Novembre 2000

3 nouvelles molécules par an
Une performance bientôt insuffisante
pour la R&D d’un laboratoire

François Morand

30 octobre 2000
suite et fin(2/2)

Solutions présentées, nouveaux modèles

Pour atteindre ces objectifs, il va être indispensable de mettre en place de nouveaux modèles dans la R&D. Ces modèles doivent tenir compte des améliorations et progrès à venir : la thérapie génique, les améliorations des techniques médicales, le développement des technologies de l’information, ou encore la meilleure information des professionnels et des patients.

Le développement de l’environnement électronique doit être au cœur de la mise en place de ces nouveaux modèles. C’est en effet à tous les niveaux que ces technologies peuvent intervenir :

. développement de la télémédecine et des réseaux de soins, permettant une meilleure interaction entre les professionnels de santé ;

. conception et simulation des essais cliniques par ordinateur, soit un gain de temps et de coûts sur les développements ;

. essais cliniques en ligne ;

. analyses épidémiologiques et évaluations économiques utilisant les bases de données constituées ;

. développement des e-pharmacies ;

. accès à la connaissance facilité à la fois pour les professionnels et pour le grand public (data warehouse, portails santé, bases de données dans tous les domaines …).

A titre d’exemple, le groupe pharmaceutique Bayer s’est associé à Lion Bioscience, spécialiste allemand de la biotechnologie, pour développer une plate-forme bio-informatique de CAO (conception assistée par ordinateur) de médicaments, dans le but de sélectionner et d’optimiser les candidats médicaments les plus prometteurs, rapidement et à moindre coût.

La stratégie à mettre en place est ainsi divisée en deux phases :

• industrialisation de l'identification des composés innovants ;

• développement du médicament faisant appel aux simulations réalisées par ordinateur et aux essais cliniques en ligne.

L’ensemble des intervenants semblent se rallier à cette perspective, comme le montre une enquête réalisée par Andersen Consulting, dans laquelle les chercheurs estiment que le développement d'Internet va avoir un impact considérable sur l'organisation de la recherche dans l'industrie pharmaceutique. Pour 80 % des responsables de l'industrie pharmaceutique, les technologies Internet induisent une réduction des délais de commercialisation des nouvelles molécules.

Le seul bémol provient bien évidemment de la sécurité incertaine des échanges qui peut engendrer des risques pour la confidentialité des données relevant de la propriété intellectuelle. En effet, l'adoption de nouvelles pratiques de travail utilisant intensivement les systèmes d'information suppose la mise en place d'une politique globale de prévention et de gestion des risques, notamment en matière de sécurité des accès et de protection de la confidentialité des données. Comme l'ont montré les récentes mésaventures de Microsoft (dont le réseau informatique a été piraté), aucune entreprise ne peut actuellement se prévaloir d'une protection fiable à 100 %.

Il ne faut cependant pas oublier que les stratégies de portefeuille ou le développement des biotechnologies sont également des axes forts de cette transformation, la stratégie marketing restant évidemment une composante importante de la R&D. Mais sans oublier ces domaines-là, les laboratoires pharmaceutiques vont devoir se tourner de plus en plus vers l’environnement électronique et les technologies de l’information s’ils veulent maintenir leur rentabilité.

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