E-santé et réorganisation du système de santé,
un débat encore pauvre.
"Restructuration de l'offre de soins : réseaux et
impact de l'e-santé" le thème de la conférence
inaugurale du Medec était alléchant, et la présence
de Bernard Kouchner en guest-star n'y était pas pour rien.
Las ! Pour la ènième fois les débats ont porté
sur les réseaux de soins, leur bilan et leur cadre institutionnel,
et l'aspect e-santé est passé aux oubliettes. Son
évocation elliptique reflète la méconnaissance
de cette dimension par les acteurs institutionnels.
Puisque c'était le titre donné au débat, il
fallait bien en parler. Tour à tour les intervenants ont
donc pris la parole. Le président du Haut Comité de
Santé Publique, Denis Brodin, a suggéré (idée
la plus intéressante évoquée) que les NTIC
et l'Internet en particulier pourraient établir un lien entre
les réseaux hyper spécialisés, centrés
sur des sites hospitaliers, et les réseaux " de santé
" de proximité (dont Didier Ménard, président
de la CNR (lire notre interview) a rappelé la réalité
de terrain). La technologie pourrait rendre disponible l'information
et l'expertise technique, en faisant disparaître l'unité
de lieu physique. Michel Villac (lire notre interview) a quant à
lui rappelé l'intérêt que porte le ministère
au développement des architectures communicantes en santé.
Pascal Penaud, Inspecteur général des Affaires Sociales,
par delà le sujet des réseaux, a amené les
échanges sur le terrain encore vierge de l'économie
des sites santé. Quelle est réellement la demande,
quelles sont les attentes de l'usager ? Et, si la demande est solvable,
qui paiera les services e-santé ? Le patient lui-même,
l'assurance maladie, l'assurance complémentaire ? La question
était ouverte, mais aucun élément de réponse
n'a été apporté.
La
e-santé a vite cédé la place dans les discours
aux réseaux et ses thèmes récurrents : qu'est-ce
qu'un réseau, quel est le cadre institutionnel des réseaux
de soins, comment vont-ils évoluer ?
Meneur du débat, Gilles Johanet a ouvert le feu en fustigeant
l'amendement Evin sur les réseaux expérimentaux et
le projet de décret sur la régionalisation des agréments
de réseaux. Question de fond : " Allons-nous promouvoir
les réseaux avec le maintien du laisser-faire dans le reste
du paysage de santé français ? ". Face à
la multiplication des réseaux, il a regretté le manque
d'évolution du secteur hospitalier : " les réseaux
ont été créés pour alléger l'hôpital,
sans qu'une restructuration de celui-ci soit engagée ".
Et quid du problème de la labellisation et/ou de la certification
de ces projets au regard du choix du patient ?
Gilles Johanet a fustigé le manque de concertation dans la
décision de régionaliser les procédures d'agrément
des réseaux, prise en l'absence de réflexion et d'état
des lieux sur les 3 ans d'expérimentation passés.
La réflexion aurait pu porter sur la prise en charge globale
versus la prise en charge par pathologie, et plus largement, sur
les seuils autorisant à passer de l'expérimentation
à la dérogation et le risque d'inflation découlant
de cette généralisation.
Le projet de décret, dont il a soulevé les contradictions
et les questions en suspens, ne trouve donc pas grâce à
ses yeux : quelle sera l'articulation entre la procédure
d'agrément régionale (reposant normalement sur le
risque) et le FAQSV ? Comment s'effectuera le partage entre les
décisions nationales et régionales ?
Plus proche des aspects de terrain, Maître Laurent Houdart,
spécialiste de la question des réseaux, a souligné
les problématiques juridiques qui se posent encore : la limite
non encore déterminée de l'expérimentation
à la généralisation, l'exercice en commun de
professionnels de santé aux statuts différents, le
problème de la responsabilité du professionnel au
sein du réseau et enfin celui de la rémunération
de l'activité en réseau. Enfin il a ainsi mis en exergue
l'insuffisance actuelle, face à ces questions, de la structure
juridique des réseaux de soins ou de santé, quasiment
tous appuyés par une association loi 1901.
Rien de vraiment neuf lors de ce débat. Retenons néanmoins
qu'il a eu le mérite de reposer des questions toujours sans
réponse et pourtant essentielles pour l'efficacité
et la pérennité des réseaux de soins, alors
qu'ils se multiplient et que les principes d'expérimentation
vont être prolongés. Une conclusion de fait que n'a
pas vraiment démentie Bernard Kouchner dans son discours
conclusif, pour lequel il a réservé deux annonces
dans le calendrier législatif : d'une part un projet de loi
sur l'information et l'information électronique en particulier,
et d'autre part, un projet de légalisation des réseaux
dans la future loi de modernisation du système de santé.
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