Pharmacie
versus Agrochimie :
le concept de sciences de la vie aurait-il vécu ?
Corinne
Radal
1er
février 2001
En
l’espace d’un an, 4 grands groupes pharmaceutiques se sont désengagés
de leur chimie ou de leur agrochimie, et d’autres ont annoncé leur
intention de suivre le mouvement. A l’opposé, les entreprises de
chimie ou agrochimie hésitent à rester dans la santé.
Quelles
sont les raisons de ce grand « troc », pharmacie contre
agrochimie, qui remet en question le concept de sciences de la vie ?
Le point de vue des laboratoires :
pourquoi la chimie et l’agrochimie ne séduisent plus.
Le
point de vue des chimistes : un marché intéressant
Transactions :
ce qu’il s’est passé en 2000
Le point de vue des laboratoires :
pourquoi la chimie et l’agrochimie ne séduisent plus.
En
l’an 2000, Pharmacia
& Upjohn, AstraZeneca,
Novartis et Aventis
se sont séparés de leur agrochimie. Le dernier en date, Aventis,
était pourtant considéré comme l’emblème des sciences de la vie
puisque c’est ce concept qui avait présidé à sa naissance fin 1999
lors de la fusion entre Rhône-Poulenc et Hoechst.
Quels
ont été les moteurs de ces décisions :
1.
Les laboratoires veulent se recentrer sur leur cœur de métier :
la pharmacie
Les
laboratoires pharmaceutiques traversent actuellement une période
chargée : non seulement ils devront faire face prochainement
à l’expiration d’un certain nombre de leurs brevets, et donc défendre
leur rentabilité et renouveler leur portefeuille de produits, mais
en plus la recherche subit aujourd’hui de nombreux bouleversements,
notamment avec les découvertes sur le génome humain.
Les groupes
pharmaceutiques se doivent plus que jamais d’être à la pointe dans
leur domaine, et c’est pourquoi certains choisissent de se consacrer
entièrement à la pharmacie et de se séparer de leurs autres activités.
C’est
cette volonté de se recentrer sur la pharmacie qui a été à l’origine
de la décision de Sanofi-Synthélabo
de mettre en vente sa filiale de chimie fine Sylachim et ses 2 entreprises
de matériel médical Porgès et Ela
Medical.
L’exemple
d’Aventis est encore plus probant dans ce domaine. En 2000, son
chiffre d’affaires provenait à 75% de la pharmacie. Depuis sa création
l’année dernière, Aventis a en effet vu l’écart se creuser entre
ses activités pharmacie et agrochimie, notamment en raison du fort
développement du groupe aux Etats-Unis, premier marché mondial.
Malgré
cette progression, Aventis n’est aujourd’hui que le 7ème
groupe pharmaceutique (selon le classement IMS
Health), et il doit faire mieux pour s’affirmer en tant que
grand de la pharmacie et rester dans la course dans ce secteur où
la phase de concentration n’est pas terminée.
Il lui
faut notamment d’une part tenir les promesses d'un lancement de
2-3 médicaments par an [lire notre article à ce sujet]
pour maintenir sa rentabilité, et d’autre part investir dans les
nouvelles technologies. En effet, ni Hoechst ni Rhône-Poulenc n'ont
investi dans les années 90 dans la recherche génomique pour la santé
humaine, comme ont pu le faire d’autres laboratoires. Un certain
retard a donc été pris de ce côté, même si l’alliance conclue en
août avec la société de biotechnologie Millenium constitue un premier
pas dans ce domaine.
Suite
et fin (2/2)
1er février 2001
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