Les
prothèses internes :
vers des prix et des conditions de sécurité mieux maîtrisés
Hervé
NABARETTE
[suite]
Les
évolutions réglementaires sur les tarifs et la sécurité
Les
prothèses internes étaient initialement prises en charge par lAssurance
Maladie pour les montants facturés par les fabricants ou les intermédiaires
aux cliniques. Depuis le début des années 1990, afin de contenir
laugmentation rapide de ce poste de dépenses, les pouvoirs
publics ont progressivement créé des tarifs de remboursement opposables
inscrits au titre III du tarif interministériel des prestations
sanitaires (TIPS). Ce tarif fixe des limites supérieures de prise
en charge par la sécurité sociale du prix des composants par catégorie.
Il
a été également recherché une plus grande sécurité des prothèses
internes :
- pour vérifier la sécurité technique
(conformité de la prothèse à certaines spécifications), des procédures
dhomologation, de cahiers des charges et de marquage CE
ont été progressivement mises en oeuvre ;
- les conditions dune plus grande
sécurité médicale ont également été définies pour certaines prothèses
particulières (implants osseux et prothèses contenant des éléments
dorigine animale ou humaine) ;
- enfin, la sécurité postérieurement
à limplantation a été améliorée par la matério-vigilance.
La
tarification savère une source déconomies considérables
Les
comités départementaux dexamen des comptes de la sécurité
sociale (CODEC) ont analysé la portée de léconomie réalisée
par la sécurité sociale avec la tarification au TIPS des prothèses
internes. A cette fin, ils ont contrôlé dans les caisses primaires
dAssurance Maladie du régime général les factures des prothèses
internes orthopédiques dun quart des cliniques privées ayant
une activité chirurgicale, entre le deuxième semestre 1993 et la
fin de lannée 1995.
Lenquête
a par exemple révélé que les prix moyens des prothèses du genou,
des ligaments artificiels autres que ceux du rachis et des prothèses
du rachis (et donc les montants à la charge de la sécurité sociale)
ont été divisés par deux. Léconomie pour la sécurité sociale
liée à la tarification peut être estimée à un montant compris entre
200 millions de Francs et 250 millions de Francs par an pour les
prothèses de genou, entre 50 millions de Francs et 60 millions de
Francs pour les ligaments et les prothèses du rachis.
La
mise en oeuvre des définitions tarifaires et des procédures
de sécurité a nécessité des délais importants
Les
prothèses internes sont un exemple caractéristique de la difficulté
pour les pouvoirs publics de garantir la sécurité des biens médicaux
et de maîtriser lévolution de leurs coûts.
Malgré
une conscience aiguë de laugmentation rapide du coût des prothèses
internes, la mise en oeuvre des tarifs a nécessité des délais importants
(deux-trois ans le plus souvent). En effet, la mise au point de
la tarification exige que les nombreuses administrations participant
à la procédure saccordent, que le tarif soit accepté par lAssurance
Maladie et par les industriels, que la DGCCRF enquête sur les marges
des industriels et que les ministres donnent leur accord à larrêté.
Compte tenu de léconomie que permet la tarification par rapport
au remboursement sur factures, le coût pour la sécurité sociale
des délais administratifs a pu être estimé à un milliard de francs
(hypothèse plancher).
Lapplication
de procédures de sécurité a priori (homologation, marquage
CE) et a posteriori (matério-vigilance), techniques
(dont lobjet est la fiabilité) et médicales (dont lobjet
est linnocuité) a été progressive et nest efficace que
depuis peu dannées.
La
nécessaire évolution du mode de détermination des tarifs
A
long terme, il sera nécessaire de poursuivre la maîtrise des coûts
de ce poste sans remettre en cause la qualité des soins.
- A cette fin, il conviendrait tout
dabord pour la Cour de mettre en oeuvre une capacité dexpertise
du progrès technique, qui garantisse une introduction rapide des
innovations nécessaires et qui définisse et actualise les indications
médicales. Le rapport Hannoun préconisait à cet égard la création
dune agence spéciale du génie bio-médical.
- Ensuite, lévolution des tarifs
du TIPS devrait être la conséquence de la loi de loffre
et de la demande des différentes catégories de prothèses, ce qui
suppose une actualisation régulière des tarifs par référence à
lévolution des prix hospitaliers (les hôpitaux sont soumis
au budget global et cherchent à bénéficier du meilleur rapport
qualité-prix) et des prix internationaux.
- Enfin, les volumes vendus devraient
être mieux connus par lapplication du codage aux prothèses
dentaires. Cette dernière mesure permettrait seule de savoir combien
de prothèses sont posées et de quoi elles sont composées, danalyser
les causes de laugmentation des coûts et de prendre éventuellement
des mesures adaptées.
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