32
. Comment pourrait se structurer
le marché des essais cliniques en ligne ?
L'évolution
du marché des essais cliniques est liée au développement de nouvelles
solutions techniques de saisie, de transfert et de traitement des
informations. Elle ns dépend également de la stratégie des différents
acteurs et de leur positionnement les upar rapport aux autres.
Une nouvelle dynamique se dessine autour du développement par les
laboratoires d'une gestion de l'information en interne et de l'agrégation
des différents métiers liés à l'informatique médicale.
Le marché des essais cliniques se restructure ainsi autour de deux
axes principaux : à larbitrage internalisation/externalisation
sajoute la problématique agrégation/fragmentation des métiers.
Lévolution
de la recherche pharmaceutique est également susceptible de bouleverser
les rôles respectifs de lensemble des acteurs aujourdhui
impliqués dans le marché des essais cliniques : certains choix stratégiques
simposent désormais quant aux types dessais ou détudes
réalisés. En effet, les besoins en panels de patients sont de plus
en plus importants. Or, cette nouvelle donne favorise les détenteurs
de panels.
1
- Laxe agregation/fragmentation
Nous envisageons
ici le contexte actuel, à savoir une tendance à lexternalisation
de la gestion des essais cliniques.
Apparition d'acteurs spécialisés (fragmentation)
Si la fonction
globale de gestion de l'essai par les CROs éclate en plusieurs sous-métiers,
le marché verra l'apparition de différents acteurs spécialisés (recrutement
de patients et de centres, production HTML, traitement statistique
des données
).
Nous sommes
donc dans une logique de fragmentation des métiers parallèlement
à la continuation du processus dexternalisation par les laboratoires.
Les CROs, pour faire face à cette situation, doivent se spécialiser
dans lun des métiers issus de la fragmentation de leur fonction
traditionnelle.
Apparition de Data Managers globaux (agrégation)
Si l'utilisation
accrue de l'Internet mène à une gestion intégralement en ligne des
essais cliniques, les partenaires privilégiés des laboratoires deviennent
les Data Managers (Cegedim, Reuters,
reutershealth).
Ces nouveaux acteurs, qui maîtrisent l'ensemble des solutions informatiques,
à savoir la source du recueil des informations et du recrutement
des patients, proposent des bouquets de services intégrant la coordination
des soins ou la FMC en ligne. Ils permettent linstauration
de stratégies de recueil industriel de l'information,
soutenues par des solutions techniques globales et intégrées de
recueil et de traitement des données (depuis le dossier d'AMM jusqu'à
la FMC). Ce cas de figure correspond à une agrégation des métiers
liés à la gestion de l'information.
Plusieurs
rapprochements récents entre des laboratoires pharmaceutiques et
des prestataires informatiques illustrent le développement de ce
marché où la connaissance des systèmes d'informations et des données
médicales garantit la maîtrise de l'ensemble des processus de gestion
de l'information. Ces nouvelles structures apparaissent comme des
acteurs incontournables sur un marché des essais cliniques qui verrait
l'affirmation des Data Managers.
Ainsi,
la société Healthpoint
est née d'un joint-venture entre Glaxo
Wellcome et PCN
(Physician Computer Network).
Parallèlement,
IBM et Novartis
se sont alliés en septembre 1997 pour donner naissance à ITpro,
société chargée de la gestion de l'ensemble des systèmes d'information
des bureaux de Novartis à Bâle. ITpro devrait supporter le développement
de solutions intégrant des architectures client-serveur, Lotus Notes
et SAP. IBM a déjà mis en place sur le site Novartis
de Bâle son système de gestion des essais cliniques en ligne ClinWare.
Au terme d'un contrat de sept ans, l'intégralité d'ITpro passera
sous le contrôle d'IBM après une période de transition.
Ce type
de structure pourrait remettre en cause la place des CROs. Dans
le cadre de la globalisation des métiers de gestion de l'information,
ils deviennent des sous-traitants des Data Managers ou des Data
Managers globaux. Il pose également la question de la maîtrise,
par le laboratoire, de son système d'information dans le cadre d'une
infogérance du type de celle d'IBM avec Novartis. L'industrie peut-elle
conserver la maîtrise de ses essais cliniques en ligne en profitant,
grâce à une alliance plus ou moins forte, des compétences de prestataires
informatiques spécialisés ?
La solution
pourrait venir d'une redéfinition et d'un élargissement du rôle
de la Direction Informatique des laboratoires. Les DSIT (Direction
des Services Informatiques et des Télécommunications) pourraient
ainsi travailler davantage dans une optique de maître d'ouvrage
global et orienter leur service vers des fonctions de conseil et
d'audit, laissant la partie de développement informatique pur à
leurs partenaires informatiques externes.
2.
Les types détudes privilégiées
Les demandes
des agences gouvernementales en termes de types détudes et
leurs exigences en matière de support pour la soumission des dossiers
ne sont pas sans conséquences sur lorganisation des systèmes
dinformation des laboratoires. Deux cas de figures peuvent
être envisagés.
Prépondérance des phases III
Si les
essais de phase III restent la priorité des laboratoires, les enjeux
se situeront essentiellement dans lanalyse des données recueillies.
Les acteurs proposant des services poussés dans le domaine du traitement
statistique des informations devraient acquérir une place prépondérante
sur le marché des essais cliniques.
Parmi eux SAS, qui réussit aujourdhui à sadapter aux
technologies Internet en développant de nouvelles fonctionnalités
(interfaçage avec le logiciel SAP, solution SAS/IntrNet permettant
lexploitation de données SAS directement sur le Web).
Besoin de panels élargis
De nos
jours, les découvertes de nouvelles molécules se font plus rares
malgré lessor du génie génétique. Les innovations concernent
principalement la découverte dindications thérapeutiques,
jusque là insoupçonnées, pour des molécules souvent anciennes. Sur
ce marché de niches, les études de phase IV, de type Post
Market Survey et de pharmaco-vigilance devraient se multiplier.
Les détenteurs de panels deviendront les partenaires privilégiés
des laboratoires. Ces études reposent en effet sur le recrutement
d'un nombre très large de patients et de centres investigateurs.
Aussi les principaux acteurs du marché seront ceux qui maîtriseront
les panels déjà constitués et les outils de recrutement, et pourront
ainsi proposer des panels parfaitement adaptés aux besoins de telle
ou telle étude.
La diminution
des coûts de coordination entre les gestionnaires dessais
et les investigateurs, découlant de l'utilisation des outils Internet,
pourrait modifier la logique de marché existant entre les deux acteurs.
Pour chaque étude, les détenteurs de panels pourraient réaliser
des appels d'offre. Les médecins investigateurs intéressés y répondraient
au cas par cas.
Une autre
forme de relation entre les gestionnaires de l'essai et les investigateurs
est également envisageable. Les détenteurs de panels peuvent en
effet établir un lien à plus long terme avec les praticiens en leur
proposant des services particuliers (31).
La Cegedim dote ainsi des médecins de postes informatiques. Ces
derniers lui fournissent en retour des données médicales directement
exploitables (panel Thales).
La réalisation
de ces différents scénarios dépend de la rapidité d'adaptation des
laboratoires aux nouvelles technologies de l'information et dun
ensemble de facteurs techniques difficilement prévisibles. Elle
dépend aussi des efforts de l'industrie pharmaceutique consentis
en termes de recherche et développement. En effet, une innovation
insuffisante et un ralentissement dans le développement de nouvelles
molécules ralentiraient le nombre d'essais de phase III au profit
des études de phase IV et médico-économiques, et de leurs principaux
acteurs, les Data Managers, détenteurs de panels.
|