Les
entreprises de biotechnologie
Pierre
Tambourin
une stratégie publique :
le capital-risque dans les sciences de la vie :
le Génopôle
19
février 2001
Suite
(2/3)
La biologie, une science d’intérêt
stratégique
La
biologie a beaucoup évolué depuis trente ans. Pierre Tambourin relève
trois révolutions majeures au cours de ces trente dernières années.
Dans les
années 60-70, la biologie devient une science explicative. C’est
la découverte du fonctionnement du matériel génomique.
Dans les
années 70-80, elle devient une science d’intérêt stratégique, et
est utilisée à des fins industrielles. Les milieux industriels et
financiers se mobilisent. Ils sont très nombreux (industries agroalimentaires,
pharmaceutiques, environnement, chimiques, papier, textiles, informatiques,…),
c’est la naissance des start-up de biochimie et de l’intérêt
pluridisciplinaire. Grâce au génie génétique, on peut fabriquer
des substances impossibles à synthétiser par voie chimique ou biochimique
.
Dans les
années 90, la biologie devient une activité industrielle. Elle répond
à des critères de qualité, de fiabilité, de rapidité et de productivité.
La biologie se fait à grande échelle et devient une science pluridisciplinaire.
L’informatique est devenu un outil incontournable, qui permet de
garder en mémoire toutes les molécules synthétisées. On s’achemine
vers le séquençage du génome humain.
L’intérêt stratégique des sociétés de biotechnologie
pour la recherche publique
Le caractère
stratégique des entreprises de biotechnologie pour l’industrie pharmaceutique
profite à la recherche publique. Leur développement concourt à renforcer
le dispositif de recherche du pays, et génère de nouveaux emplois
qualifiés, notamment pour les docteurs et les ingénieurs.
Les sociétés
de biotechnologie, parce qu’elles sont le lieu d’externalisation
de la recherche des grands groupes industriels, font l’objet de
contrats importants. Elles drainent ainsi des capitaux jusqu’alors
absents de la biologie.
Généralement
créées par des universitaires et financé par le capital risque,
les sociétés de biotechnologie assainissent les rapports entre le
monde de la recherche et les grandes entreprises.
Panorama de l’industrie mondiale de biotechnologie
en 1998
gg
|
Etats
unis
|
Europe
|
France
|
Nombre
d’entreprises
|
1283
|
1178
|
140
|
Salariés
|
153000
|
46000
|
5000
|
Chiffre
d’affaires (millions d’euros)
|
15
800
|
3
700
|
300
|
Dépenses
de R&D (millions d’euros)
|
8
400
|
2
300
|
200
|
Résultat
net (millions d’euros)
|
4
300
|
2100
|
200
|
Le génopôle
Le
génopôle a été créé grâce à l’AFM (Association Française de Myopathie)
et grâce aux dons récoltés par le téléthon. Il prend en compte à
la fois l’évolution la pluridisciplinarité et l’intérêt stratégique
de la biologie. Il réunit sur son campus universitaire et de recherche
plusieurs disciplines et dispose notamment d’un pôle informatique
qui permet aux chercheurs de faire de la biologie à grande échelle.
Le
génopôle, c’est aussi une structure de valorisation dont l’ambition
est d’aider les chercheurs à créer leur entreprise. Les moyens dont
il dispose sont une pépinière d’entreprise, un centre de ressource,
et un fonds de pré-amorçage d’un capital de 7,9 millions de francs.
Les chercheurs bénéficient ainsi de capitaux d’amorçage pour créer
leur entreprise (200 à 300 000 francs), de compétences managériales,
et peuvent de cette façon continuer leur recherche dans un cadre
de développement entrepreneurial. Le matériel, fourni par le génopôle,
est payé par la start-up en amortissements sur plusieurs années.
Depuis
deux ans et demi, 37 entreprises ont été créées, l’objectif du génopôle
est de regrouper à plus ou moins long terme 30 laboratoires de recherche
et 60 à 80 entreprises. Le génopôle montre, que loin de leur image
d’Epinal, lorsque leurs préoccupations sont prises en compte ces
derniers, les chercheurs n’hésitent pas à créer leur propre entreprise.
Suite
et fin, Philippe de Taxis du Poët (3/3)
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