Décembre 2000
Robert
LAUNOIS
Economiste de
la Santé
Directeur de l'IREME
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"Des
réseaux ‘Bisou’ se sont mis en place, c’est-à-dire
des réseaux confraternels dont la finalité est
d’approfondir les collaborations professionnelles."
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Propos
recueillis par Dominique
ETIENNE et Corinne
RADAL
21
novembre 2000
Suite et fin (2/2)
Qu’en est-il aujourd’hui du forfait annuel de santé ?
Le
montage financier qui constituait le cœur de ma proposition de 1985
est toujours à la base des différentes réflexions qui sont actuellement
menées sur l’évolution du système de santé.
Il
y a aujourd’hui encore une réflexion sur la création d’un forfait
annuel de santé, qui serait le même pour les différentes régions
et structures d’assurance publiques et privées, et qui pourrait
éventuellement être complété par des contributions directes des
régions, des compagnies d’assurances commerciales ou des régimes
d’assurance collective pour élargir le panier de consommation. On
pourrait également imaginer un système avec des allocations régionales
fonction des caractéristiques des ressortissants de ces régions.
De
la même manière, quand on va voir dans les années ou dans les mois
à venir une réflexion sur la mise en concurrence des régimes de
protection obligatoire, on retrouvera là aussi au cœur de la proposition
la même structure de bouclage financier : la Sécurité sociale
restera en place comme instrument de collecte de fonds, avec lesquels
on financera des forfaits annuels de santé, qui seront attribués
aux différents organismes mis en concurrence et dont la valeur pourra
changer en fonction des caractéristiques des patients pris en charge
(âge, sexe, pathologie lourde …).
Aucune
proposition concrète de forfait annuel de santé n’a encore vu le
jour et je pense que nous devons avoir la volonté d'y parvenir en
utilisant nos compétences techniques.
Que pensez-vous de l’évolution des pouvoirs des tutelles (et notamment
de l’Etat) sur l’organisation des soins quant à l’amélioration de
l’articulation ville-hôpital ? N’est-elle pas justement à contre-courant
du discours « réseaux » et « coordination » ?
Les
soins de proximité, je crois que c’est important. Il s’agit-là d’organisations
qui relève du Code de la Santé Publique. Ce sont des instruments
de restructuration hospitalière autour de l’ARH : « vous
avez un point ISA un peu haut, mais on ferme les yeux et on vous
donne le budget correspondant à condition que vous redéployiez un
peu votre activité, que vous fusionniez avec des établissements
ayant la même vocation que vous … »
On
peut s’interroger sur le partage actuel des responsabilités entre
les objectifs délégués sur la médecine de ville vers la CNAM et
tout le reste (le médicament, les établissements d’hospitalisation,
les réseaux qui sont dans leur dépendance…) qui se retrouve sous
la houlette de la Direction des Hôpitaux. Ce pouvoir bicéphale n’est
pas sain.
Sur le
plan comptable, c’est peut-être efficace car on a des entités plus
faciles à gérer au sein des enveloppes définies pour chacun de ces
trois grands sous-secteurs, avec une autorité unique responsable
de l’enveloppe. Mais cela compromet assez sérieusement les actions
de transversalité.
Je
ne suis pas pessimiste parce que les ARH ont bien conscience que
les réseaux ne peuvent être qu’à cheval entre la ville et l’hôpital.
Certaines ARH ont même, sur leur enveloppe régionale, bloqué des
sommes pour le financement de réseaux ou d’actions en réseau.
Je
pense qu’il y a un risque de perte de puissance pour la CNAM-TS.
La CNAM-TS et les autres régimes d’assurance maladie ont quand même
des moyens considérables pour structurer le milieu. C’est difficile
d’imaginer que le Ministère puisse avoir seulement les idées et
pas le financement, et que de l’autre côté on nie à la CNAM le droit
d’avoir des idées alors qu’elle a les moyens de les mettre en œuvre.
De
plus, si on se dit que les restructurations du système de soins
français se feront autour des hôpitaux (publics et privés), alors
les réseaux de prise en charge seront mis en place dans la mouvance
de ces structures. Comme ces réseaux ne pourront pas être exclusivement
hospitaliers mais devront pénétrer dans la médecine de ville, cela
veut dire que la médecine de ville se trouvera aspirée d’une manière
ou d’une autre dans la mouvance des établissements hospitaliers,
alors que depuis un siècle elle s’efforce d’en sortir et de combattre
cette influence.
On
aurait donc des effets inverses de ceux escomptés à la suite de
la mise en place des réseaux. Au lieu de vider les hôpitaux, le
dispositif réseau leur permettrait de pérenniser leurs parts de
marché.
Mon
site est conçu comme un portail scientifique. Il
est destiné aux médecins, aux pharmaciens, aux laboratoires, aux
caisses, aux chercheurs dans les domaines de l’économie de la santé,
la qualité de soins et la qualité de vie.
Il a un
petit nombre de lecteurs (clairement affiché d’ailleurs), mais je
pense qu’il répond véritablement à une des vocations de l’Internet
qui est de donner accès à l’information dont on a besoin.
Il est
organisé autour de 3 grandes idées :
1.
C’est un vecteur de publicité institutionnelle.
Nous
y publions tous les travaux que nous avons réalisés, ainsi qu’un
certain nombre de présentations faites dans des conférences.
2.
C’est un instrument de collecte de l’information.
Nous
proposons par exemple un
logiciel pédagogique d'initiation à l'analyse coût-efficacité,
traitant du cas du cancer colorectal métastatique. Ce logiciel,
très détaillé et très pédagogique, devrait permettre de constituer
une base des dépenses représentative au niveau national et international.
Nous
avons également lancé une étude sur les médicaments génériques,
avec un panel de 7500 professionnels de santé (médecins et pharmaciens).
Pour cela quatre vecteurs ont été utilisés : e-mail, Internet, fax
et enveloppes T. Nous rencontrons une grande participation à cette
étude.
Nous
proposons par ailleurs un
logiciel pédagogique d’initiation à la mesure des préférences des
patients (théorie des standard gambles), en collaboration avec
un scientifique de San Diego.
3.
C’est un portail scientifique.
On
a au niveau international un très bon portail scientifique. Les
liens sont classés par thèmes : réglementation, journaux médicaux,
sociétés savantes, recherche…. Nous avons notamment recensé des
organisations internationales comme Quintiles pour que les français
puissent voir ce que sont de gros programmes de recherche.
Il existe
en outre une catégorie ‘sites d’excellence’ (environ 10 sites).
PubMed en fait
partie, afin que tout le monde ait la possibilité d’aller voir si
quelqu’un a publié récemment et combien d‘articles il a publié.
Cela entretient de la concurrence dans le milieu et c’est très bon.
Ce
site est un outil de travail pour tous les professionnels intéressés
par la santé, des praticiens aux industriels.
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