Découvrez Medcost

Plan du site

Contactez-nous

33, rue Raffet
75 016 Paris
Tél : 01 42 15 08 08

Copyright N.HONORE

François MALYE
Journaliste - Sciences et Avenir

(suite)

5- Pour affiner l'analyse statistique, vous avez envoyé un questionnaire détaillé à chaque hôpital. Quelles ont été les réactions à ce questionnaire ?

Un taux de retour extraordinaire : 62%, ce que jamais un service de l'Etat n'a obtenu. Ce chiffre est à comparer à celui de l'an dernier : 7%. Entretemps la FHF (Fédération Hospitalière de France) a donné aux hôpitaux le conseil de répondre, ce qui est tout à son honneur et montre qu'elle a compris l'intérêt de cette enquête. Ces réponses nous permettent d'ailleurs de disposer de chiffres que personne n'avait jusque là. Nous savons par exemple le pourcentage de maternités qui peuvent offrir un service de garde complet (obstétrique, chirurgie et anesthésie) 24 h sur 24 : il invite d'ailleurs à la réflexion puisqu'il est de l'ordre de 20%.

6- Comment expliquez-vous que l'APHP (Assistance Publique des Hôpitaux de Paris) ait refusé de vous communiquer les résultats des CHU parisiens ?

Je suis frappé, dans la réaction de ce qui est censé être le fleuron du système hospitalier français, par une attitude qui devrait appartenir à un passé révolu. La première règle de l'accréditation consiste à répondre franchement. Quand vous ne répondez pas, au Canada, aux Etats Unis ou ailleurs, c'est que vous n'êtes pas bon. En France, dans ce pays qui a tant d'atouts, on reste arcbouté sur nos blocages. Il y a un réel problème de modernité, de refus de mettre en question les situations acquises et nous sommes forcés de constater que c'est à l'AP qu'il est le plus fort. Sans doute du fait de sa très longue habitude d'être un Etat dans l'Etat, mais ceci ne l'excuse évidemment pas. Cette nomenklatura installée qui pèse 27 ou 28 milliards devra bien un jour où l'autre être remise en cause. Ce qui est certain c'est que nous ne les lâcherons pas. Je suis scandalisé qu'on oblige le petit hôpital de Wissembourg, qui est l'avant dernier de notre classement en matière de prothèses de hanche, à nous livrer ses données PMSI et que les CHU parisiens croient pouvoir s'en dispenser.

Il est tout aussi inacceptable de constater que depuis des mois la Sécurité sociale refuse de nous confier les données concernant les cliniques privées malgré une décision favorable de la Commission d'accès aux documents administratifs (CADA). Fort heureusement le nouveau Directeur de la CNAM, Gilles Johanet, nous a fait savoir que cette exception allait cesser et que nous pourrions désormais disposer de ces chiffres.

Mais le plus incroyable est que ces données concernant les cliniques n'ont pas été transmises aux DDASS et aux Agences Régionales de l'Hospitalisation. Ces institutions sont tout de même chargées de la réforme de l'hôpital !

De telles attitudes sont incompréhensibles pour des journalistes et tout simplement pour des citoyens.

7- Quelle a été la réaction du Ministère de la Santé ?

Bernard Kouchner, lors d'une interview radiophonique, s'est réjoui de cette transparence et s'est félicité de nous avoir transmis les données du PMSI. J'en suis quelque peu surpris car il nous a tout de même fallu huit mois et de nombreux recours pour en disposer.

8- Et celle du nouveau directeur de la CNAMTS (Caisse nationale d'assurance-maladie des travailleurs salariés) ?

Comme je le disais à l'instant Gilles Johanet semble avoir décidé de rompre avec la pratique du secret puisqu'il nous a promis les données concernant les cliniques privées que nous n'avons pas pu obtenir à ce jour. Je pense que sa connaissance de l'ensemble du système (il a déjà dirigé la CNAM pendant plusieurs années) lui a permis de comprendre que le premier acte d'une réforme est la discussion publique de la situation existante. Un tel débat, montrant où sont les forces et les faiblesses du système de soins, ce qu'il faut renforcer et ce qu'il faut supprimer, ne peut que le servir dans la tâche qui lui a été confiée.

Gilles Johanet est bien placé pour savoir qu'il est le "dernier homme". C'est évident. Ce système ne peut plus échapper à une refonte radicale, quelles que soient les oppositions. Et si on ne la réalise pas, c'est l'Europe qui nous y forcera, comme elle l'a déjà fait dans beaucoup d'autres domaines. Quant à la fausse querelle sur la concurrence ou la "privatisation" qui a ressurgi à l'occasion de la présentation du projet AXA notamment, elle m'amuse beaucoup : il y a longtemps que les mutuelles gèrent les remboursements au premier franc pour des centaines de milliers d'assurés sociaux et personne n'en a jamais conclu que cela allait aboutir au démembrement de la Sécurité Sociale.

9- Dans quelques jours vous allez publier non plus une enquête de votre mensuel mais un guide beaucoup plus détaillé. En quoi consiste-t-il ?

Le guide est très complet puisqu'il porte sur 23 interventions. Le fil conducteur c'est bien sûr la chirurgie. Nous sommes partis du principe que c'était là que le PMSI était le mieux renseigné, que de plus un bon hôpital doit disposer de bons services de chirurgie (une maternité, un service de médecine ne peuvent être performants, quelle que soit la qualité de leurs équipes, s'ils ne sont pas adossés à un bon service de chirurgie).

Nous recensons donc dans le guide les 227 hôpitaux qui apparaissent au moins une fois parmi les cinquante meilleurs pour l'une de ces 23 interventions, puis nous présentons une fiche pour chacun de ces 227 hôpitaux. Cela va du petit hôpital de proximité au grand CHU et nous donnons sur chacun d'eux de très nombreux renseignements : y a-t-il une garde d'anesthésie en permanence, quelles sont les statistiques d'activité de la médecine, de la chirurgie, de la maternité, le bloc est il aux normes ou pas, y a-t-il trop d'activité libérale, y a-t-il assez d'anesthésistes, etc…

C'est un énorme travail puisque ce guide fait pratiquement 600 pages. Mais ce qui est le plus important à souligner c'est que ce guide est à la portée de tout lecteur et non pas des seuls professionnels de santé. Ce que nous avons voulu faire c'est un outil au service des consommateurs de soins, donc du grand public.

10- Les pouvoirs publics disposent depuis de nombreux mois de l'ensemble des données que vous publiez dans vos numéros de Septembre et Octobre. Comment expliquer qu'ils ne les communiquent pas et qu'il faille attendre le travail de journalistes scientifiques pour que le grand public puisse en prendre connaissance ?

Les pouvoirs publics ne cessent de parler de transparence mais je crains qu'ils ne fassent jamais, en tout cas pas avant longtemps, ce travail. Leur culture est à mille lieux de cette transparence. Trop de chapelles, trop de baronnies, trop d'intérets entrecroisés qui favorisent l'opacité. Le pouvoir des élus locaux par exemple dans ce pays est terrifiant : 36000 communes, 500 000 élus… aucun pays en Europe ne fonctionne comme cela. Quand on voit le Maire de Pithiviers avec une écharpe tricolore devant son hôpital où tout de même quelqu'un est mort, on reste confondu ! Et quand on lit le rapport de l'IGAS sur cet hôpital, c'est encore plus stupéfiant.

Cette culture du secret, nous en avons eu des preuves tout au long de l'enquête : par exemple il y a trois jours nous avons demandé à la DRASS de l'Ile de France le nombre d'accouchements ayant eu lieu l'an dernier à l'Assistance Publique. Le responsable nous a rappelé en nous disant :"Il me faut l'autorisation de l'AP". J'ai dû appeler Dominique Coudreau (NdR : Directeur de l'Agence Régionale d'Hospitalisation de l'Ile de France) pour obtenir ces renseignements. Ce type de données devrait pouvoir être obtenu par quiconque en appuyant sur un bouton ! N'importe quel français devrait pouvoir aller voir sa Caisse régionale de Sécurité Sociale et demander : "Je dois me faire opérer de cela, est-ce qu'ils sont bons, quelles sont leurs statistiques ?" J'espère que nos enquêtes auront contribué à rapprocher le moment où cela sera possible. Quand ce jour viendra je peux vous garantir que la nécessaire réforme du système de santé français passera à la vitesse supérieure.

 



{reagissez} à cette interview.  

Retrouvez toutes les autres interviews.

10 septembre 1998

 

Toutes les interviews
de l'année 2002

Novembre 2002

Yannick Plétan Vice-président de la division médicale Pfizer France

Pr Pierre Bey Directeur de la section médicale de l’Institut Curie, Dominique Stoppa-Lyonnet chef du service de génétique oncologique à l’Institut Curie

Frédéric Allemand directeur de Genopole® Entreprises

Juillet 2002

Guy-Charles Fanneau de La Horie Biogen

Thierry Boccara PDG du Groupe OPTIUM

Jean Charlet
Ingénieur Chercheur Direction des systèmes d'information de l’AP-HP

Karine Didi
Directrice du réseau Océane

 Mars 2002

Jean de Charon
Président de Doctissimo
«Nous allons vivre une révolution de velours».

Max Ponseillé, Président de la Fédération de l'Hospitalisation Privée
«Nous étions confrontés à un problème de justice sociale ».

Odile Corbin
Directeur Général du SNITEM
«La France est encore loin du taux moyen d'équipement de certains pays européens ».

Israël Nisand
Chef du service de gynécologie obstétrique
CHU de Strasbourg
«Jurisprudence Perruche : " c'est à la solidarité nationale d'intervenir " ».

Pr Jacques Marescaux
Chef du service de chirurgie digestive et endocrinienne
CHU de Strasbourg
«La chirurgie passe de l'ère industrielle à l'ère de l'information».

Lawrence C. Mahan
Directeur du développement des biotechnologies
de l'Etat du Maryland
«Dans les biotechnologies, l'argent est nécessaire, mais ne fait pas tout».

Patrice Cristofini
Président de l'AFTIM
«La santé au travail ne doit pas se limiter à la visite médicale obligatoire et à la déclaration d'aptitude».

 

 

     
     
   
     
     
Copyright © Medcost 2003-Tous droits réservés.    
 
Dossiers
Plan du site
 
Références : Doctissimo I Caradisiac I Ados.fr I Momes.net I gnomz.com I fluctuat.net