informationnel de l’utilisateur (le filtre logiciel de son navigateur y pourvoira). Dans ce paysage, la concurrence entre les compagnies devrait prendre un tour nouveau. Certaines s’engageront dans des campagnes de désinformation tandis que d’autres joueront le jeu de la transparence et de la citoyenneté. Elles s’engageront par exemple à ne pas commercialiser les bases de données concernant leurs clients (et ne le feront effectivement pas).

Les moteurs de recherche accompagnent ces tendances car ils modifient le recours aux informations. Globalement, ils élèvent les exigences des utilisateurs, qui souhaitent désormais pouvoir accéder rapidement et simplement aux ressources dont ils ont besoin. Cela explique que de nombreux services proposent maintenant des outils de recherche interne. C'est le cas du site Medcost, où une fenêtre de recherche apparaît constamment dans le cadre de gauche. Vous pouvez vous y reporter pour poursuivre votre visite. Pour compléter ce tour d'horizon, vous pouvez consulter une interview de François Bourdoncle, le créateur de COW9, l'outil graphique du moteur AltaVista .


 

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1er octobre 1999

 

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