Réseaux
de soins :
quel rôle pour les infirmières ?
Laurent
ALEXANDRE
Octobre
1996
Des
projets de filières de soins ou de réseaux de soins coordonnés sont
aujourd'hui en cours d'élaboration. Ces expérimentations, prévues
par l'ordonnance relative à la maîtrise médicalisée des dépenses
de soins, préfigurent ce que devrait être l'organisation des soins
dans 10 ans. Dans ce cadre, le rôle des infirmières doit être redéfini.
Leur implication dans les réseaux de soins est indispensable pour
permettre aux médecins de se concentrer sur des tâches à haute valeur
ajoutée médicale. Cette réorganisation permettra daméliorer
le service apporté au patient.
Les infirmières
pourraient - après une formation adaptée - assumer des fonctions
nouvelles dans le cadre de réseaux ou de filières de soins. Elles
pourraient d'abord participer à la gestion des systèmes d'information.
Cela constituerait une évolution naturelle des activités administratives
quelles assument aujourd'hui. L'informatisation des médecins,
Sésame Vitale et la notion de coopération elle-même
impliquent en effet le déploiement d'architectures informationnelles
complexes. Les infirmières pourront assumer la gestion des bases
documentaires, des échanges entre praticiens (imagerie médicale
par exemple) et des dossiers patients informatisés si leur culture
informatique progresse.
Les réseaux
de soins et les programmes dapproche globale de la maladie
pourraient consacrer d'autre part un enrichissement des tâches médicales
assumées par les infirmières. La prévention, la formation du patient,
l'accompagnement psychologique et la prise en charge de la douleur
sont des dimensions dont l'importance croît. Les infirmières peuvent
assister au quotidien les praticiens dans ces tâches.
Les programmes
de prise en charge globale de la maladie mis en place dans plusieurs
pays de lOCDE constituent un exemple pour les promoteurs des
expériences annoncées. Ils montrent que la coordination des soins
et le suivi des patients peuvent, au jour le jour, être assurés
par les infirmières. Cette approche consacre le passage dune
médecine fondée sur un enchaînement dépisodes thérapeutiques
à une médecine fondée sur un accompagnement quotidien des patients.
Dans la
perspective des filières et des réseaux, enfin, l'enjeu majeur réside
dans la gestion de l'interface ville-hôpital. Les infirmières, par
leur polyvalence, peuvent favoriser la collaboration des praticiens.
Ainsi les infirmières sont les alliées objectives des médecins dans
la redéfinition du système de santé.
Cette réorganisation
des rôles permet aux médecins déconomiser un temps précieux
pour leur formation continue. En outre, les praticiens peuvent se
consacrer plus activement à leurs patients. Laccroissement
des compétences et des responsabilités des infirmières profite donc
à l'ensemble des acteurs médicaux. Cette évolution optimise le fonctionnement
du système de soins et sert, in fine, les patients.
La
disparition de la médecine libérale traditionnelle
Lexercice
de la médecine à titre individuel tend à disparaître aux Etats-Unis.
La très grande majorité des praticiens exercent aujourdhui
dans le cadre du " managed care " (HMO, PBM,
Disease management...). Cette évolution implique, entre autre, une
coopération accrue entre praticiens et infirmières. Les "call-centers"
(centres d'assistance téléphonique) américains sont par exemple
animés par des infirmières. Elles suivent les patients et veillent
au respect des mesures prescrites par des médecins : régime
alimentaire, programme sportif, arrêt du tabac dans le cas de patients
dyslipidémiques par exemple.
Le contraste
avec la France est frappant. Aujourdhui, il existe, dans les
grands pays de lOCDE, des infirmières diplômées du MBA de
Harvard ou Docteur en informatique de Wharton. Leur qualification
leur permet d'assumer des missions essentielles dans la coordination
des soins et le recueil dinformations médicales.
Réagissez
à cet article
Retrouvez tous
les dossiers en Economie de la Santé.
|