L'expérience
Groupama Partenaires Santé : des pistes de réflexion
pour le système de soins
Hervé
Nabarette
26
février 2003
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Les résultats
Le bilan qualitatif
de l'expérimentation peut s'apprécier au regard du
niveau de satisfaction exprimée par les différents
acteurs impliqués. Qu'il s'agisse du tiers payant, des actions
de prévention ou de l'amélioration du dialogue avec
leurs médecins, l'expérimentation rallie 95 % de
suffrages positifs parmi les assurés. Chez les médecins
aussi l'appréciation est favorable, puisque les trois-quarts
d'entre eux souhaitent poursuivre dans cette voie.
Pour mesurer
l'impact de l'expérimentation en termes de dépenses
de santé, un critère objectif, l'estimation des coûts
induits par les généralistes (honoraires et prescription)
a été choisi. Les données de coût ont
été fournies par la Mutualité Sociale Agricole.
L'évaluation menée par Robert Launois a comparé
ces coûts à ceux d'une population rurale semblable.
Ainsi, dans les Pyrénées Atlantiques, entre 1999 et
2000, alors que les dépenses de santé de cette population
augmentaient de 14 % , celles des assurés Groupama
Partenaires Santé diminuaient de 2,8 % . Les Groupes
de Progrès ont donc permis de maîtriser les dépenses
générées sans nuire à la qualité
des soins.
Les enseignements
Il semble que
l'on puisse tirer des enseignements ou au moins des pistes de réflexion
de cette expérimentation.
1- Un assureur
peut mener à bien un projet de partenariat avec des offreurs
de soins, surtout si ce projet ne contient pas trop de dimensions
de "contrôle" ou de contraintes liées au
système d'information. On a pu parler de "réseaux
bisou" à propos de ces organisations qui reposaient
principalement sur les rencontres entre professionnels.
2- Comme on
l'observe aussi dans les HMO américains, l'amélioration
des pratiques cliniques ne s'est semble-t-il pas limitée
aux seuls assurés adhérant à l'expérimentation,
mais a bénéficié à l'ensemble de la
patientèle. Le changement de pratique du médecin est
global.
3- L'incitation
des professionnels n'est pas a priori financière. La participation
à l'ensemble des réunions était rémunérée
à hauteur de 784 euros sur une durée de plus de 2
ans. La recherche de qualité semble avoir été
une incitation en soi. Par ailleurs, les animateurs servaient de
"support" aux praticiens pour le compte desquels ils pouvaient
rechercher des informations de nature scientifique, juridique
4- La forme
prise par ces réunions apparaît intéressante
au regard de la nécessité et de la difficulté
à diffuser les résultats de l'Evidence Based Medicine.
Lorsqu'ils fonctionnent, les groupes deviennent de véritables
lieux d'échanges d'expérience, de concertation et
de réflexion. Ils peuvent se pencher sur des problématiques
locales. Si on met de côté les aspects propres à
l'expérimentation (promoteur assurantiel, évaluation
ex post), cette méthode présente certaines différences
avec la FMC classique : les médecins choisissent pleinement
leurs sujets de travail, ils peuvent adapter dans une certaine mesure
les référentiels, ils disposent d'un support informationnel
(animateur du groupe).
5- La "maîtrise médicalisée" pourrait
trouver là un vecteur opérationnel efficace. Si la
valeur des lettres clés (consultation, visite
) est
suffisante, les médecins font moins de séances de
soins et peuvent consacrer un peu de temps aux groupes de progrès,
ce qui se traduit par de meilleures pratiques et des dépenses
induites moindres. On peut aussi concevoir une rémunération
forfaitaire dédiée, comme dans l'expérimentation.
6- La pérennisation
et la généralisation de ce type de formules impliquent
de nombreuses conditions : recrutement d'animateurs de qualité,
investissement de l'assurance maladie
Comme on le voit, un
grand nombre de ces questions sont celles que pose la FMC classique.
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février 2003
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