Lawrence
C. Mahan
Directeur
du développement des biotechnologies
de l'Etat du Maryland
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Dans
les biotechnologies, l'argent est nécessaire,
mais ne fait pas tout.
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Propos
recueillis par Mathieu
Ozanam
8 mars
2002
Docteur
en physiologie et pharmacologie, Lawrence
C. Mahan est un scientifique américain, auteur de plus
d'une centaine d'articles scientifiques. Ses recherches au National
Institute of Health (NIH) ont porté sur les maladies mentales
et les désordres neurologiques pendant 16 ans. En 1998, il
fonde TherExcell, une société de biotechnologie qu'il
quitte en juin 2001 pour devenir directeur du développement
économique de l'Etat du Maryland. Son rôle est de convaincre
les sociétés de biotechnologie de s'implanter dans
l'Etat, de les soutenir et les aider à conclure des partenariats
stratégiques. Il était en décembre en France
pour présenter les atouts du Maryland.
Vous
êtes en France pour promouvoir l'Etat du Maryland, quels sont
les atouts dont vous disposez ?
Avec plus de
330 sociétés privées et laboratoires de recherches
fédéraux, le Maryland est aux Etats-Unis le 3ème
Etat en terme de concentration de sociétés de biotechnologie.
Le National Institutes of Health, la Food and Drug Administration
et le National Institute of Standards and Technology ont leur siège
dans notre Etat.
Si les fonds publics du Maryland
sont modestes, ils permettent aux jeunes sociétés
de démarrer leur activité. Notre système d'incubation
pour les biotechnologies est très efficace. Environ la moitié
des fonds sont utilisés à ces fins, l'autre moitié
s'adresse à des sociétés plus matures. J'ajoute
que depuis une dizaine d'années des bureaux et des laboratoires
ont été construits, souvent à proximité
des universités. Les transferts technologiques entre les
secteurs public et le privé sont très importants.
Pourquoi
venir en Europe pour promouvoir l'Etat du Maryland ?
Mes rencontres
avec des chefs d'entreprises français sont importantes. Outre
la présentation de notre environnement économique
et technologie, j'ai pu développer des contacts qui permettront
peut-être aux sociétés de biotechnologies implantées
au Maryland de trouver des partenariats avec des sociétés
françaises qui seront peut-être enclin à venir
s'installer chez nous un jour
Le
ministre français de l'Economie et des Finances, Laurent
Fabius, a dévoilé en octobre le Plan Biotech 2002
représentant un montant de 210 millions d'euros pour soutenir
promouvoir les investissements dans les biotechnologies. Qu'en pensez-vous ?
Je
pense que la France dispose d'un certain nombre d'arguments, même
si la compétition sera rude avec ses voisins, l'Allemagne
et le Royaume-Uni ayant pris un peu d'avance (lire
La France n°1 européen des biotechnologies en 2007).
D'après ce que je sais du plan, il s'agit d'une enveloppe
de 150 millions d'euros destinés à garantir des prêts
bancaires à long terme pour l'acquisition et investissement
en R&D et de la création d'un fonds d'amorçage
de 60 millions de francs. Mais dans le domaine des biotechnologies,
si l'argent est nécessaire, ce n'est pas suffisant.
L'autre composant important pour construire un secteur de biotechnologie
repose sur les transferts de technologies. Où que l'on soit
dans le monde, la plupart des innovations viennent des universités.
En effet lorsqu'une société s'investit dans un programme,
ses recherches sont très ciblées pour répondre
à l'engagement de résultats qu'elle a pris vis-à-vis
des investisseurs. Elle se borne en quelque sorte à son domaine
de recherche. En revanche les universitaires ont l'esprit beaucoup
plus libre et leurs recherches plus diverses. Mais tous n'ont pas
la fibre entrepreneuriale pour créer une société,
ou ne veulent pas quitter la recherche pure. Il faut donc faciliter
les transferts de technologies.
Que
pensez-vous de la décision prise en août 2001 par le
Président Bush de limiter les investissements publics américains
dans le domaine des cellules souches ? L'impact sur les recherches
sera-t-il important ?
Je
le pense car on connaît mal aujourd'hui les capacités
des lignées de cellules souches embryonnaires qui sont disponibles.
Nous avons besoin de plus de lignées pour poursuivre les
recherches. La principale conséquence du consensus a minima
du Président Georges Bush est de laisser le champs libre
aux sociétés privées. Les fonds alloués
sont moins importants, donc la recherche en sera ralentie. L'autre
résultat ce sont les dérives possibles dont Advanced
Cell Technology (ACT) qui a annoncé au début du mois
de décembre avoir réussi à cloner un embryon
humain à des fins thérapeutiques nous a donné
un avant-goût.
Je pense qu'un autre compromis était possible qui consistait
à permettre l'utilisation des zygotes (ovules fécondés)
des cliniques d'insémination artificielles in vitro qui ne
seront pas conservés dans un projet parental.
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8
mars 2002
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