Ingénierie
santé et rôle des assurances complémentaires
Hervé
Nabarette
26
février 2003
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Quelle place pour les assurances complémentaires ?
Comme on le
voit, les complémentaires ont développé des
manières de faire nouvelles sur ces postes de remboursement
où elles ont le premier rôle : fabrication de référentiels,
partenariat avec les professionnels de santé, exigence de
qualité, pas de présupposition systématique
sur les résultats financiers ex post
Pour cela, elles
ont souvent dû pallier les effets de leur émiettement
et s'unir pour partager leurs moyens.
Les réformes
qui doivent être présentées à l'automne
ont des objectifs financiers (décharger l'assurance maladie
d'une partie de ses dépenses) et de rationalisation du système.
Certains scénarios sur le rôle imparti aux assurances
complémentaires sont difficilement souhaitables ou réalisables.
Une réduction homothétique du rôle de l'assurance
maladie dans les différents secteurs de remboursement serait
le pire des scénarios : accroissement des inégalités,
absence de changement dans les modes de gestion des risques. Le
scénario d'ouverture à la concurrence ne semble toujours
pas d'actualité. Difficile politiquement, il ne résout
pas tous les maux du système (hypertrophie de l'hôpital
),
fait peser un risque de déstabilisation du système
(complexité de l'organisation à mettre en place),
et ne garantit pas une maîtrise des coûts à long
terme (phénomènes de concentration, marges des opérateurs
).
Confier l'intégralité
du risque dentaire et optique aux complémentaires pourrait
présenter certains avantages. Il est intéressant que
les opérateurs se spécialisent, afin d'évoluer
vers une gestion plus efficace du risque, plutôt que vers
la gestion de plus de risques. Il semble ne pas y avoir de raison
de maintenir une présence de la sécurité sociale
sur tout le spectre des dépenses. Accorder un rôle
global aux complémentaires en matière de dentaire
et d'optique reviendrait à aller dans le sens de la "
décentralisation " du système. Les professionnels
du dentaire et de l'optique discuteraient avec des interlocuteurs
moins nombreux, plus responsabilisés et plus experts.
Ce schéma,
envisageable à court terme, permettrait de renforcer l'expertise
des complémentaires et d'envisager si besoin de nouvelles
réformes à moyen terme. Comme cela est rappelé
dans le Panorama de l'assurance santé 2003 (Jalma), le scénario
de mise en concurrence au premier euro se heurte aujourd'hui au
manque de maturité des candidats. Dans le même ordre
d'idées, une évolution envisageable consisterait à
accorder aussi la gestion des indemnités journalières
aux complémentaires. Les indemnités versées
aux salariés en arrêt de travail augmentent de près
de 10 % par an. Or les institutions de prévoyance
gérées par les partenaires sociaux et qui ont en charge
les risques d'incapacité et d'invalidité de conventions
collectives entières gèrent assez bien les indemnités
journalières. De façon plus générale,
on sait que les partenaires sociaux, lorsqu'ils sont placés
face à leur responsabilité, peuvent faire preuve de
rigueur. La gestion de l'UNEDIC est souvent citée en exemple.
La différence
avec la sécurité sociale, elle aussi gérée
par les partenaires sociaux, tient dans la responsabilité
assumée par l'opérateur. Aujourd'hui, pour une grande
partie des dépenses de santé, il existe une dissociation
entre la responsabilité dans la définition des dépenses
et leur gestion quotidienne. Des experts remarquent que les caisses
ont laissé filé les dépenses sur les médicaments
et les indemnités journalières, pour lesquelles elles
ne sont que gestionnaires, mais qu'elles ont été en
revanche rigoureuses sur les honoraires des médecins de ville
qu'elles négocient. L'enjeu de la réforme est aussi
de clarifier les rôles pour responsabiliser les acteurs.
La délégation
des risques à des organismes autres que la Sécurité
sociale doit s'accompagner des transferts financiers adéquats.
Par ailleurs, ces risques doivent être soigneusement définis,
afin de ne pas séparer des risques qui sont en réalité
liés (cf le "petit risque" qui entraîne le
"gros risque").
Groupama
Premier assureur en santé individuelle et première
mutuelle d'assurance en France avec 5 millions de sociétaires.
Le chiffres d'affaires de Groupama santé est de 700 millions
d'Euros en 2001.
FNMI
Fédération nationale de la Mutualité
interprofessionnelle ("mutuelle interprofessionnelle"
= entreprise soumise à la logique concurrentielle et
à l'éthique mutualiste). La Fédération
regroupe le tiers des effectifs de la FNMF dont elle est membre.
Les 98 mutuelles rassemblées à la FNMI protègent
environ 10 millions de personnes. Le chiffre d'affaires de
ces mutuelles interprofessionnelles dépasse les 3,05
milliards d'Euros.
AG2R
Ce groupe regroupe les mutuelles AGMUT (une vingtaine), et
des institutions de prévoyance à gestion paritaire
(AG2R Prévoyance, CIRPRECA Prévoyance, Prévoyance
PME). Premier groupe interprofessionnel français de
prévoyance complémentaire des salariés
et des retraités, il représente plus de 500
000 contrats collectifs d'entreprises garantissant près
de 3 millions de salariés et près de 2 millions
de contrats individuels. Le chiffre d'affaires de ces institutions
est de 575 millions d'Euros. Il est géré de
façon paritaire par les employeurs et les syndicats.
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