Y
a-t-il une pensée unique
en médecine ?
Laurent
ALEXANDRE
1er
octobre 1996
Pour paraphraser
Alain Minc, bouc-émissaire des marchands de rêves : ce nest
pas la pensée qui est unique, cest la réalité qui est incontournable.
Les contraintes macro-économiques empêchent, en dehors des périodes
de démagogie électorale, de proposer un relâchement de la politique
de rigueur. Les marchands de rêves profitent de linquiétude
des professionnels et du désarroi de la population.
Fondamentalement,
le succès des attaques contre la " pensée unique "
provient de la méconnaissance profonde de la situation économique
par lopinion. La croissance est structurellement médiocre
en France, non pas à cause du traité de Maastricht mais du fait
dune assez mauvaise spécialisation économique au moment
où la compétition internationale redouble de violence. Les industries
du 21ème siècle se construisent loin de chez nous, dans la zone
Asie-pacifique. Internet sera dans les années qui viennent la principale
source mondiale de croissance, de richesse et demplois : notre
pays est en train de rater cette révolution. Les ressources disponibles
pour l'Etat providence ne pourront plus exploser comme par le passé.
Si la contrainte
économique est réelle, il reste une marge de manoeuvre. Toutefois,
les choix à effectuer portent sur lutilisation des fonds et
non sur le niveau des dépenses. En matière de santé publique, la
définition dune stratégie courageuse ne nécessite pas dargent
supplémentaire ; elle requiert un courage politique. De même,
lamélioration de la coordination des soins peut se faire en
redéployant des moyens de lhôpital vers la ville.
Dépenser
plus nest ni possible ni nécessaire. Le débat doit aujourdhui
porter sur la réorganisation du système de santé. Cest là
quapparaissent les tabous. La critique de la pensée unique,
en médecine comme ailleurs, sert seulement à occulter les vrais
débats en focalisant lattention sur le niveau des dépenses,
problème secondaire. Le véritable enjeu est de trouver la force
de dépasser les corporatismes pour moderniser lhôpital et
promouvoir les meilleures filières de soins ambulatoires.
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1er
octobre 1996
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