Pharmacie
versus Agrochimie :
le concept de sciences de la vie aurait-il vécu ?
Corinne
Radal
1er
février 2001
suite (2/3)
Le point de vue des laboratoires :
pourquoi la chimie et l’agrochimie ne séduisent plus.
(Suite)
Le
point de vue des chimistes : un marché intéressant
Transactions :
ce qu’il s’est passé en 2000
Le point de vue des laboratoires :
pourquoi la chimie et l’agrochimie ne séduisent plus. (Suite)
2.
Des perspectives incertaines pour l’agrochimie
Le
contexte actuel est délicat pour l’agrochimie : hier très prometteuses,
ses perspectives de développement ont été remises en question par
les polémiques déclenchées autour des OGM (Organismes Génétiquement
Modifiés).
Les 24
et 25 juin 1999, le conseil européen des ministres de l'environnement
a interdit les OGM en Europe. Les Etats-Unis, autre grand marché,
ont quant à eux été secoués par l’affaire Starlink, qui a éclaté
à l’automne suite à la découverte de maïs génétiquement modifié
interdit à la consommation dans des tacos. Elle a connu ensuite
un rebondissement lorsqu’un semencier américain a repéré des traces
de la protéine génétiquement modifiée dans des variétés de maïs
classiques, ce qui pourrait révéler une pollution de la chaîne alimentaire
bien plus importante que prévu. Les espoirs que les laboratoires
fondaient dans le marché des biotechnologies végétales semblent
désormais beaucoup moins réalistes, au moins à court terme. Dans
ce contexte défavorable, certains groupes de sciences de la vie
ont préféré se séparer de leur activité agrochimie.
L’exemple
d’Aventis illustre parfaitement cette idée. En novembre, le directoire
a fait avaliser par le conseil de surveillance la vente d'ici à
fin 2001 de sa filiale agrochimique Aventis CropScience,
qui deviendra Agreva. Cette filiale est pourtant dotée d'un portefeuille
de produits fournis et d'une bonne rentabilité, mais ses développements
futurs sont handicapés par les polémiques autour des OGM.
3.
Les préférences des actionnaires vont à la pharmacie
Les
marchés de la pharmacie et de l’agrochimie suivent des dynamiques
très différentes :
-
Le marché pharmaceutique croit d’environ 7% par an au niveau mondial,
celui de l’agrochimie de 2 à 3%.
- Les
PER (Price Earning Ratio) des groupes pharmaceutiques sont de manière
générale plus élevés que ceux des groupes chimiques. Le PER, rapport
entre le cours de l’action d’une entreprise et son bénéfice par
action, reflète la croissance des bénéfices espérés par la Bourse.
Plus l’entreprise est valorisée, plus il lui est facile de faire
de la croissance externe. L’intérêt des actionnaires et des dirigeants
est donc d’avoir un PER le plus élevé possible pour pouvoir lever
des fonds.
De
plus, les revenus de l’agrochimie sont en baisse : les ventes
d'Aventis CropScience (environ 3 milliards d’euros pour les 3 premiers
trimestres 2000) ont par exemple baissé de 1,8% par rapport à l’année
précédente, et Novartis a réalisé au premier trimestre 1999 autant
de pertes que sur l'année 1998. L’agrochimie apparaît donc peu séduisante
pour les actionnaires, qui sont favorables à son abandon en faveur
de la pharmacie.
Ce
sont par exemple les pressions des actionnaires qui ont amené Novartis
et AstraZeneca à se séparer de leurs divisions agricoles respectives,
qui ont ensuite fusionné pour créer une nouvelle entreprise baptisée
Syngenta.
De même,
les actionnaires d’Aventis ont réclamé la séparation des activités
agrochimiques et pharmaceutiques, et ce d’autant plus que ce caractère
hybride pèse sur la valorisation du titre.
En
se séparant de l'agriculture et de certains actifs chimiques, Aventis
entend donc répondre aux attentes de ses actionnaires et :
-
réduire son endettement (l'objectif étant de le ramener à 7 milliards
d'euros contre 13,3 milliards d'euros au 30 juin),
- retrouver
une valorisation identique à celle des autres laboratoires pharmaceutiques
- rester
dans la course dans le secteur de la pharmacie, notamment en améliorant
sa rentabilité.
Suite
et fin (3/3)
1er février 2001
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