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Cédric
Tournay
22
février 1999
Suite 2
Dune
logique dintégration verticale à la recherche de nouveaux
services
Nouveaux
actionnaires, nouveaux objectifs
Fin
janvier, Eli Lilly
annonçait quil cédait sa filiale PCS à la chaîne de pharmacies
américaine Rite
Aid. Le désengagement de Lilly était attendu depuis 98, année
au cours de laquelle le laboratoire a dû remettre près de douze
milliards de francs dans PCS pour couvrir ses dettes, dégradant
dautant ses propres résultats. La décision dEli Lilly
tient notamment à labsence de synergies avec PCS. Ce dernier
est un PBM spécialisé dans la gestion des ordonnances et, contrairement
à DHS, disposait de peu de services à valeur ajoutée comme la gestion
de formulaires
pharmaceutiques ou lorganisation de programmes de disease
management. [Lire
le communiqué de presse]
Début février, Smithkline
Beecham décidait à son tour de se séparer de sa filiale PBM, Diversified
Pharmaceutical Services (DPS). Lacheteur est le principal
PBM indépendant, Express
Scripts. Il acquiert DPS pour 3,5 milliards de francs et devient
le troisième PBM, avec 47 millions de clients aux Etats-Unis. Le
groupe dispose maintenant dune très large gamme de services
pharmaceutiques et apparaît comme un intermédiaire puissant dans
la délivrance du médicament. De la gestion électronique des ordonnances
et des remboursements en passant par les centres dappel (mail
order) et lorganisation de programmes de disease management,
il maîtrise en effet tous les métiers du médicament situés en aval
des producteurs. Toutefois, DHS Europe ne fait pas partie de la
transaction et continuera donc de développer des services pharmaceutiques
en tant que filiale de Smithkline Beecham. [Lire
le communiqué de presse]
Parmi les laboratoires
internationaux, seul Merck continue donc de posséder une filiale
dédiée à la gestion de services pharmaceutiques. Il est vrai que
Medco, le PBM de Merck, présente des résultats satisfaisants et
négocie efficacement les tournants stratégiques et les évolutions
technologiques. Medco apporte ainsi ses services à 53 millions dAméricains
et dispense 300 millions de prescriptions chaque année. Merck a
réussi son pari puisque Medco a augmenté de 50% la part des produits
Merck quil distribue. Il est donc tentant de penser que les
stratégies dintégration vers laval des laboratoires
ne sont pas systématiquement vouées à léchec. Pourtant, le
succès de ces stratégies est lui-même porteur de risques. En effet,
la Federal Trade Commission s'est longtemps interessé aux
relations entre Merck et Medco, soupçonnées de troubler le jeu concurrentiel
entre laboratoires. [Lire
les conclusion de la FTC publiées en août 1998]
La FTC, plus généralement,
a toujours considéré avec méfiance lalliance des laboratoires
et des PBM. Si les procédures engagées contre Merck-Medco furent
les plus médiatiques, Eli Lilly fut également mis sur la sellette
à cause de ses relations avec PCS. Face aux dilemmes stratégiques
et aux réticences des pouvoirs publics, le désengagement actuel
des laboratoires semble logique. [Lire
le communiqué de la FTC du 10 mai 95 sur lintégration verticale
du marché pharmaceutique]
Les chaînes de pharmacie,
pour leur part, ont montré quelques résistances face aux PBM qui
tentaient de leur imposer des règles de fonctionnement contraignantes
(marge trop faible notamment). Lévolution du marché du médicament
aux Etats-Unis pourraient dailleurs si la tendance
actuelle se poursuit renforcer considérablement le pouvoir
des chaînes au détriment des PBM et des laboratoires pharmaceutiques,
contraints daccepter des conditions de vente très défavorables
pour être référencés dans les chaînes les plus importantes du pays.
Les conflits de positionnement et de partage de valeur ajoutée sur
la chaîne de distribution pharmaceutique aboutiraient alors à une
situation inverse de celle observée aujourdhui. Certains épisodes
récents montrent que ce scénario ne relève pas de la science-fiction.
En mai 97, la FTC a condamné la chaîne de pharmacie CVS
pour pratiques anti-concurrentielles. La FTC est intervenu dans
le rachat du groupe de pharmacies Revco par CVS en considérant quun
tel regroupement risquait de donner à la nouvelle entité un quasi
monopole dans certaines régions. La FTC a obligé CVS à revendre
120 pharmacies pour maintenir dans ces zones une juste concurrence.
Sans cela, CVS aurait pu de dicter sa loi aux industriels du médicament
et aux PBM. Recentrés sur leur cur de métier, les laboratoires
pharmaceutiques sont désormais appelés à redéfinir leur stratégie
par rapport à leurs interlocuteurs situés en aval de la chaîne pharmaceutique.
[Lire
le communiqué de la FTC concernant laffaire CVS/Revco]
Suite
et fin de l'article
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